Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 30.12.2021 - anthony-maurin - 3 min  - vu 5020 fois

NÎMES Claudia Nicolas, la femme derrière la légendaire guérisseuse (3/6)

Claudia NIcolas (Photo Archives familiales).

Claudia Nicolas (Photo archives Anthony Maurin).

Troisième épisode de la vie d'une femme pas comme les autres (3/6). Claudia Nicolas, guérisseuse reconnue en son temps, femme atypique tutoyant tout le monde, humaniste aux multiples facettes.

Claudia avait participé à la Première Guerre mondiale en tant qu'infirmière sur le front. La famille avait une photo de ce temps-là, où de nombreuses infirmières, dont la tante, posaient avec voile blanc et croix rouge, l'uniforme de l'époque. Claudia Nicolas n'en parlait pas mais elle a dû, là aussi, sauver certaines vies ou en soulager d'autres.

Jacqueline, sa nièce, connait sa généalogie et sa vie. C'est elle qui a vécu le plus longtemps à ses côtés pendant les années 1940 et jusqu'à sa mort, en 1956. "Elle était née à Aujac mais elle a grandi à Bernis. Elle avait les yeux d'un vert intense et quand elle plantait son regard dans le vôtre, il était difficile d'y échapper ! Son style ? Ni homme ni femme. Pour moi, c'est une déesse. Elle a accompli des miracles devant moi et les témoignages du cimetière en sont l'écho". En effet, Claudia Nicolas est enterrée au cimetière du Pont de Justice et sa tombe fait encore partie de celles les plus visitées et ornées, 65 ans après.

La tombe de Claudia Nicolas (Photo archives Anthony Maurin).

"Elle a habité à Bernis, à Castelnau-le-Lez, mais aussi une très belle villa à la Tour Magne, ainsi que dans une sorte de château sur la route d'Arles et dans le petit appartement, un quasi-taudis, de l'avenue Feuchères, là où elle est décédée, détaille sa nièce. Mais cet appartement était central et pour les gens qui venaient la voir c'était plus pratique. Elle n'a jamais recherché la notoriété. En définitive, elle avait deux dons : le don de la voyance et le don de la guérison. Elle voyait ce qui s'était produit dans le passé mais aussi si ses patients allaient mourir, et tout cela, elle le dédramatisait naturellement. "Une vie à part, convenons-en, dans une France qui ne laissait alors pas beaucoup de place aux représentantes du sexe féminin.

Une femme libre... et libérée par le pape

Claudia Nicolas, sous ses airs de monolithe, ne s'embarrassait pas du protocole. Ce que les gens pensaient d'elle, elle s'en fichait. "Elle parlait français mais surtout patois. Elle tutoyait tout le monde, même l'évêque ! Bon, il faut dire qu'il aimait bien ma tante car elle lui donnait beaucoup d'argent." Claudia Nicolas a même, contre toute attente, connu l'amour. Brièvement en tout cas. Mais pour l'aspect romantique on repassera. "Elle a été mariée alors qu'elle avait une vingtaine d'années. Pas longtemps, 15 jours. Elle avait des relations très importantes. Grâce à l'évêque de Nîmes, elle a obtenu une dispense papale (par le pape Pie XII, NDLR). J'avais l'original de l'annulation de ce mariage dans les papiers qui ont disparu à cause de l'inondation. Je vois encore la photo de Pie XII, les enluminures, le texte en latin, le sceau du Pape et le petit cordon... On doit pouvoir la retrouver aux archives du Vatican car la liste des dispenses papales ne doit pas être bien longue."

Peu de Gardois ont obtenu une telle marque de reconnaissance par un pape. Mais Claudia était protéiforme. "Elle avait pour passions la chasse et la pêche. Elle faisait beaucoup de promenades à cheval et elle conduisait plutôt bien car elle a été la première femme à remporter la course automobile du Ventoux. Elle pouvait aussi bien s'offrir un week-end à l'hôtel Negresco quand ma sœur le lui demandait, que jouer aux boules avec qui voulait ! Elle avait une très forte personnalité. Parfois on aurait dit un homme plutôt qu'une femme. Son allure était très spéciale et elle exerçait une sorte de fascination auprès de tout le monde."

Anthony Maurin

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