FAIT DU JOUR Nîmes métropole concerte, les Nîmois désertent
Nîmes métropole en appelait à la concertation pour évoquer ses nouvelles dessertes de bus. Plus de douze ateliers et deux grandes réunions publiques dans l'hémicycle de l'Agglo après, on connaît les grandes lignes des projets de Nîmes métropole et ce que veulent les Nîmois et riverains des villages de l'agglo.
On ne va pas se poser en moralisateur mais qu'on ne nous dise pas que la parole des Nîmois est bridée ! Sur plus de 150 000 habitants de la cité des Antonin, vingt se sont présentés à l'ultime rendez-vous de la concertation en question. Quand on vous donne la parole, si vous ne la prenez pas, quelqu'un d'autre le fera à votre place mais il ne partagera pas forcément vos opinions. Et les enjeux du soir étaient importants.
Co-construire les mobilités d'aujourd'hui et de demain. La mise en service du deuxième tronçon de la ligne du TCSP T2, qui reliera la gare de Nîmes à Paloma, est programmée pour la fin de l'année. Comme l'assure l'intitulé de la concertation, "cette livraison s’accompagnera d’une évolution globale du réseau Tango afin d’apporter de nouvelles réponses aux besoins de mobilités des habitants de Nîmes métropole."
Aujourd’hui, 64 % des habitants du territoire se déplacent quotidiennement avec leur véhicule personnel et seulement 7 % utilisent les transports en commun. La restructuration du réseau a donc pour objectif de contribuer au développement de l’usage des transports collectifs et poursuivre l’engagement de l'Agglo vers une transition écologique la plus adaptée possible.
Nîmes métropole et son délégataire Transdev, en charge de l’exploitation du réseau Tango, mènent cette réflexion de restructuration du réseau depuis plusieurs mois. Études à l'appui et enquête ménages-déplacements (réalisée en 2015 mais visiblement valable dix ans, NDLR) en confirmation permettent de disposer de données précises concernant les pratiques de déplacement des habitants des 39 communes de Nîmes métropole.
Peu de monde pour la dernière
"Dessertes, fréquences, tracés : différents scénarios ont été imaginés et vont être soumis à consultation." Nous y voilà. Dans l'hémicycle de la collectivité, le dialogue de proximité engagé se poursuit pour une soirée supplémentaire. La dernière. Une petite vingtaine de participants s'est rassemblée ce mardi soir pour saisir la perche tendue de cette consultation citoyenne.
Le but du jeu est donc de recueillir les besoins exprimés par les usagers et non usagers, de collecter les commentaires et avis quant aux différents scénarios de restructuration envisagés à court terme, et d'alimenter la réflexion à plus long terme en pensant collectivement de nouvelles réponses aux mobilités de demain dans le cadre du Plan de mobilité (PDM) 2030. Pour y parvenir, 13 ateliers et deux réunions de travail étaient au programme entre les 25 janvier et 15 février dernier.
Un point sur la méthodologie de cet ultime rendez-vous. "D'où vous venez ? Si vous nous le dites on pourra adapter nos ateliers à vos secteurs", note en préambule l'animatrice de la soirée. Un premier temps de réunion plénière durant laquelle étaient présentées les habitudes de déplacements des Nîmois et les enjeux des mobilités puis, une session d'ateliers.
Efficacité, simplicité, rationalité
Sur un coût d'environ 40 millions d'euros pour le transport sur Nîmes métropole, le déficit est de 32 millions. Disons clairement sur sur ce genre de transport collectif, l'Agglo perd de l'argent. Pour Claude de Girardi, membre du bureau communautaire, déléguée au Transport routier de voyageurs urbain et périurbain, "on veut aller chercher des gens qui ne prennent pas le bus mais on ne peut pas tout faire à la fois. On cherche à équilibrer une proposition mais nullement la rentabilité, c'est un service public... Avec nos nouvelles propositions on met un million d'euros de plus. Pour justifier un transport collectif il faut qu'il y ait un peu de monde à l'intérieur."
Déplorant sans le dire le manque d'intérêt des Nîmois pour cette démarche citoyenne, la même poursuit : "Cette concertation n'est pas obligatoire mais nous voulons tenir compte de l'avis des usagers de nos transports en commun et de celles et ceux qui pourraient l'utiliser. Il y a dans l'agglo 270 000 habitants. Une navette de centre-ville, d'une quinzaine de places, sans station ( l'usager devra lever la main pour héler la navette, NDLR) et gratuite, pourrait desservir, de manière plus fine, le centre-ville de Nîmes. Il y aurait aussi des navettes inter-villages, d'autres pour desservir les zones d'activités..."
Une solution, rajouter des parcs relais à l'entrée de la ville pour limiter les voitures et les embouteillages qui vont avec. "Le territoire nîmois est hétérogène. Pour Nîmes on a fait sept zones et pour le reste de l'Agglomération en quatre. Les enjeux sont différents à Nîmes et dans les villages alentours. Nous voulons avoir des centres-villes et centres-bourgs avec moins de nuisances en développant les déplacements piétons et ceux à vélo", révèle Camille Allier, chargée mission, qui annonce aussi que ce sont les étudiants qui utilisent le plus les transports en commun. Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de ces changements, chaque participant à la séance a son petit kit avec explications, cartes, détails...
