ASSEMBLÉE NATIONALE Les premiers pas de la députée… Annie Chapelier
Inconnue du grand public il y a encore quelques mois, Annie Chapelier, 50 ans, est aujourd’hui députée de La République En Marche sur la 4e circonscription du Gard. Premières impressions de cette novice en politique, deux mois après sa victoire.
Ses cheveux blonds relevés, la mine plutôt joviale, Annie Chapelier s’est glissée dans la peau d’un député, semble-t-il, avec aisance. Depuis sa victoire, en juin dernier, cette infirmière anesthésiste à l’hôpital Carémeau de Nîmes a troqué sa blouse contre des tenues plus adaptées au Palais Bourbon. Jamais élue auparavant, elle n’avait pas imaginé, il y a quelques mois encore, se retrouver sur les bancs de l’hémicycle. Comme beaucoup d’autres, la quinquagénaire a surfé sur la vague En Marche pour débarquer dans ce monde, totalement nouveau pour elle.
L’avantage, c’est qu’Annie Chapelier est habituée aux changements. Née au Canada, l’infirmière anesthésiste a exercé son métier dans différents pays et a même fait deux fois le tour de monde. « Une fois à 25 ans, une autre à 47 », sourit-elle. Ce n’est donc pas quelques allers-retours à Paris qui vont l’effrayer. « Je ne suis pas du tout impressionnée par l’Assemblée », lance-t-elle avec assurance. Pour autant, tout reste à apprendre, « en particulier sur le millefeuille institutionnel ! Je ne pense pas être la personne la plus bête et pourtant je m’y noie», confie-t-elle.
Débuts parisiens
Dans le monde politique, les remarques et les préjugés vont à la vitesse de l’éclair. En quelques semaines à peine, Annie Chapelier a été critiquée de part et d’autre pour passer « trop de temps » à Paris, aux dépens de sa circonscription. De retour sur les terres alésiennes, elle le reconnaît elle-même : « Oui, j’ai beaucoup privilégié Paris car je souhaitais participer à tous les votes majeurs, sur la loi Travail par exemple ou la moralisation de la vie publique. » En parallèle, durant l’été, Annie Chapelier a posé deux questions écrites et une question orale sur la concurrence déloyale des vins espagnols. « Je ne suis pas satisfaite de la réponse du ministre, mais ce que je retiens, c’est qu’il s’est engagé à venir ici en septembre/octobre. »
Membre de la commission des affaires étrangères – bien qu’elle aurait préféré être au développement durable – l’élue connaîtra bientôt les dossiers sur lesquels elle devra travailler. Elle a déjà ses préférences : la place de la femme en Afrique, l’aide au développement en général et un rapport d’information sur Mayotte, où elle a déjà vécu et travaillé. Enfin, dans le cadre de ses missions parlementaires, la députée fait également partie de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. « Une priorité pour moi », relève celle qui a élevé ses deux filles toute seule.
Et la circo ?
La découverte du Palais Bourbon passée, les premières lois votées, Annie Chapelier vient tout juste de récupérer les clés de sa permanence parlementaire, installée rue Michelet à Alès. « Je serai là pour la grève du 12 septembre ! », annonce-t-elle, rieuse. Gardera-t-elle le sourire lorsque la horde de protestataires contre la réforme du Code du travail criera à tue-tête devant son bureau ?
Au-delà de son intention de ne pas se dérober aux manifestants, la députée s’est fixée quelques affaires prioritaires : l’accès au numérique « dans des villages où c’est la catastrophe », une rencontre avec les directeurs de Pôle emploi et le préfet sur la question des contrats aidés ou encore la problématique des déserts médicaux. Sur ce dernier point, l’infirmière anesthésiste monte un groupe d’études sur les professions paramédicales pour développer le métier d’infirmière en pratique avancée. « Celles-ci ont plus de compétences et peuvent donc assurer des soins supplémentaires à la place du médecin. C’est un des axes pour répondre à la désertification médicale. »
Afin de mettre en place l’ensemble de ces projets, Annie Chapelier partagera son temps entre Paris les mardis, mercredis, jeudis, et la circonscription les autres jours. « Mais attention, pour moi, être près du terrain, ce n’est pas aller couper du ruban ou faire de la représentation !», insiste-t-elle. Quant à son image un peu dégradée dans la capitale des Cévennes, Annie Chapelier – qui n’a pas froid aux yeux – semble connaître sa provenance : « C’est le monarque local (Max Roustan, Ndlr) qui a véhiculée cette réputation. Mais ce qu’on pense de moi m’intéresse peu. » Pour le moment…
Élodie Boschet