Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 19.01.2022 - philippe-gavillet-de-peney - 2 min  - vu 964 fois

ÉDITORIAL Zemmour veut sa part de ghetto

Lors de la venue d'Éric Zemmour à Nîmes en octobre 2021 (Photo: Boris Boutet)

(Photo via MaxPPP) • IP3 PRESS/MAXPPP

Ça va mal et ça dure ! En baisse dans les sondages concernant les intentions de vote pour la prochaine Présidentielle, le désormais candidat Éric Zemmour n'affiche pas une forme olympique, c'est le moins qu'on puisse dire. Et hormis auprès la frange dure de ses partisans inconditionnels et qui le resteront, le polémiste d'extrême-Droite ne devrait pas susciter beaucoup d'enthousiasme ces prochaines semaines. Condamné ce lundi à 10 000 euros d’amende pour provocation à la haine raciale pour avoir qualifié les migrants mineurs isolés de ''voleurs'', d’''assassins'', de ''violeurs'', en septembre 2020 sur la chaîne de télévision CNews, - il a annoncé vouloir interjeter appel -, le polémiste-essayiste s'est aventuré vendredi sur le terrain particulièrement sensible du handicap des enfants (*). En déplacement dans le Nord, avec la délicatesse et la finesse d'esprit qui le caractérise, le leader de Reconquête ! a dérapé en mettant les pieds dans le plat. Après avoir déjà soutenu l'idée d'une réforme complète de l'Éducation nationale (avec retour du port des blouses et tout le décorum des années 40 mais, heureusement, sans l'obligation d'entonner le "Maréchal nous voilà !), ce père de trois enfants a fustigé "l'obsession de l'inclusion" des enfants en situation de handicap et plaidé pour le recours aux établissements spécialisés dans leur prise en charge. "Je pense que l'obsession de l'inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là, qui sont, les pauvres, complètement dépassés par les autres enfants", a-t-il argué. Au-delà de l'insulte faite à ces enfants et le mépris affiché envers des milliers de parents, de soignants, d'éducateurs et d'enseignants, le candidat Zemmour livre une vision tristement eugéniste de la société à laquelle il aspire. Après avoir fait comprendre qu'il serait bon de renvoyer des mineurs en danger on ne sait où, voilà maintenant qu'il souhaite ghettoïser des gamins dont le contact avec leurs congénères est la seule porte ouverte à leur inclusion dans une société déjà pas forcément exemplaire en la matière, même si les choses évoluent dans le bon sens depuis quelques années. En prenant cette position intenable, Éric Zemmour s'est attiré les foudres de Damien Abad, le chef de file des députés Les Républicains, lui-même atteint d'une rare maladie congénitale handicapante, de la secrétaire d'État chargée du Handicap, Sophie Cluzel, scandalisée, et même de la patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a jugé "impardonnable" de "s'attaquer aux enfants fragilisés par un handicap". Désormais officiellement en couple avec sa conseillère Sarah Knafo qui est enceinte, Éric Zemmour doit croiser les doigts pour que la future parturiente n'accouche pas d'un enfant handicapé. Et à celui qui pense qu'il est "urgent de chasser l’idéologie des tribunaux" et veut sa part de ghetto on répondrait volontiers qu'il faudrait surtout la chasser de notre démocratie et des esprits malsains.

Philippe GAVILLET de PENEY

* Actuellement, 384 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés dans des établissements classiques, en augmentation de 20% par rapport à 2017, et 80 000 enfants et adolescents sont accueillis dans les instituts médico-éducatifs (IME) spécialisés.

Philippe Gavillet de Peney

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