Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 13.12.2021 - anthony-maurin - 6 min  - vu 993 fois

GARD Le monde de Jamy revient en Camargue

La nature est magnifique (Photo Archives Anthony Maurin). - Anthony MAURIN

Jamy fait une parade nuptiale avec un flamant rose... (Capture d’écran)

L'excellente émission Le monde de Jamy est de retour dans le Gard, mais aussi sur les écrans de France 3 ce 15 décembre à 21h05. Le thème du jour ? Animaux, une affaire de famille. Tournée en partie en Camargue, entre Pont de Gau et les salins d'Aigues-Mortes, l'émission parle des flamants roses. Interview.

Ce mercredi soir, Jamy va en partie parler des flamants roses, les "Casanova des animaux". Durant l'émission, on apprend tout un tas de choses sur cet animal iconique, bizarre, aussi charmeur que filiforme. Jamy évoque ces 20 000 flamants qui viennent à Pont de Gau chaque hiver et apprend au téléspectateur à différencier d'un coup d'oeil le mâle de la femelle.

Objectif Gard : Comment se passe votre fin d'année ?

Jamy Gourmaud : Plutôt bien. 2021 fut une année active avec l'arrivée de la quotidienne de l'émission C Jamy sur France 5, Le monde de Jamy qui continue son petit bonhomme de chemin et mon activité qui prend de l'ampleur sur Youtube et Internet.

Vous êtes connu pour être parmi les plus grands et meilleurs vulgarisateurs. Comment l'expliquez-vous ?

C'est réjouissant mais je ne fais pas mon métier pour satisfaire une forme d'ego, je ne suis qu'un journaliste passeur et j'essaie de faire ce métier du mieux que je le peux en faisant partager l'épanouissement que j'éprouve personnellement.

Pensiez-vous, à la création de C'est pas sorcier, que cela vous amènerait à être encore présent 20 ans plus tard ?

Sûrement pas ! Au début on espérait, avec Frédéric Courant et Bernard Gonner, que ça allait durer deux ou trois saisons. J'avais 30 ans, j'étais habitué à passer de la télé à la radio ou à la presse écrite, mais je n'imaginais pas tout ça ! Je ne pensais même pas que j'allais consacrer mon activité à la transmission de connaissances scientifiques. Je n'imaginais pas non plus les nouveaux supports sur lesquels je pourrais m'exprimer. Mais on pressentait tout de même l'arrivée d'Internet, on avait une manière de s'exprimer, de faire les choses qui collait avec ces changements.

Le monde de Jamy aborde en partie les flamants roses, leur vie et les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres. On vous voit mouiller la chemise et vous maquiller avec un flamant virtuel ou encore exécuter très élégamment la parade nuptiale en compagnie d'un autre oiseau...

On a toujours cherché à trouver les moyens les plus expressifs pour expliquer un phénomène. Si je me prête à ces jeux, c'est pour que cela soit visuel ! Ça séduit le public, ça le fait rire ou sourire et c'est le meilleur support pour illustrer une parade nuptiale. Le but du jeu est de trouver le meilleur support pour que le public comprenne ce qu'est une parade nuptiale de flamant rose. C'et narratif, ludique et artistique !

À titre personnel et après avoir traité autant du sujets, vous apprenez encore ? 

Bien sûr ! Pour les flamants, nous avons tourné les parades nuptiales fin janvier début février et je vous assure que c'est très impressionnant. Il y avait 20 000 flamants, sauvages, qui, à quelques mètres de nous, paradaient les uns devant les autres sans que nous les gênions. Nous étions au coeur de la vie sauvage bien que le parc ornithologique de Pont de Gau est fréquenté par les humains qui cohabitent parfaitement. Je ne l'avais jamais vu ! La parade est quelque chose de merveilleux, ces figures sont d'une régularité hypnotisante... Et en même temps on s'interroge, on se demande pourquoi parfois deux individus sortent du groupe, s'appairent. Ce qui m'a surpris, c'est aussi leur comportement. Mâle et femelle se choisissent et on pourrait croire qu'ils s'accouplent immédiatement mais pas du tout ! Ils peuvent passer plusieurs semaines, voire des mois ensemble sans qu'il y ait reproduction. C'est merveilleux, ils ne se quittent plus d'une plume, c'est émouvant.

À Aigues-Mortes, au coeur des Salins, vous nous embarquez à quelques encablures d'un îlot qui fait office de crèche à toute une colonie. Là, contrairement à Pont du Gau, l'Homme est proscrit...

C'est pour cette raison que nous faisons très attention quand nous tournons. Nous étions accompagnés par un des meilleurs experts mondiaux des flamants, Franck Cézilly. L'approche est délicate, elle se fait dans le calme, sans drone évidemment. On a fait le choix d'observer aux jumelles, de filmer au téléobjectif pour ne pas déranger ces oisillons incapables de voler. Nous ne voulons pas perturber le quotidien de ces animaux car si c'est le cas on perd la colonie.

Bien qu'iconique cet animal est finalement méconnu...

