Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.09.2022 - thierry-allard - 3 min  - vu 507 fois

L’INTERVIEW Benoît Trichot : « Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte de ce que les inondations de 2002 ont été »

Benoît Trichot, président d'ABCèze (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Alors que les commémorations des inondations meurtrières de 2002 se poursuivent, le syndicat mixte d’aménagement du bassin versant de la Cèze (ABCèze) organise ce vendredi soir à la salle Louis-Chinieu de Chusclan deux tables rondes sur le sujet. 

De nombreux témoignages et un point sur les actions menées depuis 2002 seront au programme de cet événement gratuit et accessible à tous. L’idée est de sensibiliser la population, car la culture du risque reste une des principales armes pour lutter contre les conséquences des inondations, comme le rappelle le président d’ABCèze, Benoît Trichot. 

Objectif Gard : Vingt ans après les inondations de 2002, où en est-on sur la protection inondation ? Beaucoup de choses ont changé…

Benoît Trichot : Effectivement, on a tiré les conséquences de cet événement. La première chose c’est l’alerte donnée plus facilement, mais aussi des outils de prévision qui se sont bien améliorés, mais aussi la mise en place, notamment dans l’Agglomération du Gard rhodanien, d’un automate d’appel. Depuis 2002, les méthodes d’évacuation de la population sont plus cadrées, plus précises, la population sait où trouver l’information, avec notamment le site Vigicrues qui est désormais très connu. 

ABCèze anime des dispositifs comme les Programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI), ou ALABRI qui aide les personnes habitant en zone inondable à protéger leur habitation des inondations. Quel est l’impact concret de ces dispositifs parfois méconnus ?

Nous en sommes au troisième PAPI sur le territoire, nous venons de le déposer. Il compte des fiches actions principalement financées par l’État, en ciblant des enjeux, avec des actions comme ALABRI. Mais ces actions sont trop peu connues, nous avons trop peu de personnes qui ont recours aux diagnostics gratuits, et encore moins aux travaux. Pourtant, ces travaux sont utiles pour limiter le coût des dégâts dus aux inondations, avec par exemple l’installation de batardeaux, le rehaussement des tableaux électriques, l’installation de clapets anti-retours pour les sanitaires. Le diagnostic est gratuit, et les travaux financés à hauteur de 80 %. Je rappelle que le diagnostic est obligatoire pour les 11 000 personnes qui habitent en zone inondable sur le bassin de la Cèze. 

Vous gérez aussi l’entretien des digues sur le bassin de la Cèze. Comment se portent ces équipements ? Quels sont les prochains investissements prévus ?

Nous avons sept digues sur le bassin, sans compter le barrage de Sénéchas géré par le Département. Parmi les digues, celle de Saint-Ambroix n’est pas en bon état, et en attendant les travaux, nous avons des consignes d’évacuation à des hauteurs de crue assez faibles. Sur la basse vallée, c’est à Pont-Saint-Esprit que nous allons conduire des travaux. Nous avons réalisé toutes les études préalables, nous sommes à la recherche de la solution technique, mais il y en aura pour trois à quatre millions d’euros au final. Je rajoute que Saint-Étienne-des-Sorts va être dans le PAPI pour les six prochaines années, mais nous en sommes aux balbutiements, nous n’avons pas d’étude ni de données. Nous allons commencer ces études. Notre prise de compétence est récente, nous héritons de digues en bon état, et d’autres beaucoup moins. 

On parle beaucoup à l’occasion des différentes commémorations de 2002 de la culture du risque dans la population. Ça passe par des événements de sensibilisation, comme celui de se soir à Chusclan ?

Exactement. L’enjeu est là, commémorer pour commémorer ne suffit pas. C’est une de nos missions principales, se rappeler du risque et informer. Ce soir, nous aurons beaucoup de personnes qui ont vécu 2002, elles, cette culture du risque, elles l’ont. Mais beaucoup de personnes qui arrivent et achètent sur le territoire ne se rendent pas compte de ce que ça a été. Il nous faut donc expliquer le danger avec ces actions de commémoration financées par l’État. C’est très important, car si tout le monde respecte les consignes, il n’y a pas d’accident. Et on doit vivre avec ce risque. 

Un mot sur les actions de sensibilisation auprès des scolaires ?

Sur ces actions, l’Agence de l’eau et l’État nous aident, nous menons des actions sur la biodiversité dans les écoles élémentaires, nous nous sommes dotés d’une maquette pour intervenir dans les classes de lycées, et nous pouvons aller dans les collèges aussi. Nous menons une vraie politique volontariste pour donner les moyens aux enseignants les outils et les aides pour illustrer leurs cours. Maintenant, on attend que les enseignants se saisissent de cette problématique.

Propos recueillis par Thierry Allard

Informations et inscriptions ici. 

Thierry Allard

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