FAIT DU JOUR Cereg, la matière grise des collectivités
Ingénieurs à Cereg, Benoît Phalippou et Sébastien Brujas ont racheté en 2013 leur entreprise. Un bureau d'études qui aide les collectivités, l'État et les investisseurs privés à monter leurs projets : route, éclairage public, traitement de l'eau…
Objectifgard : En quoi consiste votre activité ?
Sébastien Brujas : Nous sommes un bureau d'études et d'ingénierie. Lorsqu'une commune ou une agglomération réalise des travaux, elle fait d'abord appel à nous pour concevoir le projet. Ensuite, nous participons à la consultation des entreprises qui réaliseront le chantier, et nous le suivons jusqu'à la livraison.
Benoît Phalippou : Nous avons quelques centaines de clients, pour un chiffre d'affaires annuel de 8 M €. Nous sommes aussi bien capables de travailler avec une agglomération de 500 000 habitants qu'une commune de 100 habitants, comme Malons-et-Elze, en Cévennes. C'est une question de compétence et, nous sommes fiers de notre équipe !
Combien de salariés avez-vous justement ?
Benoît : Céreg est une entreprise de 80 collaborateurs, répartis dans le grand sud de la France. Notre siège social est à Nîmes et nous avons deux agences dans le Gard, à Alès et Bagnols. Nous sommes aussi présents à Montpellier, Toulouse, Aubagne, Rodez... On a décidé de déployer notre ingénierie localement. On s'aperçoit que lorsque les gens travaillent sur les lieux où ils vivent, ils sont plus impliqués dans les dossiers...
Sébastien : ...Quand vous refaites la route devant chez vous, vous avez envie qu'elle soit bien faite !
Citez quelques projets que vous avez réalisés.
Benoît : Les aménagements publics du centre ancien de Sauve (réseaux enterrés, éclairage public avec mise en valeur du patrimoine…). C'était un gros chantier de 5 M €, qui a duré cinq ans, dont deux années dédiées aux études. Actuellement à Caveirac, nous réhabillions la première déchetterie de Nîmes Métropole. Une opération de 1,6 M € qui devrait durer deux ans.
Objectifgard : Les collectivités sont vos principaux clients ?
Sébastien : Effectivement, elles constituent 95% de notre clientèle.
Sous le quinquennat précédent, l'État a réduit ses aides aux collectivités. Quelle conséquence sur votre activité ?
Benoît : Nous l'avons ressentie... Les collectivités ont engagé un peu moins de travaux. Alors, on s'est adapté en diversifiant nos activités et nos clients. On s'est tourné vers les industriels, les privés. On a développé nos missions techniques, comme le traitement de l'eau avec les nouvelles technologies. Par exemple : on travaille sur l'utilisation de membrane pour traiter l'eau usée et l'eau potable.
Sébastien : Notre objectif est de monter en gamme. Plus c'est complexe, moins nous avons de concurrence. C'est ce que l'on appelle un marché de niche !
L'an dernier, vous avez choisi de recentrer votre siège social à Nîmes (Arche Botti). Pourquoi ?
Sébastien : Nos principaux clients, ce sont Nîmes Métropole, la Ville de Nîmes, le SMEG (Syndicat mixte d'électricité du Gard). Ils sont tous installés à Nîmes. Les élus ont plutôt tendance à vouloir travailler avec des gens qui sont sur le territoire. Même si les marchés publics ne permettent pas de favoriser géographiquement une entreprise, on sait que c'est un atout dans une démarche globale.
Benoît : On voit aussi pour l'avenir... La loi NOTRe a transféré la compétence eau et assainissement aux communautés de communes. Elle détiennent aussi les compétences pluvial et gestion des déchets. Pour nous, l'acteur principal du territoire gardois aujourd'hui, c'est Nîmes Métropole.
En tant que chefs d'entreprise, quelles sont vos principales difficultés ?
Benoît : Les élus ont tendance à ne regarder que le prix de notre prestation et pas forcément la qualité... C'est le danger ! Nous, nous défendons un prix associé à une vraie qualité. L'ingénierie, c'est du temps et des têtes. Si on ne prend pas le temps et si on ne met pas les bonnes têtes pour concevoir et suivre les projets, malheureusement ça dévie très vite et ça peut coûter très cher à la collectivité.
Sébastien : Imaginez, une commune monte un projet à 1,5 M €. Si le bureau d'études s'est trompé dès le départ, ça peut entraîner une plus-value à la charge de la commune...
Benoît : Enfin, nous avons du mal à recruter : on n'arrive pas à trouver des collaborateurs pour réaliser les dessins techniques. C'est l'une de nos problématiques.
Propos recueillis par Coralie Mollaret