Développer le réseau en visant 2030
Si un déplacement sur deux, au coeur de l'Agglo, se fait au sein de la ville de Nîmes, Camille Allier reprend et voit plus loin : "Le PDM est en cours d'élaboration. Nous avons les éléments de diagnostic et quelques propositions mais rien n'est encore figé. L'idée est aussi de développer l'offre ferroviaire pour les habitants de Nîmes métropole. Il y aura les deux lignes du TCSP, des lignes "chronobus", des pistes cyclables évidemment. On aimerait aussi développer le covoiturage et l'autostop."
Gaetan Pellequer a quant à lui proposé le réseau "armature" imaginé par les équipes en place. Les deux lignes de TCSP existantes, une ligne T4 qui desservirait Marguerittes et le bassin situé à l'est de la ville (jusqu'à la gare de Nîmes-centre). Cette ligne va poursuivre sa course sur l'actuel itinéraire de la ligne T1 de la gare jusqu'aux zones commerciales au sud de la ville jusqu'à Caissargues toutes les 15 minutes.
Une ligne T3, express Vaunage au départ de Langlade (puis Caveirac), irait elle aussi en express en centre-ville via la plate-forme actuelle Laennec (CHU de Nîmes) puis l'avenue Kennedy. La T1 verrait le bus passer toutes les sept minutes (ou 10 hors heure de pointe et en périodes de vacances scolaires), la T2 itou, la T3 toutes les 20 minutes (une heure) et la T4 toutes les 15 minutes (30 minutes) l'objectif principal étant d'être plus rapide que la voiture. "Et un projet ferroviaire comme le tram-train ?" demande un jeune présent lors de la concertation. Réponse : le calendrier n'est pas du tout le même.
Des ateliers pour peaufiner... ou apprendre !
De son côté, Ludovic Martin directeur général Transdev Nîmes mobilité, est clair : "L'idée en atelier est de vous faire réagir sur des propositions ainsi que sur des propositions alternatives en vous positionnant. Nous voulons créer des liens efficaces sur les lignes fortes. On va doper quelques lignes. Certains tracés des lignes, 6 et 7 par exemple, pourront évoluer pour renforcer les secteurs Georges-Besse et 7 collines. Il en va de même pour Courbessac. Nous voulons juste renforcer l'efficacité du réseau, recueillir vos avis et échanger nos points de vue."
Deux ateliers feront la maille du soir. Le premier concerne les riverains de la "Route d'Uzés, de Courbessac, de Calvas, de Nîmes-centre" était animé par Emmanuelle et Gaétan. Le second, réservé aux riverains de la "Cigale, Capouchiné, Costières, Garrigues ouest et nord et Castanet" était animé par Catherine et Hugo. "Je vois qu'on a les mêmes problèmes", plaisante une participante. "Oh que oui, j'ai voulu venir mais nous sommes peu. Même en participant à ces ateliers je ne vois pas comment ils pourraient prendre en compte ce que nous voulons. Nous ne sommes peut-être pas trop représentatifs !", craint une autre.
Voir plus loin que son cas personnel
L'exercice d'échanges et de discussions permet à de nombreux participants d'en savoir plus sur l'actuel réseau. Y compris de découvrir des services qu'ils ne connaissaient pas comme, par exemple, le relais de la compagnie de taxi de Nîmes (transport à la demande) quand les bus ne suffisent pas. "Je vois qu'en 30 ans, le bus qui passait ne passe plus. Le service s'est détérioré et je ne connaissais pas cette histoire de réservation." Pour l'animateur Hugo, "les lignes sont adaptées aux usagers et les usages changent. Sur la 71, on parle de 25 personnes par jour. On ne peut pas avoir un minibus qui circule toute la journée à vide. On les maintient mais on essaie de trouver des solutions comme le transport à la demande."
Pour un autre participant, "il me paraît fondamental que vous veniez participer aux assemblées des comités de quartier pour nous dire, de vive voix, les évolutions des transports. L'urbanisation est galopante en garrigue et le réseau ne semble pas suivre. En tout cas l'habitat se densifie mais tout évolue fortement." L'Agglo est déjà en connexion avec les comités de quartier via les sept conseils de quartier de Nîmes. Pour une autre participante, "ce genre d'information pourrait se retrouver dans les journaux de l'Agglo et de Nîmes. On pourrait aussi augmenter les fréquences de certaines lignes." Catherine et Hugo font preuve de sensibilité et d'écoute.
Une bonne concertation
Des usagers se plaignent et pensent à leur utilisation des transports en commun quand il faudrait voir plus large. Par chance, les deux animateurs connaissent leurs dossier et les usagers présents discutent librement, proposant tantôt des alternatives, suggérant tantôt des idées. Bref et même si seule une vingtaine de personnes est venue au rendez-vous de cette concertation, parler n'a jamais fait de mal et espérons que ces ateliers soient suffisamment représentatifs des usages à venir. "Des échanges francs, directs et sincères", pour Ludovic Martin.
Claude de Girardi conclut : "Merci à tous d'être encore là après toutes ces discussions. On comprend que vous êtes attaché aux transports en commun. Nous sommes à la recherche d'une bonne gestion des deniers publics et d'un réseau qui s'équilibre bien entre l'urbain et le périurbain. 38 autres communes que Nîmes ont elles aussi des attentes. Nous ferons une grande synthèse des 15 réunions qui ont eu lieu sur le territoire (huit à Nîmes et sept sur le périurbains, NDLR). Des choses pertinentes apparaissent. Maintenant nous allons voir tous les scénarios et arbitrer tout ça. Transdev devra, dès le printemps, se mettre au travail. Ce qui sera proposé en septembre 2022 n'aura aucun caractère définitif. Nous aurons toujours la possibilité de discuter avec les usagers, n'ayez pas d'inquiétudes !"