Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 19.04.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 29161 fois

NÎMES Un couple de proxénètes sud-américains condamné à 18 mois ferme

Un couplée de proxénètes est condamné, à trois ans d’emprisonnement, dont 18 mois avec sursis, mardi 19 avril 2022, par le tribunal correctionnel de Nîmes, pour avoir organisé un réseau de prostituées sud-américaines à Nîmes, Fréjus ou Belfort, entre 2019 et 2022.

Poursuivis pour traite d’êtres humains et proxénétisme aggravé, Andeina, la Vénézuélienne de 28 ans, et Francisco, le Péruvien de 32 ans, réservaient les locations Airbnb et publiaient les annonces sur le site sexmodel.fr d’au moins 18 prostituées venues d’Amériques du Sud, dans 17 villes en France. Les gains étaient partagés à moitié-moitié. Mais à l’audience les prévenus estiment plutôt avoir donné un coup de mains aux filles. « Elles voulaient travailler dans ce milieu, et nous, on faisait un boulot de secrétaire, mais on ne les forçait pas !, assure Francisco, haute stature et petite barbe noire. On n’était jamais derrière elles pour savoir ce qu’elles faisaient de leurs nuits. Elles étaient libres et nous déclaraient ce qu’elles voulaient. » Une attitude confirmée par les prostituées interrogées par les enquêteurs.

Dix mille euros dans un sac Louis Vuitton

« Grâce à cela, vous meniez un important train de vie… », fait remarquer le juge Jean-Michel Perez. Mais l’ancien chef de rang minimise toujours. « Le partage des revenus nous permettait surtout de payer leurs logements, puis de s’acheter quelques trucs pour nous », explique Francisco. Par exemple, on est parti quelques jours au ski, mais si on était vraiment aisés, on aurait déménagé de notre appartement ou acheté une voiture neuve. » Arrivé en France à l’âge de 10 ans, Francisco est divorcé et père de deux enfants vivants en Espagne avec leur mère. Sa compagne depuis deux ans, Andreina est diplômé d’ingénieur. Âgée de 28 ans, elle est arrivée en France du Venezuela en 2019 avec un enfant de 8 ans.

Chez eux, les enquêteurs ont découvert 13 portables, 10 000 euros en liquide dans un sac plastique, et dans un sac Louis Vuitton 7 000 euros et 4 100 dollars. « Les 10 000 euros, ce sont les économies que j’ai gagnées en travaillant dix ans dans la restauration, le reste, c’est sa mère qui l’avait ramené pour le petit », assure-t-il encore. Le président se montre sceptique. « Vous oubliez les vacances de Noël à Avoriaz, l’anniversaire de madame dans un hôtel de luxe, avec l’achat d’une bague ou le week-end que vous aviez programmé à Venise », pointe à nouveau Jean-Michel Perez. « La bague c’est moi qui l’ai achetée pour elle », insiste le trentenaire. « Ah oui, et avec quel revenu ? », rétorque le magistrat.

« Eux-mêmes se sont fait racketter par les propriétaires de Airbnb »

Le procureur ne semble pas plus convaincu par leurs explications. Il requiert deux ans d’emprisonnement à leur égard. « Elle a elle-même travaillé dans la prostitution avant d’organiser son propre réseau. Mais si, dans ce type de situation, on a en général affaire à des organisations mafieuses et violentes qui asservissent totalement les prostituées, ce n’est pas le cas ici. Les victimes disent elles-mêmes avoir sollicité le couple car cela les rassurait », déclare Adrien Roux.

Leur avocate va dans son sens. « Au total, cela ne leur a rapporté que quelques milliers d’euros, ce n’est pas le grand luxe, loin de là. On parle d’une nuit à Monaco et de quatre nuits à Avoriaz, assure Melissa Radjei. Ils ne sont ni professionnels, ni même très malins. Ils n’ont rien de proxénètes : eux-mêmes se sont fait racketter par les propriétaires de Airbnb qui gardaient leur caution ! » Le tribunal les condamne à trois ans chacun, dont 18 mois avec sursis, les maintien en détention et ordonne la confiscation des sommes d’argent saisies.

Pierre Havez

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