FAIT DU JOUR Générac ou l'art de vivre autrement
Au sud de la Costière, à deux pas de Nîmes et niché dans les collines, Générac est une commune vinicole et arboricole paisible où vivent à peine plus de 4000 âmes. Didier Lauga, Préfet du Gard, visitait le village où on a "L'art de vivre autrement".
La peur des nuages menaçants annulait la visite sur le terrain et c'est sur diaporama éclairé de quelques chiffres chics et phrases chocs que la visite du village débutait. "Cela fait très longtemps qu'un représentant de l'État n'est pas venu ici. Nous avons la chance d'avoir un Préfet qui est à l'écoute et qui comprend les enjeux des petites communes" entame Frédéric Touzellier, maire de Générac. Et pour cause, Didier Lauga devait venir l'an dernier vivre au rythme de la fête votive mais les attentats de Nice en ont décidé autrement. "Pratiquement sous tutelle avant notre élection il y a 10 ans, depuis, le dynamisme est revenu. Nous faisons, avec notre formidable équipe municipale un gros travail de fond, ce sont des gens compétents et de qualité" poursuit le maire.
À l'étroit dans sa Mairie, le Conseil municipal va d'ailleurs bientôt déménager au Château de Générac. Ne voyez pas là un quelconque signe ostentatoire mais le patrimoine est fait pour qu'on s'en serve... En plus, l'accès aux personnes à mobilité réduite est déjà opérationnel, quand il est défaillant en Mairie. L'essentiel demeure les actes quotidiens. "L'enfance, la solidarité, la vie associative, le patrimoine, la culture... Tout est important mais en 10 ans, nous avons investi 7 millions d'euros pour un unique emprunt de 290000 euros! Nous faisons des efforts et les comptes sont bons" continue Frédéric Touzellier qui ne compte pas s'arrêter là.
Les comptes sont bons mais pas forcément tous. Du côté du logement social, la commune est encore défaillante même si elle ne déraille pas. Une forte ambition règne près des rails et le secteur de la gare sera vite amené à changer. Avoir une stratégie économique spécifique, sans oublier quelques espaces immobiliers pour y développer la mixité sociale semble être le projet. À cela, ajoutez une touche écologique et une pensée pour les sportifs du dimanche, voilà, le tour est joué et le dossier sera déposé l'année prochaine au plus tard.
Recevoir le Préfet est aussi l'occasion de parler paperasse administrative, de déjouer les pièges d'épineux dossiers en cours, de donner les perspectives les plus fidèles et lointaines de sa politique communale... Générac va connaître un petit boum démographique. À l'instar de son voisin Beauvoin, le village prépare le changement. Augmentation des naissances veut dire classes supplémentaires, frais supplémentaires et soucis supplémentaires donc besoin d'aide financière. "Il faudra être au plus près de la réalité, être techniquement prêt et connaître parfaitement vos attentes et les contraintes si vous voulez voir aboutir les dossiers" affirme Didier Lauga qui assure le service après-vente (ou plutôt le service prévente) et qui distille les conseils au Conseil municipal à l'écoute. "D'ailleurs, merci d'être aussi nombreux, je sais à quel point la fonction d'adjoint ou de conseiller municipal est difficile. C'est très rare de voir autant d'élus, merci. Le chiffre qui m'inquiète le plus depuis mon arrivée en poste sont les 1000 élus gardois qui ont démissionné de leur fonction" avoue Didier Lauga un peu désemparé.
Contraintes hydrauliques et code urbanistique sont bien souvent les pires ennemis de l'élu. Là aussi, les conseils d'un Préfet accompagné de représentants de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer sont bénéfiques à l'équipe et remotivent les troupes.
Autre sujet sensible, la fête votive. D'une durée de quatre jours et demi, la fête n'est pas dans la ligne de mire du Préfet. "C'est une tradition magnifique, c'est super, je ne suis pas contre mais après 1h du matin, ça dégénère souvent et les forces de l'ordre en ont marre. Quand je suis arrivé en poste, on comptai 800 jours de fêtes dans le Gard. En un an, nous sommes à plus de 1000! Trop, c'est trop". Mais quand on est élu, rendre des comptes et justifier des décisions n'est pas chose aisée.
Pour preuve, des associations du village aimeraient prendre le relais et organiser elles-mêmes des animations pendant la fête votive. Pas super chaud pour leur laisser les clés (en plus ça fait quand même des frais), la Mairie ne veut pas vexer. "C'est important d'avoir des éléments de langage pour faire comprendre aux Généracois les raisons de nos choix. Nous avons beaucoup de sollicitations et comme certaines décisions ne sont pas forcément les nôtres..." relève un élu. "Écrivez-moi et je ferai un courrier qui expliquera bien la situation et la clarifiera sans état d'âme. On ne peut pas se permettre de jouer avec cela, nous sommes responsables et nous ne devons surtout pas dire oui à tout! Il ne faut pas être dans la psychose mais il ne faut pas non plus être dans l'insouciance. Dans le département, l'état d'urgence est inévitable. Nous sommes un des département de France avec le plus de personnes radicalisées et c'est un miracle qu'il n'y ait pas encore eu d'attentat" ajoute le Préfet qui comprend assurément la touche camarguaise dans la vie quotidienne et les traditions ancestrales du village.
Son musée de la tonnellerie, "et oui", sa circulade du fort, "aussi", ses lavoirs typiques et restaurés qui sont "jolis", ses arènes en plan "quasi octogonal" de 500 places "environ", sa gare rachetée par la municipalité il y a trois ans pour la modique somme de 100000 euros "hors taxes"... À Générac, l'art de vivre autrement n'est pas qu'un slogan, il se cultive réellement.