Publié il y a 1 an - Mise à jour le 27.08.2022 - anthony-maurin - 4 min  - vu 4212 fois

FAIT DU SOIR Une dernière balade insolite avant la rentrée ?

Le gouffre des Espélugues à Dions, un air de préhistoire... On s'attend à voir un dinosaure sortir des arbres (Photo Archives Anthony Maurin).

Le gouffre des Espélugues à Dions (Photo Archives Anthony Maurin).

Voici une particularité géologique qui fait parler d'elle sans pour autant être connue comme il se doit. Le gouffre des Espélugues à Dions, vous plonge dans une ambiance préhistorique. À faire, mais pas n'importe comment... Votre sécurité et celle des espèces présentes sont des priorités.

Prenez du matériel pour être autonome, de l'eau pour bien vous hydrater et une trousse à pharmacie au cas où mais l'essentiel reste d'avoir de bonnes chaussures et pourquoi pas un casque en cas de chute. Bon, vous ne partez pas en guerre mais une excursion, si minime soit-elle, doit se préparer. Au cœur du gouffre, les téléphones peinent à capter donc avertissez quelqu'un qui saura où vous êtes parti.

Ici se dégage une sensation de caverne originelle. On pourrait très bien s'imaginer une vie passée. On peut, en fermant les yeux et en écoutant le silence, penser à la manière des Hommes d'antan. Sont-ils venus et pourquoi venaient-ils ici ? Au fond du gouffre, on se croirait de retour au Jurassique.

L'entrée du village (Photo Archives Anthony Maurin).

Avant toute chose, il est aussi préférable de se renseigner si l'accès au site en question est ouvert. En période de canicule ou de sécheresse, il peut être "barriéré" et donc interdit d'accès comme cela a été le cas cet été. C'est bon, on part ? Le gouffre des Espélugues (à ne pas confondre avec la grotte qui se trouve dans les Pyrénées) est une sorte d'entonnoir en escalier d'une centaine de mètres de diamètre et de 70 mètres de profondeur, creusé par les eaux de ruissellement et où prolifère une riche végétation.

C'est par là pour ceux qui parlent patois (Photo Archives Anthony Maurin).

Le gouffre des Espélugues constitue l'un des plus important gîte à chauves-souris des gorges du Gardon. Il accueille plusieurs espèces menacées qui font l'objet de mesures de protection au niveau européen. Ces animaux discrets sont sensibles à votre comportement.

Arrivé sur site, l'immensité du trou béant est dissimulée par la végétation (Photo Archives Anthony Maurin).

Pour une bonne cohabitation, merci de respecter les recommandations suivantes : ne faites pas de feu au fond du gouffre, ni dans les parties souterraines. La fumée se concentre dans les plafonds de la grotte où se réfugient les colonies de chauves-souris tuant les animaux en hibernation et les jeunes encore inaptes au vol.

Ne faites pas non plus d'escalade souterraine, les chauves-souris utilisent les zones inaccessibles pour se réfugier. Vous serez adorable si vous leur laissez ces espaces de tranquillité. Enfin, n'éclairez pas les chauves-souris à l'intérieur de la grotte sans omettre, évidemment de ne pas faire pas de bruit car la forme du gouffre amplifie les sons venant du fond. Donc, soyez discret.

La descente est complexe et prenez le temps de vous arrêter pour bien savoir où vous allez poser le pied ! (Photo Archives Anthony Maurin).

Espélugues ? Mais au fait, d'où vient cet étrange petit nom ? Plusieurs appellations comme la Spélunque, Spelunca, les Espelugues, les Espelunques ou Espeluca ont été données au lieu mais la racine latine spelunca signifiant "caverne" est commune à tous ces noms. Une caverne qui, avec ses mensurations, pourrait sans problème engloutir un édifice aussi vaste que l'amphithéâtre nîmois !

Arrivé en bas, le gouffre s'offre à vous (Photo Archives Anthony Maurin).

