Publié il y a 1 an - Mise à jour le 08.06.2022 - corentin-migoule - 7 min  - vu 961 fois

FAIT DU SOIR 4e circonscription : qui pour succéder à la dépitée Annie Chapelier ?

Le candidat LREM aux législatives, Philippe Ribot (au premier plan), est suivi de près par son adversaire Arnaud Bord, le candidat Nupes. On ne sait pas si les électeurs les placeront dans le même ordre que sur la photo. Photo François Desmeures / Objectif Gard

Chaque soir de la semaine, à 21 heures, Objectif Gard passe au crible l’une des six circonscriptions du Gard en vue des Législatives (12 et 19 juin). Place ce mercredi à la très disputée quatrième circonscription (13 candidats) que délaisse la députée sortante Annie Chapelier.

Investi par la majorité présidentielle, Philippe Ribot semblait le mieux placé pour succéder à l'infirmière-anesthésiste, mais la pluralité des candidatures dans un créneau proche du sien a rebattu les cartes. Au point d'offrir une voie royale au néo-quadragénaire Arnaud Bord, lequel participe à sa première élection uninominale sous la bannière Nupes ? Pierre Meurin, porté par un Rassemblement national qui n'en finit pas de séduire sur la circonscription, en ferait bien son affaire aussi.

Si à l'image de Max Roustan, d'aucuns se demandent "qu'est-ce qu'a fait Annie Chapelier pour le territoire pendant cinq ans ?", d'autres savent à quel point elle n'a pas compté ses heures... pour accoucher du livre Un Parlement en toc, en avril dernier, dans lequel l'infirmière-anesthésiste - qui se sentira sans doute plus utile à la tête d'un hôpital, sa nouvelle ambition - porte un jugement sans appel sur le fonctionnement du Parlement.

Pour autant, l'amertume décrite - depuis trois ans déjà - par l'ancienne députée macroniste et son sentiment d'"impuissance" n'ont pas freiné les ardeurs de ses potentiels successeurs, qui ont été très nombreux (13) à déposer leur candidature en préfecture. Mais alors qu'il a un temps espéré décrocher son quatrième strapontin à l'Assemblée nationale en enrôlant cette ''circo'' qu'il a verrouillée de 2002 à 2012 avant de se la faire chiper par le socialiste Fabrice Verdier, le maire (LR) d'Alès, Max Roustan, a renoncé fin avril en raison d'un problème de santé et ne fait donc pas partie de la liste.

Étendu de Dions au sud à Barjac au Nord, et d'Alès à l'ouest à Pont-Saint-Esprit à l'est, ce territoire de 95 communes - majoritairement rurales - a placé le Rassemblement national (RN) très largement en tête au second tour de la Présidentielle (56,19 %) mais lui a fait barrage en "finale" des Législatives il y a cinq ans en plébiscitant Annie Chapelier (ex-LREM, 58,21 %).

Philippe Ribot (Photo Objectif Gard)

Philippe Ribot, un favori devenu outsider

Si la déferlante macroniste de 2017 n'est plus qu'une vaguelette qui n'effraie même pas les baigneurs du Grau-du-Roi, la majorité présidentielle s'est offert un ambassadeur de choix en débauchant Philippe Ribot, lequel aurait pu prétendre à l'investiture (UDI-LR). Car le maire de Saint-Privat-des-Vieux jouit d'un CV politique qui parle pour lui. Vice-président d'Alès Agglomération, le conseiller départemental du canton d'Alès 2, réélu en juin dernier en binôme avec Valérie Meunier (LR) à l'époque où le "Bon sens gardois" l'emportait, s'est aussi vu confier la présidence de l'association des maires du Gard en octobre 2020, son caractère "modéré" ayant été retenu.

Autant de rôles qui confèrent au Saint-Privaden une notoriété évidente - supérieure à la plupart des candidats, si ce n'est à tous - au point que ce dernier a été l'un des derniers à lancer sa campagne, au gré d'une investiture tardive. Pour défendre le bilan du président de la République - lequel fait parfois l'objet de défiance -, Philippe Ribot a opté pour une suppléante issue de la société civile en la personne d'Aïcha Benali. Influente sur le bassin alésien, celle qui a créé le mas Chansonnet à Allègre-les-Fumades et fondé le réseau Start Women est d'une aide précieuse lorsqu'il s'agit de présenter le projet gouvernemental et livrer sa vision "commune du territoire" lors des réunions publiques.

