Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 29.12.2021 - anthony-maurin - 6 min  - vu 1990 fois

NÎMES Claudia Nicolas, anecdotes et vérités d'une thaumaturge (2/6)

La tombe de Claudia Nicolas (Photo Archives Anthony Maurin).

La tombe de Claudia Nicolas (Photo archives Anthony Maurin).

Deuxième épisode sur la guérisseuse Claudia Nicolas (2/6). Cette Nîmoise rayonnait à travers la région, était connue et reconnue, et a laissé derrière elle le souvenir d'une femme aux dons incroyables.

Quand on va au cimetière du Pont de Justice, on est surpris par une tombe, celle de Claudia Nicolas. Sur le médaillon qui orne la stèle, on y découvre l'image d'une femme pas comme les autres. Un regard perçant, un visage robuste et rond, un corps puissant et gaillard, des habits noirs et une énorme croix chrétienne apposée sur le cœur.

D'elle, on se souvient de ses miracles, petits ou grands. "Elle m'a dit un jour que ce n'était pas elle qui agissait, mais que le Bon Dieu lui parlait, et qu'elle, elle transmettait. C'était cocasse parce qu'elle parlait uniquement en patois. Elle était plus que rustique, mais pour moi il y avait Dieu, Jésus, la Sainte Vierge, et elle juste après, avoue sa nièce Jacqueline. Elle ne touchait pas. Elle ne donnait pas de médicament, hormis une tisane de thym, de laurier ou d'huile d'olive. Je ne peux pas tout raconter..."

"Mais parfois elle avait ses limites et cela voulait dire que la personne allait décéder rapidement après sa consultation. Sa franchise faisait mal, elle ne s'en rendait peut-être pas compte, d'ailleurs", poursuit sa parente. À ce sujet, le livre "Les Meilleurs guérisseurs de France" de Pierre Neuville, raconte que des parents lui ont amené leur fillette de trois ans car elle souffrait d'un abcès à la joue. Aussitôt, Claudia Nicolas leur a demandé qui était l'assassin qui l'avait opérée. Un assassin ? Oui... Hélas, c'était un médecin dermatologue qui s'était trompé dans l'exercice de sa profession et qui avait, par ce geste, provoqué un cancer. Claudia Nicolas ajouta que la petite allait mourir bientôt car Dieu ne lui parlait plus. Alors, la seule chose qu'elle pouvait faire pour la fillette était qu'elle parte sans douleur, et malheureusement, la petite est morte 48 heures après, comme prévu...

Claudia Nicolas dans sa jeunesse (Photo archives familiales).

Si Jacqueline ne peut pas tout dire sans risquer de passer pour folle, elle peut nous parler de sa propre expérience avec sa tante. "Je peux témoigner personnellement d'un autre fait. Mon mari a consulté ma tante à propos de son papa malade. Elle lui a directement répondu que son papa allait mourir, que ça se passerait le mardi qui suivait à 5h du matin et qu'il y aurait de l'eau partout. C'est arrivé comme elle l'avait dit. On peut aisément comprendre que pour mon mari le choc de la vérité a été dur à assimiler, d'autant plus qu'il était athée et cartésien. Mais il a compris et accepté. Certaines choses ne s'inventent pas..."

L'argent des uns ne fait pas toujours le bonheur des autres. La guérisseuse en avait beaucoup grâce à des dons venus de ses "patients". "Lors de ses consultations, elle ne demandait jamais rien, jamais. Mais il y avait un vase, une sorte d'urne où les gens pouvaient y mettre ce qu'ils voulaient. Elle avait beaucoup, énormément de liquide, mais on aurait dit que l'argent la brûlait. Elle le rendait à Dieu, ce n'était pas un commerce. Elle a eu une vie agitée mais j'ai encore un exemple. Un jour, un homme dont elle avait soigné la femme, vint la voir pour qu'elle guérisse sa vache. Ma tante s'est baissée, elle a pris une poignée de billets qui étaient dans l'urne et la donna au paysan en lui disant d'aller s'acheter une nouvelle vache. Certains de ses patients ne venaient la voir que pour maintenir le contact, juste pour la fascination", Affirme Jacqueline.

Une thaumaturge très généreuse

Dans son appartement de l'Avenue Feuchères, là même où elle consultait tous les lundis à Nîmes, la décoration était spéciale. Claudia Nicolas était elle-même un peu particulière mais tout le monde s'accommodait de ses différences. "Si seulement je retrouvais dans ma mémoire tout ce qu'elle m'a dit... Je suis chargée de quelque chose. J'ai vécu des choses que je ne peux raconter. Des évènements surréalistes, irrationnels. Si je me mets à tout raconter, on va dire que je perds la tête. Les gens sont méchants et ils se moqueraient... Certains disaient qu'elle était cartomancienne, c’est évidemment faux !"

