FAIT DU JOUR Les oléiculteurs gardois face à la mouche bactrocera oleae
Face à la production naturellement aléatoire d’huile d’olives, les oléiculteurs sont confrontés à d’autres problématiques comme la bactrocera oleae, une mouche qui pond ses œufs dans l’olive et condamne des hectares d’oliviers.
Installée dans les mêmes locaux depuis 1924, l’huilerie de Beaucaire est l’une des deux coopératives que compte le département et comptabilise aujourd’hui près de 1 000 adhérents qui viennent faire distiller leurs huiles pour leur compte personnel ou pour la revente. Si, les quantités sont extrêmement variables d’une année à l’autre, environ 250 tonnes d’olives sont pressées et distillées ici chaque année. « Cela peut aller du simple au triple. L’olivier est très sensible aux aléas climatiques. S’il y a trop d’humidité, de la pluie ou du brouillard, la fleur coule et ne se transforme pas en olive » précise Jean-Charles Brunel, directeur de l’Huilerie Coopérative de Beaucaire où l’on produit une huile à l’appellation d’origine contrôlée et depuis 2004, une huile bio ainsi que d’autres gammes.
Outre ces variations très difficiles à anticiper, un autre problème majeur vient troubler la floraison de l’olive et mettre à mal la production : la bactrocera oleae, dit la mouche de l’olive. Un fléau qui ne date pas d’hier. « Cette mouche a toujours été là, mais elle devient très problématique depuis quelques années car il n’y a plus d’hivers froids » explique Cécile Combes, technicienne agricole pour un groupement d’entreprise des coopératives oléicoles du Gard et de l’Hérault. En poste depuis novembre 2015, elle intervient une fois par semaine chez les oléiculteurs pour du conseil en sanitaire, fertilisation, irrigation, ou dans la lutte contre les ravageurs.
Une mouche inféodée à l'olive
Ce qui inquiète précisément dans cette mouche, c’est la prolifération des colonies qui, d’une année sur l’autre, étaient réduites en grande partie lors des périodes de froid hivernal. Mais, réchauffement climatique oblige, elles s’accumulent et causent des dégâts irréversibles sur l’olive. « Comme tous les insectes, elle est inféodée à l’olive dans laquelle elle pond son œuf, qui se transforme en larve, puis en mouche. » La piqûre empêche la valorisation de l’olive en bouche, et le trou provoque une dégradation qui le rend inconsommable. Dans certains cas, c’est tout un verger qui est condamné, j’ai vu des cas très dramatiques où 70 % des olives étaient piquées. »
En 2014, les conditions climatiques étaient telles que la production d’olives sur l’ensemble de l’arc méditerranéen a été réduite à son minimum. Philippe Brun, oléiculteur de Beaucaire et propriétaire d’une centaine d’oliviers, en a fait les frais : « Les meilleurs années, je peux produire près d’une tonne d’olive. En 2014, j’en ai sorti 80 kg…c’était une usine à mouche. » Céline Combes ajoute : « Lorsque les températures tournent autour de 25 C°, qu’une source d’eau se trouve à proximité et que l’olive fait plus d’un centimètre, c’est l’idéal pour elle ».
Des solutions naturelles de plus en plus innovantes
Des solutions existent et sont de plus en plus innovante pour limiter l’utilisation d’insecticides. Des filets aux mailles très résistantes peuvent être placés sur chaque arbre afin de créer une barrière physique aux mouches, pour un coût d’environ 45 euros par filet. Un piégeage massif, anticipé dès mars ou avril peut se révéler très efficace ou, autre solution expérimentée depuis peu, l’argile blanche mélangée avec de l’eau et vaporisée par fines gouttes repousse la mouche qui ne pond pas dans l’olive.
L’été 2016 caniculaire et sec a permis de limiter sa prolifération. La disposition, la taille et l’emplacement des vergers sont des critères à prendre en compte afin d’anticiper au mieux la création de colonies. Pour se tenir informer, renseignez vous auprès de votre coopérative d’affiliation pour recevoir le bulletin d’information de l’AFIDOL (Association Française Interprofessionnelle de l’Olive) publié chaque semaine.
Baptiste Manzinali