Favorable à la suppression du numerus clausus pour lutter contre la désertification médicale, attaché au patrimoine industriel du territoire, le candidat de la majorité présidentielle sous l'égide du groupe Agir ! place "la valeur travail" au cœur de sa démarche. Mais alors qu'il partait avec l'étiquette de favori il y a un mois, Philippe Ribot a peut-être été relégué au rang d'outsider. Et pour cause ! Pas moins de quatre candidats sont en lice dans un créneau proche du sien (lire ci-dessous).

Arnaud Bord, patron du PS (photo : Sacha Virga)

Une aubaine pour Arnaud Bord

À l'inverse de Philippe Ribot, celui qui a fêté ses 40 ans le mois dernier se plaît dans le rôle d'outsider. "Je n'ai pas de pression car je participe pour la toute première fois en mon nom à une élection uninominale", se plaît à rappeler Arnaud Bord, qui a le sentiment d'avoir tout à gagner. Car le socialiste, collaborateur de son ami Jean Denat, revient du diable Vauvert. Avant que la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) ne le choisisse comme candidat du rassemblement des Gauches, le président du conseil des Prud'hommes d'Alès a bien failli passer par la fenêtre.

La 4e circo' semblait en effet dévolue au communiste Paul Planque derrière lequel Arnaud Bord s'était rangé en 2020 sous la bannière du Printemps alésien lors des élections municipales (Alès), tandis qu'Evelyne Herbau devait porter l'étiquette La France insoumise (LFI). Que nenni ! Depuis, les soutiens affluent de toutes parts pour le candidat Bord qui a matérialisé l'union en faisant appel à l'expérimentée communiste Cathy Chaulet en qualité de suppléante. De Patrick Malavieille à Sylvain André en passant par Ghislain Chassary, le PCF est derrière lui. Même le sénateur Denis Bouad, qui s'était opposé avec "fermeté" à l'accord avec LFI (relire ici), a officialisé son soutien à son camarade du PS qui serait à ses yeux "un député de terrain capable de défendre les dossiers de sa circonscription".

Parmi eux, le "renforcement des services publics décentralisés" et une gestion "100 % publique" de l'eau, tout en portant un certain nombre de mesures nationales dont la retraite à 60 ans. Assisté d'une équipe composée exclusivement de jeunes de moins de 30 ans, Arnaud Bord a aussi donné à sa campagne une dimension numérique à travers une série de vidéos dynamiques habilement calquées sur le format du média Konbini (voir ici). Autant d'éléments qui portent à croire que l'outsider d'hier est devenu le favori d'aujourd'hui.

Le candidat du RN sur la 4e circonscription Pierre Meurin (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le RN sur sa lancée

À moins que le Rassemblement national, souvent placé mais rarement gagnant, ne concrétise son ascension par une victoire. D'autant qu'il en faut peu au parti d'Extrême-droite pour mobiliser son électorat lors des grands rendez-vous. "Ils mettraient une chèvre sur l'affiche, tant qu'il y la tête de Marine Le Pen à côté, ils feraient quand même leur 20 %", commente en ce sens un autre candidat de la circonscription. Le RN n'a sans doute rien contre les caprins, mais a préféré miser sur Pierre Meurin, lequel s'est présenté à la presse comme "un zemmourien repenti" (relire ici).

Soutenu par Yoann Gillet et Julien Sanchez qui n'oublient jamais de mouiller le maillot lorsqu'il s'agit de promouvoir les candidats de leur famille politique en mal de notoriété avant une élection, le jeune homme de 32 ans croit en ses chances. Et va même jusqu'à parler de la 4e circonscription comme "une cible". Celle-ci ayant placé Marine Le Pen largement en tête du second tour de la Présidentielle (56 %) en avril dernier, le juriste en droit public de formation, aujourd'hui commercial dans les énergies renouvelables, a de sérieux arguments. Naturellement, le trentenaire s'appuie sur les fondamentaux du parti en souhaitant colmater "les gros problèmes d’insécurité" de la circonscription. Pierre Meurin s’inscrit par ailleurs en défenseur du patrimoine, des personnes en situation de handicap et des automobilistes qu'il faudrait "arrêter de punir", en limitant par exemple le déploiement des radars - très nombreux sur l'axe Alès-Bagnols - qui sont des "pompes à fric".

