Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.01.2022 - anthony-maurin - 3 min  - vu 1365 fois

GARD L'ancienne église Saint-André de Belvézet révèle ses secrets

Fouille d’une des sépultures à inhumation en cercueil (Photo Adeline Barbe Inrap).

L'église Saint-André de Belvézet (Photo Adeline Barbe).

Occupée de la fin de l’Antiquité tardive jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’ancienne église Saint-André fait l’objet d’un projet de réhabilitation et de mise en valeur par la commune de Belvézet. Dans le cadre de ces travaux, une fouille archéologique préventive et un suivi de travaux ont été dirigés sur plusieurs secteurs intérieurs et extérieurs de l’église.

C'est l'Institut national de recherches archéologiques préventives qui est à la manoeuvre et Adeline Barbe a pris la responsabilité scientifique de ces découvertes. Bien que d’origine romane, les premières mentions de l’église Saint-André n’interviennent qu’à partir du milieu du XIIe siècle puis à la fin du XIVe siècle. À la période romane est associée principalement l’abside semi-circulaire.

Le diagnostic archéologique réalisé en 2017 par l'Inrap, a permis de mettre en évidence un possible plan en croix latine, avec une nef unique et un transept (nef transversale) débordant. Au XIIIe siècle, ce plan est agrandi par la construction d’un clocher, puis la nef de l’église est élargie. Ces aménagements interviennent avant la fin du XVIIe siècle, date à laquelle l’église est dotée d’une travée supplémentaire vers l’ouest dont les décors en faux appareil sont similaires à ceux du palais épiscopal d’Uzès, terminé en 1674.

Le chœur en cours de fouille. Les décors bleus de l’abside sont attribués au XVIIe siècle. L’ensemble des enduits peints de l’église sont en cours de restauration (Photo Inrap).

L’édifice est désacralisé au XIXe siècle puis vendu. Au milieu du XXe siècle, le bâtiment est consacré à un usage agricole. Son aménagement intérieur est modifié par la création de cuves à vin (1938 , 1939 et 1960) et l’installation d’un pressoir.

Un occupation funéraire dès l'Antiquité tardive

En 2015, a été signalée la découverte fortuite de sépultures en bâtière de tegulae et imbrex, soit des tombes aménagée de tuiles plates disposées de manière à former une petite toiture, à l’est de l’église. La mise en œuvre des sépultures les rapprochent des VIe-VIIIe siècles.

Vue des maçonneries du chevet pré-roman et des fondations de l’autel primitif (Photo Adeline Barbe Inrap)

Cet automne, une troisième sépulture a été découverte dans le même secteur, confirmant le rôle funéraire de cette partie du village dès la fin de l’Antiquité ou le premier Moyen-Âge.  Cette tombe à inhumation possède des caractéristiques architecturales similaires aux deux premières, avec l’emploi de tuiles plates à rebord jointées par des tuiles canal. L’étude en laboratoire des ossements prélevés lors de la fouille, permettra d’affiner la datation de cette tombe et selon les résultats des analyses, de toutes les associer à l’occupation du premier sanctuaire.

Une église carolingienne et un cimetière paroissial

Sur la base des résultats du diagnostic archéologique, une fouille partielle du chœur a été souhaitée par la commune et prescrite par le Service régional de l’archéologie d’Occitanie avec comme objectif la mise en valeur in situ des vestiges. L’intervention a permis de poursuivre le dégagement de l’emprise du chevet plat de l’édifice originel. Les fondations de l’autel primitif, associées à deux niveaux de sol, ont été également dégagées. La découverte en 2017 d’un fragment de table d’autel a permis de situer la construction du bâtiment primitif autour des VIIe-VIIIe siècles. Le sanctuaire est ensuite récupéré par l’église romane qui l’enchâsse.

Vue d’une succession de trois sépultures et d’un amas d’ossements, dont la plus ancienne est contenue dans un coffrage de dalles de pierre (Photo Adeline Barbe Inrap).

Quatre sépultures à inhumation ont été également mises au jour contre le parement extérieur du mur du chevet. La datation par radiocarbone d’une de ces tombes est envisagée afin d’apporter des éléments de chronologie sur l’organisation spatiale du secteur funéraire.

L’opération a également concerné l’ensemble de la calade (chaussée pavée de galets) qui recouvrait à l’époque moderne le parvis de l’église. Le sol, contemporain de la façade actuelle a été dégagé sur environ 60 m². Il était bordé d’un mur de terrasse dont la première assise a été observée. La calade scellait des sépultures dont l’emprise des tombes est marquée par des affaissements réguliers des pierres du sol. Par la suite, la calade fut recouverte de remblais successifs jusqu’à l’époque contemporaine.

Les travaux d’assainissement du bâtiment ont nécessité le suivi archéologique de la pose d’un drain le long du mur gouttereau de l’église. À cette occasion, plus d’une vingtaine de tombes installées durant au moins quatre phases chronologiques successives ont été décelées, attestant la présence du cimetière paroissial sous la rue actuelle. Les inhumations, pour certaines fortement perturbées, en coffre de dalles de pierre ou en cercueil, témoignent d’une utilisation de ce cimetière du milieu du Moyen-Âge jusqu’à la fin de l’époque moderne. L’étude des sépultures ainsi que des datations par radiocarbone sont en cours pour préciser l’organisation du cimetière ainsi que la chronologie des tombes.

Anthony Maurin

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