Claudia Nicolas (Photo archives Anthony Maurin).

Jacqueline se souvient malgré tout de quelques détails, des instantanés, des bribes de vie, des remarques et des réflexions. "Sur toutes les cheminées il y avait des statues de la Sainte Vierge, de Jeanne d'Arc, de Saint Michel...  Un vrai musée ! Elle disait que tout lui venait de Dieu et de la Sainte Vierge. Ma tante a gagné des millions et des millions et elle est morte sans le sou. Elle a tout redonné, aux curés, aux orphelinats, aux monastères... Elle a même fait monter l'eau à l'abbaye de Saint Michel de Frigolet. On pouvait la prendre pour une sorcière mais elle a tant apporté, que, pour ces gens, c'était une bonne dame. Ils la croyaient car elle parlait tout le temps de Dieu mais elle n'avait pas le temps de pratiquer. Physiquement, elle était exténuée. Le lundi à Nîmes elle commençait à 7h, elle se mettait debout et appuyée sur le chambranle de sa porte, et ça n'arrêtait pas jusqu'à 23h, sans boire ni manger.  Et les autres jours de la semaine elle allait à Sète, à Montpellier, à Béziers, à Carpentras, Arles, Avignon... où des propriétaires d'hôtels lui octroyaient gratuitement une chambre afin qu'elle puisse exercer. Elle est morte jeune d'épuisement. Elle ne mangeait pas de la journée mais le soir elle dévorait comme un ogre ! Elle pouvait manger un saucisson entier, une soupe avec du vin... C'était un être exceptionnel car elle a soigné, guéri, et donné la vie à des gens donnés morts par la médecine officielle. C'est inexplicable, je ne veux pas qu'on la juge mal."

Un barbu avec bras en moins

"On parle de ma tante dans trois livres. Dans "Guérisseur" de Louis Royère aux éditions Sully. On raconte qu'après le procès intenté par des médecins d'Avignon (nous y reviendrons, NDLR), et qu'elle gagna sous les ovations du public, lesdits médecins la mirent au défi de guérir une fillette aveugle de naissance. Cette enfant avait consulté les meilleurs spécialistes, des experts. La famille était allée à Lourdes et avait fait tout ce qu'elle pouvait. Puis la petite fut amenée à ma tante. Elle la garda quelques heures auprès d'elle, et quand elle est sortie, elle voyait. Je n'étais pas là, mais ça ne m'étonne pas ! Imaginez ce que les parents ont pu penser à ce moment-là..."

La tombe Claudia Nicolas (Photo Archives Anthony Maurin).

Autre souvenir, plus marquant encore. En y repensant Jacqueline est émue aux larmes. Une émotion que l'on ne peut feindre. "Je ne veux pas salir sa mémoire et je ne veux pas que les gens la jugent trop hâtivement, c'était vraiment une thaumaturge. Ma tante était une faiseuse de miracles. Je vais vous en citer un car j'étais là quand ça s'est passé, et ce fut l'une de ses manifestations les plus extraordinaires, même s'il y en a beaucoup. C'était un lundi, je n'étais pas vieille. C'était l'époque de Diên Biên Phu. Une dame arrive en pleurs et dit qu'elle n'a plus de nouvelles de son fils parti à la guerre. Ma tante lui a répondu : Demain tu iras à la gare à 16h et tu verras ton fils avec un bras en moins et une barbe hirsute. Tu ne le reconnaîtras pas mais il viendra à ta rencontre. Imaginez un peu, ma tante, pour cette dame, c'était Dieu, car tout s'est passé comme elle l'avait prédit."

Jacqueline avait des centaines et des centaines de lettres, des remerciements qu'elle a perdus dans une inondation. "C'est peut-être mieux ainsi car c'était peut-être trop, on aurait pu la traiter de diabolique ! Il y avait des lettres de médecins qui étaient même allés à Lourdes ou à Fatima, mais qui aboutissaient toujours chez ma tante... J'en avais des valises pleines."

Et Jacqueline se souvient encore : "J'avais un anthrax à la tête. Alors ma tante a demandé à ma cousine Maria de vider l'anthrax et de "coudre le trou". Ma cousine Maria, inquiète, a dit à la tante qu'elle n'était que couturière... Et la tante lui a répondu : Prends une aiguille et du fil et n'aie pas peur, je suis là. Et effectivement tout s'est très bien passé, je n'ai rien senti." (À suivre)

Anthony Maurin

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