Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 03.03.2022 - stephanie-marin - 4 min  - vu 5019 fois

FAIT DU JOUR Marzok Mohamed, le joli souvenir d'une grande figure du Mas de Mingue

Rheda, un des enfants de Marzok Mohamed, entouré des anciens collègues et amis de son père. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard) - Romain CURA

Marzok Mohamed a succombé à un cancer des poumons le 22 février 2022. Il était âgé de 67 ans. Il avait vécu et oeuvré pendant une quarantaine d'années pour le quartier du Mas de Mingue. Tout un quartier - et même plus - qui, aujourd'hui, salue sa mémoire.

Marzok Mohamed est décédé à l'âge de 67 ans des suites d'un cancer. (Photo : Z.M.)

Assis sur une chaise dans l'une des salles du centre socio-culturel et sportif Jean-Paulhan à Nîmes, Rheda garde les yeux rivés sur son gobelet vidé de son café. Il les lève de temps à autre pour fixer le plafond, cherchant dans sa mémoire des souvenirs précis pouvant illustrer les propos élogieux à l'égard de son père Marzok Mohamed. Cet homme, nous ne l'avons malheureusement pas connu, il était pourtant l'une des figures emblématiques du Mas de Mingue à Nîmes. Était et restera à travers les souvenirs des habitants du quartier et d'ailleurs, car Marzok est décédé le mardi 22 février 2022. "La semaine dernière, c'est comme si quelqu'un avait appuyé sur pause. Il n'y avait plus personne dans les rues", témoigne Sabrina Guellaen, la directrice du centre Jean-Paulhan. Le Mas de Mingue était en deuil.

Ce mardi, une dame longe un couloir du centre, aperçoit Rheda, passe la tête et présente ses condoléances. "Et Zakia ?", l'interroge-t-elle pudiquement. Il lui répond que sa maman parvient tout juste "à se reposer un peu". L'homme de 45 ans tourne son regard vers nous : "Dès l'annonce du décès, nous avons reçu de nombreux soutiens, de Nîmois mais pas seulement. Des personnes sont venues de Marseille, de Montpellier, de Paris pour le veiller." Un soutien qui s'est poursuivi jusqu'aux obsèques de Marzok jeudi dernier, "il y avait des gens de tous les âges", rapporte le fils.  Preuve en est que cet homme, emporté par la maladie après deux années de combat, faisait l'unanimité au-delà des frontières du quartier.

Le centre socio-culturel et sportif Jean-Paulhan était son fief. Il en a été le gardien durant de longues années, depuis son arrivée à Nîmes dans les années 1980 après avoir été postier en région parisienne. Agent d'accueil puis concierge, il était un des piliers de cette structure qu'il a fréquenté quotidiennement, malgré les arrêts maladies, les congés et même la retraite pourtant bien méritée. "C'est lui qui, tous les matins, ouvrait le centre et préparait le café pour tout le monde", précise Fabienne Asnar, coordinatrice enfant-jeunesse, pouvant encore sentir les arômes qui embaument les différentes pièces.

De nombreuses personnes étaient présentes lors des obsèques de Marzok Mohamed jeudi dernier. (Photo : H.B)

Ses collègues, sa deuxième famille, ressentent déjà le manque de cet homme "souriant, blagueur, bavard". "Avec lui, on n'avait pas besoin de lire la presse, il adorait nous parler de l'actualité", s'amuse Sabrina Guellaen. Cette dernière a côtoyé l'agent municipal pendant dix ans. "Si le centre est autant respecté, c'est parce qu'il était là. Il n'est pas question de maltraiter le mobilier, ni d'être impoli, il n'y a pas de débat là-dessus et c'est grâce à Marzok et Zakia, insiste-t-elle. Son poste officiel n'était "que" gardien, mais il faisait de la médiation, il dépannait les gens, il passait des coups de fils pour aider les gens qui se trouvaient en difficulté." Et même pendant la maladie, alors qu'il menait son propre combat, le sexagénaire continuait à épauler les plus démunis.

"C'est la mémoire du quartier qui nous a quittés"

"Un altruisme", souligne un ami du défunt, Hamed Benabdelmounen, qui force le respect. Rheda se souvient d'un père qui "voulait rendre les gens heureux, prêt à tout pour les aider quitte à se retrouver lui-même dans la panade." Et bien loin de lui l'idée de briller, Marzok n'a jamais failli à sa légendaire discrétion. Seuls ceux à qui il a tendu la main et les témoins de ce geste, savaient de quoi cet homme était capable, lui qui le premier a lancé les maraudes dans le quartier. En guise de remerciements, on lui offrait des caisses de fruits, de légumes etc. "Il aurait pu ouvrir un commerce, lâche en riant Rheda. Mais il ne prenait que ce dont il avait besoin et redistribuait le reste."

"Est-ce qu'on vous a parlé de sa paella ?", nous interroge Sandrine Gorge, référente familles au centre socio-culturel Jean-Paulhan. Oui, de sa paella, de son couscous et aussi de ses divers tajines. Marzok Mohamed adorait cuisiner, une passion qu'il partageait volontiers. De même que la pêche, une activité à laquelle il a initié ses enfants. La transmission a été un leitmotiv pour le Nîmois. "De notre père, nous avons appris la générosité, la solidarité", affirme Rheda. Tout un chacun témoigne de sa bienveillance à l'instar de Stella, policière : "De part son poste de gardien au centre Jean-Paulhan, nous avons été amenés à nous rencontrer souvent. Dès le début, notre relation est devenue amicale. C'était un homme bienveillant envers les autres, simple, toujours dévoué pour rendre service. C'est la mémoire du quartier qui nous a quittés." Mais au travers de ces différents témoignages, nul doute que le souvenir de cette grande de figure du Mas de Mingue restera ancré dans les têtes et les coeurs de ceux qui ont croisé son chemin.

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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