Fut une époque pas si lointaine que ça, les autochtones y descendaient pour y célébrer des fêtes. En effet, au début du siècle dernier, les jeunes descendaient au fond du gouffre, allaient au fond de la caverne et se retrouvaient dans la salle terminale pour donner de nombreux bals. Le secret n'en est pas resté un bien longtemps et les spéléologues se sont vite appropriés le site pour quelques soirées arrosées mais à l'abri. Pas bien...

Au fond de la grotte qui débouche sur le gouffre (Photo Archives Anthony Maurin).

Cela fait presque 200 ans que le tourisme et le gouffre des Espélugues font bon ménage. Mais attention, encore une fois, une balade sur place nécessite de l'équipement et une prudence certaine. En 1834, Émilien Froissard écrivait déjà "on se trouve bientôt sous un dais immense qui se recourbe en cintre. Il recèle à sa base une autre caverne qui, du haut de la colline, n'apparaissait que comme une tache insignifiante, mais, de près, s'élève grande et majestueuse, triste demeure du silence et des ténèbres. Souvent ce dernier réceptacle est envahi par les eaux qui filtrent à travers les fissures, et laissent sur ses parois de longues stalagmites; mais, dans la saison chaude, on peut en parcourir toute l'étendue, même sans flambeau. L'œil s'accoutume à ce demi-jour et se plaît à admirer les riches teintes de vert et de pourpre qui décorent les flancs de cette magnifique caverne. Je prie le lecteur de croire que je n'ai point voulu ici annoncer ou décrire une grotte ordinaire, comme toutes les montagnes calcaires en recèlent ; celle-ci a un caractère particulier que je n'ai retrouvé nulle autre part, et je prie les habitants de Dions d'être fiers d'avoir une telle curiosité dans leurs environs." Peu de choses ont changé quand on parle du sentiment que l'on ressent la première fois que l'on y descend.

La sortie (ou l'entrée) de la grotte (Photo Archives Anthony Maurin).

Vous l'aurez compris, sous vos pieds, c'est un monde caché qui s'offre à vous, respectez-le. Cette bouche béante vous ouvre la porte sur quelques mystères. La présence des chauves-souris ajoutent à ce sentiment quelque chose de quasi mystique. Au Nord de la cavité se trouver une formation rocheuse spéciale, une cascade de tuf, un calcaire spongieux, qui est due à un goutte à goutte permanent et incessant déposé par une source.

Il faut dire que l'histoire du gouffre remonte un peu... Cinq millions d'années ! Le Gardon s'écoulant de plus en plus vite à cause de la pente qui se creuse sur l'Est du Massif central, il taille des gorges, des barres, des reliefs et forcément des grottes. Si ce gouffre n'est pas un affluent du Gardon, autrefois, il était couvert d'un plafond qui s'est affaissé il y a quelques dizaines de milliers d'années.

Champignons bizarres, sureau noir, mésanges bleues, étranges fougères..., le gouffre offre une belle diversité en tous les domaines. Les reines des lieux sont les chauves-souris près de dix espèces recensées (sur les 22 des gorges du Gardon), elles ne sont pas seules au fond du trou et une autre espèce volantes est à voir (sans déranger bien entendu).

Le gouffre des Espélugues à Dions (Photo Archives Anthony Maurin).

Exemple ? Le Murin de Capaccini. Son territoire local va d'Alès à Remoulins mais, en hiver, le gouffre des Espélugues lui sert de refuge naturel. Il adore se nicher dans la grotte, entre deux stalactites. L'accouplement a lieu à l'automne donc la femelle conserve les spermatozoïdes durant l'hiver, s'autoféconde au printemps et les petits naissent dans un autre lieu des gorges du gardon.

Pour tout renseignement, contacter le Syndicat mixte des gorges du Gardon au 04.66.03.62.59.

Anthony Maurin

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