ALÈS Journée « bloc mort » pour les infirmiers anesthésistes en grève
Ce mercredi 10 novembre, les infirmiers et infirmières anesthésistes du centre hospitalier d’Alès sont en grève. Une journée « bloc mort » qui fait écho à un mouvement national débuté le 2 novembre dernier.
« On ressent un profond mépris », résume d’emblée l’infirmier anesthésiste alésien, Thierry Merle, 27 années de service au compteur. Comme lui, dix autres infirmiers anesthésistes du centre hospitalier alésien sont en grève ce mercredi, soit 100% de grévistes. Les opérations prévues ont été déprogrammées, seule les urgences seront assurées.
Dans une lettre ouverte, ils dénoncent « les mesures injustes du Ségur de la Santé ». Thierry Merle explique : « Nous avons été reclassés, ou plutôt déclassés, dans la même grille que les infirmiers spécialisés, ce qui fait que nous ne pouvons espérer aucune progression, ni gain de salaire. Aujourd'hui on demande une reconnaissance qui soit à la hauteur de nos responsabilités et de notre autonomie. Il faut savoir qu’un infirmier anesthésiste est autorisé à injecter des produits médicaux sans prescription. Aucune autre profession paramédicale n’a cette responsabilité ».
« On se sent dévalorisés, méprisés »
À ses côtés, sa collègue Chrystelle Blain souffle : « Surtout que pendant le Covid, on est venu les chercher nos compétences spécifiques ». Une troisième infirmière, Véronique Rolland, donne le sentiment général : « Aujourd’hui on se sent dévalorisés, méprisés. On crache sur notre formation, on nous mélange sur nos grilles salariales. À quoi ça sert de se spécialiser ? », interroge-t-elle. Il est vrai qu’en plus de son autonomie, l’infirmier anesthésiste a de nombreuses responsabilités dans la prise en charge du patient. C’est lui qui pratique l’anesthésie et la réanimation, mais aussi la surveillance et l’adaptation des thérapies du début de l’anesthésie jusqu’à la salle de réveil, sans parler des transports entre hôpitaux de patients incubés et ventilés.
Comme leurs homologues parisiens et de toute la France, les onze infirmiers anesthésistes alésiens demandent une « reconnaissance législative, réglementaire et financière de leur profession à hauteur de leur niveau de formation, d’autonomie de pratique et de responsabilité professionnelle ». Pas question pour la profession de se laisser endormir.
Élodie Boschet