C'est un oiseau dont le comportement surprend, étonne. Il n'est pas migrateur, c'est un nomade. Il séjourne dans le sud de la France en hiver mais il peut ne pas revenir à l'automne suivant. Les opérations de baguage permettent de mieux comprendre les flamants roses et leur manière de fonctionner. Je peux vous promettre que cette parade nuptiale était inconnue pour moi alors que j'avais déjà fait des sujets sur les flamants roses. J'ai été surpris par le partenariat qui existe entre mâle et femelle jusqu'à ce que le petit soit en mesure de voler de ses propres ailes. Le partage des tâches est très équitable !

Les Gardois aussi pourront donc apprendre des choses ?

Évidemment ! Vous voyez souvent des flamants mais les regardez-vous réellement attentivement ? C'est beau, mais leur seule beauté ne suffit pas. Il faut gratter et comprendre comment ils fonctionnent et nous essayons de vous en dire le plus possible.

(Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

En 2021 on vous a vu à trois reprises dans le Gard, à Générac, à Fourques et à Aigues-Mortes. Pourquoi ?

On fait de la "connaiscience". Je peux m'émouvoir d'énormément de choses. Ce que j'ai vu avec les flamants ne m'a ni plus ni moins ému que ce que j'ai compris sur la crue du Rhône de 2003 ou sur les incendies de Générac. Quand j'essaie de comprendre ces phénomènes, cela génère chez moi un réel épanouissement. Chaque fois que je découvre un sujet et que je trouve des réponses aux questions que je me pose, je suis heureux. Peu importe le sujet ! Les émotions sont différentes, mais toutes égales. En fait, dès que vous voyez quelque chose à l'antenne, c'est que ça a suscité en moi l'envie de partager des connaissances.

Vous êtes un curieux contemplatif qui transmet sa joie de se poser des questions ?

Un peu oui, c'est ma première motivation ! Quand je m'intéresse à un sujet, que je le creuse, je découvre toujours quelque chose. Je ne suis pas un expert et je me retrouve confronté à eux, ils m'apprennent des choses. Cet émerveillement que je ressens, quand c'est le cas, me donne l'envie de transmettre au plus grand nombre ce que je viens d'apprendre moi-même. Je pense que très souvent on ne pose pas assez de questions. On part d'un a-priori, on pense qu'un sujet ne nous intéressera pas. Ne vous dites jamais qu'un sujet ne vous intéressera pas. Grattez un peu et vous verrez que vous vous poserez des questions. Vous trouverez peut-être des réponses. C'est en vous intéressant à un sujet que l'on peut se passionner pour lui alors qu'au départ on ne le voulait pas. Cette démarche peut être très enrichissante. Ça demande un petit effort, il faut entretenir sa curiosité !

Que nous préparent Jamy Gourmaud et sa tribu pour les prochaines semaines ?

On poursuit C Jamy tous les jours sur France 5 à 17h. Il y aura aussi deux nouveaux Monde de Jamy en cours d'écriture ou de tournage. On parlera du recul de notre littoral en allant du coté de l'étang de Thau. On parlera aussi d'alimentation et de son impact sur notre santé ainsi que sur l'environnement. On va aussi évoquer le goût et essayer de comprendre le rôle qu'il peut avoir chez nous au quotidien. Enfin, nous ferons une émissions sur le cerveau pour essayer de comprendre comment il fonctionne et peut parfois nous jouer des tours... J'allais oublier, nous allons aussi parler du biomimétisme, mais aussi de la police scientifique : on a du pain sur la planche !

N'est-ce finalement pas un luxe très récent de pouvoir s'épanouir de nos connaissances ?

Oui. En remontant ne serait-ce que d'un siècle en arrière... Je vous parle du sud de la France, j'ai des images qui se construisent dans ma mémoire, je peux visualiser ce que je vous dis quand on parle des flamants roses ou d'Aigues-Mortes. On peut, aujourd'hui, se déplacer, voir les choses partout à travers le monde. Le commun des mortels était, avant, dans l'incapacité totale de conceptualiser ces propos. Quand j'ai commencé à faire ce métier, il n'y avait que cinq chaines de télévision. La diffusion du savoir et les supports étaient beaucoup moins nombreux... On a une chance inouïe d'avoir accès à des connaissances et de pouvoir trouver des réponses aux questions que nous nous posons. Je suis bien dans mon époque, mais je ne dis pas que ces supports sont tous sans failles. Il faut apprendre à faire le tri et à vérifier l'information plutôt deux fois qu'une. Je fais moi aussi parfois des erreurs car je n'ai pas la science infuse, je fais le maximum...

Un dernier mot ?

J'ai envie de souhaiter qu'en 2022 le public continue de s'intéresser à la science, non pas pour créer des générations de chercheurs, mais pour qu'il comprenne bien que la science fait partie des éléments nécessaires de notre culture générale. Nous devons bien comprendre le monde dans lequel nous vivons et la manière dont il évolue. Prenez du plaisir à apprendre.

Anthony Maurin

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