ÉDITORIAL Assurance de prêt immobilier : le droit à l'oubli sort du placard
Toutes les personnes de plus de 40 ans atteintes de comorbidités ou d'antécédent médical, ou de pire ! - qui fume vous le dira -, souhaitant contracter l'assurance d'un prêt immobilier sont de plus en plus galère. Même si vous avez une surface financière confortable, même si vous cochez presque toutes les bonnes cases, vous devrez passerer quand même sous les fourches Caudines de votre compagnie d'assurances, souvent associée à la banque qui vous prête l'argent. Et pas question de vous faire le moindre cadeau. Examen médical et cardiaque, prise de sang, analyse d'urines, etc. L'assureur n'est pas fou, il ne prête qu'aux gens en bonne santé. Une situation grotesque d'autant qu'à la roulette russe, vous êtes sûr de vous tromper quand il s'agit de maladie. Mais rien ne nous dit que demain, ce n'est pas un scanner génétique qui vous sera réclamé. Vous n'avez jamais été malade, vous êtes en bonne santé mais potentiellement, votre génome humain parle. Dites adieu à tout patrimoine immobilier. On exagère à peine... Face à cette situation, les pouvoirs publics peuvent agir. En 2017, le candidat Emmanuel Macron avait d'ailleurs promis de ramener ce droit à l'oubli à cinq ans après une rémission, contre dix ans aujourd'hui. En clair, un ancien malade ne sera plus tenu de déclarer son cancer ou une autre maladie grave, à son assureur cinq ans après la fin de son protocole thérapeutique, contre dix ans aujourd'hui. Il pourra ainsi éviter surprimes, exclusions de garantie, voire refus d'assurance de son emprunt. Alors que nous arrivons à la cinquième année de son mandat, le Président se réveille comme par enchantement. Cette promesse restée longtemps lettre morte va finalement ressortir du placard. Le Gouvernement a décidé d'accéder. Et promet avant la fin du quinquennat, une mise en oeuvre. Un moindre mal. Qui ne fera pas oublier l'essentiel. Malade ou pas, l'assurance de votre prêt immobilier, vous allez la payer. Ah bon ?
Abdel Samari