Pour mener à bien une campagne qu'il voulait "de terrain" en s'y consacrant "à 300 %", le candidat RN s’est mis en disponibilité de son travail. Désireux d'offrir un "vrai contrepouvoir" à Emmanuel Macron, le Spiripontain est épaulé dans son entreprise par Brigitte Roullaud, candidate en 2017 sur cette même quatrième circonscription (41,8 % au second tour).

Jean-Pierre De Faria veut devenir le député de la 4e circonscription. Photo Tony Duret / Objectif Gard

La Droite éparpillée

Tout l'enjeu de cette élection est là : dans quelles proportions la pluralité des candidatures estampillées à Droite affectera-t-elle celle de Philippe Ribot ? Le maire saint-privaden en connaît le danger et a bien essayé d'éviter le pire. Mais son "texto amical" adressé à Jean-Pierre De Faria n'a pas trouvé l'écho espéré. Quelques jours plus tard, à moins de trois semaines du premier tour, le maire de Saint-Ambroix a officialisé sa candidature (relire ici). Et si, dans sa globalité, le mundillo politique local ne croit pas le septuagénaire (70 ans) capable d'accéder au Palais Bourbon, ce dernier raflera sûrement un pourcentage des suffrages que le candidat de la majorité présidentielle aurait préféré voir dans son escarcelle.

Car Jean-Pierre De Faria n'en reste pas moins un sérieux client. L'élu local sait compter sur des soutiens de poids. Si Max Roustan en est un, Michel d'Ozenay, PDG de l'entreprise Senfas, symbolise à merveille la relation de confiance qu'a su créer l'édile saint-ambroisien avec les industriels du territoire en qualité de président du très influent réseau Gard entreprises. L'impact de la candidature de Valérie Martre, "novice en politique", bien qu'elle intervienne dans le cadre d'un accord national UDI/LR, devrait rester moindre. Inconnue du grand public, suppléée par Cyril Tondut, conseiller municipal de Saint-Privat-des-Vieux, l'adjointe à la Communication à la mairie de Saint-Christol-lez-Alès où elle vit (5e circonscription) a mené une campagne - très - discrète.

Ainsi, le soutien du président de l'Agglo (relire ici), par ailleurs patron des Républicains du Gard, pourrait bien être insuffisant. Dans une moindre mesure, les candidatures de Gaël Girard et de Dominique Passieu sont à ranger dans un créneau droitier similaire. À leur manière, les deux derniers nommés ont pimenté la campagne sur la 4e circonscription à travers une grosse activité sur les réseaux sociaux. Lancés à plein régime dans la bataille électorale depuis plusieurs mois, les deux hommes ont aussi arpenté le territoire, le premier misant sur la fraîcheur d'une candidature divers Droite/société civile (relire ici), là où le second, investi par Résistons !, a joué à fond la carte de la ruralité en se parant des attributs caractéristiques de Jean Lasalle (relire ici).

Corentin Migoule

Les autres candidats : 

Aurélie Wagner a fait le chemin inverse de Pierre Meurin en quittant le RN pour rejoindre Reconquête ! Si elle revendique son amitié avec l'eurodéputé Gilbert Collard, la conseillère municipale d'opposition à la ville d'Alès mise sur sa connaissance d'un territoire arpenté depuis des décennies dans le cadre de son ancienne profession d'ambulancière (relire ici). Suppléée par Nathalie Aubin, Nadine Schuster place l'écologie "au centre" de son projet, tandis que Stéphanie Bienkowski n'a pas encore déposé sa profession de foi officielle, tout comme Stéphane Napoli. Le "patriote" Denis Biais bénéficie du soutien de Florian Philippot et de Nicolas Dupont-Aignan dans le cadre de son investiture par Debout la France. Pour défendre les intérêts "des travailleurs", Jérôme Garcia est lui aussi candidat sous la bannière Lutte ouvrière.

* Les professions de foi ayant été déposées par les candidats sont à retrouver sur le site du gouvernement.

Corentin Migoule

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