Publié il y a 1 an - Mise à jour le 09.08.2022 - francois-desmeures - 3 min  - vu 3509 fois

GARDONS Avec un débit en crise, l'eau de baignade reste-t-elle de bonne qualité ?

Au seuil du pont routier et ferroviaire de Ners, il ne reste que l'eau souterraine pour alimenter l'aval (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Seul un filet d'eau passe encore le seuil du moulin de Corbès (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Des niveaux historiquement bas, un déficit pluviométrique qui a contraint la préfecture à placer amont et aval en situation de crise et des températures caniculaires qui se répètent, le cocktail de l'été 2022 au-dessus des gardons réduit le débit à peau de chagrin et le voit se couvrir d'algues. Au point de redouter une dégradation de la qualité des eaux ? Ce n'est pas si facile. 

Le dernier arrêté sécheresse date du 4 août et la pluie tombée sporadiquement depuis n'a rien changé : les gardons affichent des débits inquiétants pour un début du mois d'août. "Même la Lozère vient de passer en niveau crise", une décision symptomatique pour François Jourdain, chargé de mission sur la gestion quantitative de la ressource en eau pur le compte de l'Établissement public territorial de bassin des Gardons (EPTB).

"On surveille les eaux de surface et les affluents, avec l'Office français de la biodiversité (OFB), poursuit le chargé de mission, ainsi que le niveau des nappes." Avec une station qui sert de référence au comité sécheresse, celle de Corbès, sur le Gardon de Saint-Jean-du-Gard. "En juillet, on assistait à un débit de fréquence quinquennale." Il correspondait, alors, à 390 litres par seconde, contre 440 l/s pour un mois de juillet moyen. Désormais, il est inférieur à 100 l/s. "Il y a eu une petite remontée à cause des orages de samedi dernier. Mais on repart sur des débits à la baisse", constate François Jourdain.

À Ners, sous le pont de la quatre voies, le seuil permet de traverser la rivière à pieds secs (photo François Desmeures / Objectif Gard)

En juillet, la station de Ners, elle, indiquait déjà un débit inférieur à celui de la fréquence quinquennale. "Et sur la Salindrenque, que nous suivons depuis 2016 (*), poursuit François Jourdain, nous sommes sur les valeurs les plus basses connues de débit. Elles correspondent à ce que nous avons pu relever en 2019 et 2020, mais au mois de septembre", et alors qu'aucune pluie n'était encore tombée. "La situation devrait de plus en plus se dégrader", pronostique le chargé de mission des Gardons. Depuis, Météo France semble confirmer un passage orageux en fin de semaine, avec le "risque" de précipitations très localisées.

"Si la hauteur d'eau est plus basse, ça améliore l'auto-épuration"

Outre la surface réduite qu'occupe la rivière dans son lit, le manque de débit se voit en surface, le cours d'eau prenant une couleur verte avec le développement de sa végétation. De quoi s'inquiéter sur sa qualité ? Pas forcément, explique Isabelle Lorandi, responsable de la cellule eau à la délégation départementale du Gard de l'Agence régionale de santé (ARS). L'Agence effectue des prélèvements en juin, pour livrer un diagnostic des eaux de baignade. Elle continue d'effectuer des prélèvements tous les quinze jours en été, et même "hebdomadaires sur des cours d'eau qui nous semblent plus vulnérables", explique Isabelle Lorandi.

Sous le pont d'Anduze (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Or, débit réduit ne rime pas forcément avec mauvaise qualité des eaux. "Il n'y a, pour l'instant, aucune remontée d'interruption de l'écoulement des cours d'eau, rassure Isabelle Lorandi. Et puis, un débit réduit peut donner deux types de comportement : si la hauteur d'eau est plus basse, ça améliore l'auto-épuration qui se réalise par les rayons ultraviolets du soleil. En revanche, s'il y a un rejet polluant quelque part, il sera moins facilement dilué. Mais nous ne recensons pas de problème de ce côté-là cette année." Cette eau épurée n'empêche pas, en revanche, "des développements algaux beaucoup plus importants, qui ont démarré très tôt dans la saison", constate Isabelle Lorandi.

En revanche, les "conditions de sécheresse peuvent impacter la qualité des eaux de ressource, tempère la responsable de l'ARS, avec une concentration des éléments plus importante". "Dans le karst urgonien, reprend François Jourdain, on observe des niveaux équivalents à 2005, année de référence pour le suivi du karst. Sans recharge d'eau de pluie, le karst va continuer à se vidanger petit à petit via les résurgences de la Baume (à Sanilhac, NDLR) et de Collias". Ici, l'EPTB Gardons travaille de concert avec le BRGM (bureau de recherches géologiques et minières), notamment dans le lit où l'eau disparaît dans le karst, entre Cruviers-Lascours et Collias. Ici aussi, les pluies attendues de fin de semaine pourraient avoir une influence bénéfique. Avant les crues attendues - dans une certaine mesure - au mois de septembre.

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

(*) Un affluent du Gardon qui descend de Soudorgues et Lasalle

François Desmeures

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