ÉDITORIAL Présidentielle 2022 : le cirque sans débat
Les réactions sont nombreuses dans la classe politique suite aux deux incidents de ce week-end en marge d'un déplacement d'une candidate en Guadeloupe et d'un meeting au Trocadéro à Paris pour un autre. Les deux concernés, les candidats d'extrême-Droite, Marine le Pen et Éric Zemmour. Concernant la première, elle a été bousculée dans son hôtel par des militants présentés comme des nationalistes guadeloupéens lors d'une interview télévisée. Des vidéos, diffusées par les manifestants sur les réseaux sociaux, montrent la candidate du Rassemblement national protégée par son garde du corps et évacuée rapidement sous les sifflets et une tension palpable. Impossible pour elle de terminer, si ce n'est même de démarrer son échange avec la télévision locale. Pour expliquer tout simplement son projet pour la France. Le même jour, en France métropolitaine, dans la capitale précisément, ce sont des insultes inacceptables à l'endroit du président-sortant, traité d’"assassin" que l'on a entendues. Elles émanaient d'une foule en délire qui rêve ardemment un retour aux années 30. Le seul à ne pas avoir entendu, on vous le donne en mille : c'est Éric Zemmour. Il est resté figé, sans réaction. Il dira plus tard ne pas avoir parfaitement discerné ces propos. Mais ne les condamnera pas. Sans commentaire. Ce que dénoncera le lendemain Emmanuel Macron, attaqué injustement et de façon si scandaleuse, parlant « d'indignité » et invitant son adversaire nationaliste, à « s'équiper » de prothèses auditives, « à moindre frais ». Ces deux incidents de campagne montrent en tout cas à quel point cette présidentielle 2022 n'est pas comme les autres tant elle apparaît trustées par les thématiques clivantes, les dénonciations outrancières, les propos ravageurs. Nos amis américains ne seraient pas dépaysés si l'on compare au sketch de Donald Trump, l'ancien président américain à l'automne 2020. Et pendant ce temps, toujours pas de débat clair et audible. On y revient... Pourtant, il devrait être là. De façon apaisé, raisonnable, digne d'une démocratie comme la France. Mais il est confisqué par quelques-uns. Comment une démocratie aussi puissante telle que la France peut l'accepter ? Pourquoi est-ce si difficile de poser les enjeux pour l'avenir et les solutions pour que chacun puisse mieux vivre ? Et si on parlait culture ? Dans le souci de régler les maux d'une société post-covid et en pleine guerre sur le sol européen. On mérite tellement mieux.
Abdel Samari
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