Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 19.04.2017 - thierry-allard - 4 min  - vu 311 fois

FAIT DU JOUR Législatives : la stratégie du FN pour éviter les faux-pas

La candidate du FN aux législatives sur la 6e circonscription Laurence Gardet, entourée par le secrétaire départemental du FN Yoann Gillet et le maire de Beaucaire Julien Sanchez (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Ce sont des erreurs de casting » : le secrétaire départemental du Front national Yoann Gillet n’y allait pas par quatre chemins pour qualifier deux élus du Gard rhodanien en décembre dernier.

Deux élus exclus du parti, et continuellement absents dans les assemblées où ils sont censés siéger. Deux élus symboles de ce que le parti lepéniste ne veut plus voir se reproduire.

La géographie, c’est important

Alors que Marine Le Pen est donnée par tous les sondages comme qualifiée pour le second tour, et que pour la première fois de son histoire le FN envisage de prendre le pouvoir, l’élection présidentielle ne doit pas occulter les législatives qui suivront en juin, cruciales pour obtenir une majorité parlementaire et gouverner réellement le pays. En d’autres termes, l’arbre Marine le Pen cache la forêt des 577 candidats de son parti.

Des candidats qui ont été cette fois triés sur le volet. Dans le Gard, le FN en a dévoilé quatre sur six, selon un modus operandi bien calibré. Des conférences de presse toujours réalisées dans une autre ville que le chef lieu de chaque circonscription : à Villeneuve pour la troisième, à Pont-Saint-Esprit pour la quatrième, à La Grand’Combe pour la cinquième et à Uzès pour la sixième. Une constante, mais pas pour les mêmes raisons : pour Villeneuve et Uzès, il s’agit de montrer que les deux communes plutôt bourgeoises et de droite républicaine ne sont plus « des terres de mission » pour le FN, selon les termes de Yoann Gillet. « Aujourd’hui on fait des scores incroyables » sur la sixième circonscription, poursuivait-il le 7 avril dernier à Uzès. Deux semaines avant, le maire de Beaucaire Julien Sanchez expliquait à Villeneuve que « ce n’est pas parce que c’est le canton où nous sommes les plus faibles que nous ne nous y intéressons pas. » Pour Pont-Saint-Esprit et la Grand’Combe, c’est une autre mayonnaise. Dans ces villes bien plus populaires, le FN vient chercher le symbole, celui de « la France des oubliés », affirmait Yoann Gillet à Pont.

Brigitte Roullaud, candidate sur la 4e, et Régine Bernard, sa suppléante, samedi matin à Pont-Saint-Esprit (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Des mères de famille de la « société civile »

Au delà de cet aspect géographique, la sélection des candidats — ou plutôt des candidates, seules des femmes ayant été investies officiellement pour l’instant — a été opérée très finement et validée au siège du parti par une commission nationale. Avant d’être investies, les quatre candidates connues de notre département ont dû faire leur preuves. Ainsi, Monique Tezenas du Montcel a été nommée responsable du parti sur la troisième en juin dernier, idem pour Brigitte Roullaud sur la quatrième, Daniela de Vido pour la cinquième et Laurence Gardet sur la sixième. Une manière de jauger leurs capacités à aller sur le terrain ou à contribuer à l’augmentation du nombre de militants.

Pour limiter les risques d’« erreurs de casting », le FN a investi plus que des responsables de circonscription : il a investi des élues. A l’exception de Brigitte Roullaud, les autres sont soit conseillères municipales, soit conseillères régionales, soit les deux. « Laurence Gardet est conseillère régionale depuis un an, ça lui donne une légitimité », estimait Yoann Gillet à Uzès. Des élues, mais pas trop. Lors des présentations, les responsables frontistes insistent lourdement sur le fait que leurs candidates viennent de la « société civile » : retraitée du secteur bancaire, commerçante ou mère au foyer. D’ailleurs, les candidates elles-mêmes se présentent systématiquement en mère de famille ou grand-mère, et la fillette de Laurence Gardet était dans la salle du Best Western pendant la conférence de presse à Uzès. Des mères de famille de la « société civile », de quoi s’identifier à l’électorat et le rassurer.

La candidate du FN sur la 3e circonscription Monique Tezenas du Montcel et son suppléant Jean-Marie Moulin, encadrés par Julien Sanchez et Yoann Gillet (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Une com’ maîtrisée

Leur profil validé, les candidates ne sont pas lancées dans le vide pour autant. Ainsi, elles ont interdiction de faire campagne pour elle avant le 7 mai, date du second tour de la présidentielle. « On fait les choses dans l’ordre », estime Yoann Gillet. Question discours, c’est un festival d’éléments de langage : généralement peu disertes, les candidates font le panégyrique du programme de Marine Le Pen et étalent leur optimisme pour la présidentielle. Tout juste les plus prolixes détaillent une ou deux propositions du programme présidentiel. Le local ? Si Julien Sanchez estimait à Uzès que son parti jouait « l’atout de personnes implantées sur le territoire », les questions des journalistes sur les problématiques propres à chaque circonscription se sont à chaque fois vues opposer la même réponse par les cadres frontistes départementaux : c’est une élection nationale et les futures députées « feront remonter les problèmes pour les résoudre au niveau national », dixit Yoann Gillet. « Notre programme c’est appliquer les 144 engagements de Marine Le Pen », expliquait Julien Sanchez à Uzès. Au moins c’est clair.

Daniela De Vido, candidate sur la cinquième circonscription et son suppléant Daniel Ranc, entourés de Yoann Gillet, Gilbert Collard et Julien Sanchez. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

La communication est également maîtrisée sur Internet. Si on peut raisonnablement penser que les profils des candidats sur les réseaux sociaux ont été passés au crible, pour éviter les polémiques qui ont pu émailler les élections précédentes, le FN veut garder le contrôle de la présence numérique de ses candidats jusqu’au bout. Ainsi, le parti frontiste a lancé un portail centralisé dédié aux législatives, avec un trombinoscope,  et une fiche par candidat. Une application mobile doit suivre.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio