Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.10.2021 - marie-meunier - 4 min  - vu 1496 fois

FAIT DU JOUR À Bagnols, l'association Riposte écrit un nouveau chapitre de son histoire

En 2024 idéalement, Riposte partira de la rue Juiverie pour s'installer avenue du Bordelet dans sa nouvelle structure. Le contrat de vente sera signé mi-octobre.
Jean-Luc Cortial est directeur de Riposte depuis 2018. (Marie Meunier / Objectif Gard)

C'est en 1995 que Riposte (Réseau inter-professionnel d'ouverture sociale et territoriale) a fait son apparition dans le paysage associatif bagnolais. Depuis, le réseau s'est davantage structuré et figure désormais comme un établissement médico-social incontournable du Gard rhodanien. Là, Riposte amorce un grand tournant dans son histoire en acquérant une parcelle avenue du Bordelet où elle installera tous ses équipements.

À l'origine, l'association a été créée par une poignée de médecins généralistes bagnolais qui souhaitaient répondre aux problématiques sociales, à un besoin identifié dans la société : celui de l'accès aux droits au logement pour les publics qui ont des addictions soignées. Ils ont mené ce travail en articulation avec le milieu hospitalier car à l'époque, il n'existait pas de dispositifs comme il y a aujourd'hui. "L'idée, c'était que ces publics aient un toit au-dessus de la tête et qu'on baisse le risque de transmission de maladie en leur faisant adopter les bons gestes", explique l'actuel directeur, Jean-Luc Cortial.

En 2013, l'association ouvre son CAARUD (Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues), dans lequel, aujourd'hui, quatre salariés travaillent. La logique du centre n'est pas que les gens arrêtent de consommer mais plutôt qu'ils prennent le moins de risques possibles (matériel stérilisé, seringues non-contaminées...). Il y a aussi tout un travail d'écoute, d'accès aux droits : "On a une population qui a souvent besoin de se mettre à jour", indique le directeur.

Avant le CAARUD, en 2009, une pension de famille pouvant accueillir douze résidents avait été créée. Des personnes en grande précarité, qui ne sont pas en capacité de vivre seules suite à un accident de vie mais qui conservent tout de même une certaine autonomie. Plus de la moitié sont des hommes seuls de plus de 50 ans, qui profitent d'animations sur place.

8 000 passages par an à Riposte

2009 c'est également l'année de mise en place de l'établissement médico-social de prévention spécialisée. Il s'adresse aux jeunes âgés entre 12 et 25 ans pour leur éviter de tomber dans la marginalisation : "Notre mission, c'est d'anticiper le décrochage. L'adhésion est libre et l'anonymat respecté." Deux professionnels mènent un important travail de rue pour détecter ces jeunes et ensuite les "conduire vers des solutions, les amener à les trouver." Certains adolescents des Escanaux d'au moins 14 ans participent même à des chantiers loisirs, dans le cadre de la politique de la Ville financée par le Département. Un outil prétexte pour faire de l'éducation.

Du côté du pôle social, Riposte dispose aussi d'un accueil de jour "pour ceux qui ont envie de prendre un café ou plus". Les champs d'action sont donc multiples. En 2019, toutes activités comprises, plus de 8 000 passages ont été enregistrés.

L'association met à disposition 32 places en hébergement d'urgence à Bagnols et alentours, dont 11 pour les femmes victimes de violences conjugales. "Les activités de Riposte consistent toujours à "accompagner" ou à "conduire vers" sur un temps plus ou moins long. L'un des grands points communs, c'est le non-jugement de la situation et le respect de la dignité de chacun", assure le directeur. Et d'ajouter : "C'est un lieu de passage où on apporte quelque chose dans l'écoute et la compréhension."

Un lieu d'accueil trop à l'étroit rue Juiverie

Une maxime essentielle auprès de ces publics fragilisés et encore plus malmenés depuis la crise sanitaire : "Le covid a eu deux impacts : l'émergence d'une plus grande violence entre eux et la problématique de la santé mentale." L'autre pilier de Riposte, c'est la logique de réseau, de partenariats : "On ne fait pas à la place des autres, on ne se substitue pas à l'hôpital ou au psychologue. On est un lieu où on apporte des réponses, où on oriente."

Riposte a également mis en place un Point écoute santé, grâce au financement du Département, où les personnes en réinsertion professionnelle sont freinées par un problème de santé. L'idée étant de trouver un moyen de surmonter si possible l'obstacle.

Vous l'aurez compris, Riposte s'est énormément développée au fil des années. Elle est passé de 5 à 25 salariés en dix ans et dirige trois établissements. Sauf que son actuel siège sur trois étages, rue de la Juiverie à Bagnols/Cèze n'est pas à la hauteur de cet essor. Que ce soit les publics accueillis ou les salariés, tout le monde se trouve bien à l'étroit entre ses murs. "Cela fait plusieurs années que l'on cherche un lieu à réhabiliter et à investir pour permettre l'accueil de nos publics dans de bonnes conditions", situe le directeur.

Une mise en route dans un nouveau lieu idéalement en 2024

Finalement, en 2019, une propriété de 3 000m2 est trouvée, à l'extérieur du centre de Bagnols. Un bâtiment déjà existant sera rénové pour le CAARUD et deux extensions seront érigées. "On va pouvoir y construire la nouvelle pension de famille avec 25 places, contre 12 aujourd'hui (en partenariat avec le bailleur Logis Cévenols, ndlr). On fera deux entrées avec une grande cour au milieu. On aura enfin un extérieur, ce qui apportera davantage de convivialité", décrit-il.

Et en même temps, avec tout cet espace, les différents publics pourront bien être séparés et les salariés pourront travailler dans des conditions correctes. Le contrat de vente sera signé mi-octobre avec l'actuel propriétaire. L'association se lance dans cette nouvelle aventure bien épaulée par l'Agglo et la Ville qui supportent des garanties d'emprunt.

Au total, le projet s'élève à 1,3-1,4 million d'euros. Une partie sera financée grâce au premier appel à projets du Plan de Relance (200 000 €), un autre pan par le Département (220 000 €). L'association attend la deuxième salve du Plan de Relance, spécifiquement dans le projet de modernisation d'accueil de jour. L'Agence régionale de santé a prévu une subvention à 46 000 € également. "On suit comme ligne de mire une mise en service idéalement en 2024 avec début des travaux en 2022", lance Jean-Luc Cortial. Reste à espérer que l'envolée des prix des matières premières ne vienne pas perturber le calendrier et saler la note. Mais déjà, Riposte écrit un nouveau chapitre de son histoire au service des autres.

Marie Meunier 

Marie Meunier

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