FAIT DU JOUR Tous en rouge pour embraser les Costières
Pour le compte de la 35ème journée de Ligue 2, le Nîmes Olympique, 3ème avec 55 points, reçoit ce soir à 20h aux Costières dans une ambiance de feu, l'Association de la Jeunesse Auxerroise, 17ème avec 36 points. Les Crocos fêtent leurs 80 ans et les Gladiators célèbrent leur 25ème anniversaire. Victoire impérative pour poursuivre le rêve de Ligue 1.
Dress code oblige, ce soir c'est tous en rouge aux Costières! C'est la consigne à suivre pour ce match de gala. Face à l'AJA, le Nîmes Olympique fêtera ses 80 ans, le groupe de supporters des Gladiators soufflera ses 25 bougies, l'équipe tentera de rester accrochée à ses rêves d'élite et le stade sera quasi rempli.
Hier soir le site Internet du club était à la peine et la billetterie prise d'assaut. "Ah bon? (NDLR Il se tourne et demande confirmation) Ça peut apporter énormément!" lâche Bernard Blaquart, l'entraîneur du Nîmes Olympique en parlant d'une rencontre qui risque de se jouer à guichets fermés. Et de reprendre "Il faut jouer notre jeu. Je sens un groupe concentré et concerné. Depuis un bon moment on ne pense qu'au match suivant, toujours le match suivant. Il n'y a pas d'objectif, en début d'année une dixième place aurait été un bon résultat au vu des moyens mais si on rate la montée ça serait vraiment dommage".
Et pour cause. Les Crocos planent. Du portier au buteur, les joueurs trustent les premiers rôles de la Ligue 2. Téji Savanier, meilleur passeur du championnat avec 11 offrandes dont 10 sur phases arrêtées est comme Sofiane Alakouch et Rachid Aloui (blessé), une révélation de la Ligue 2. Les Briançon, Azouni, Ripart, Marillat, Thioub, Kouakou... n'ont pas à pâlir, ils sont aussi dans le coup. "Je pensais avoir tout vécu à Bastia mais là... C'est que du bonheur! On est 24, personne ne se croit plus beau que l'autre, nous sommes en osmose. C'est une vraie fierté d'être le capitaine de ce groupe combattant, à l'écoute, extraordinaire quoi... J'apprends tous les jours!" avoue l'expérimenté Fethi Harek. Et Bernard Blaquart abonde, "Nos joueurs savent tous d'où ils viennent. Il y a encore 12 ou 18 mois, beaucoup étaient au placard, en manque de jeu ou loin de leur niveau actuel. Aujourd'hui ils ont confiance en eux et ont conscience de leurs qualités. Ils n'ont pas une grande expérience mais beaucoup ont encore des progrès à faire, c'est ce qui est intéressant quand on entraîne. Ils bossent et progressent".
Les Nîmois ont déjà pris 30 points depuis le début de la phase retour, plus que n'importe quelle autre équipe de Ligue 2. De son côté, l'AJA lutte pour son maintien. Même si les "petits" ne réussissent guère aux Crocos, le match du jour est décisif. Il ne faudra pas trembler devant des tribunes bien garnies... "La difficulté, c'est Auxerre! Il n'y aura pas d'excès de confiance de notre part" confirme le coach. "Il y a deux équipes détachées et quatre rapprochées. Nous sommes sur le podium et tenterons d'y rester! On essaie de prendre les choses du bon côté, c'est que du bonus mais j'espère que nous ne serons pas rattrapés par l'enjeu. On doit jouer avec nos armes sans être paralysé".
Des moments rares dans la vie d'un club, une soirée d'exception qui pourrait être gravée dans l'histoire du NO. "On doit garder le même état d'esprit, jouer, aller de l'avant, marquer des buts, prendre du plaisir, jouer au foot est notre métier mais il faut aimer faire ce que l'on fait pour gagner!" conclut le capitaine Harek.
Nîmes Olympique : Un peu d'histoire...
Fondé le 12 avril 1937 après la disparition du Sporting Club Nîmois, l'ancien club professionnel de la ville créé en 1901, le Nîmes Olympique fêtera ce soir ses 80 ans en accueillant Auxerre. Champion de France de 2e Division dix ans après sa création, le NO accède à la 1ere Division et s'y installe durablement, terminant même à trois reprises à la deuxième place derrière l'intouchable Stade Reims et disputant deux finales de Coupe de France à la fin des années 60.
Relégué en 2e division à la fin des années 70, le NO retrouve sa place dans l'Élite et participe à ses premières rencontres en Coupe d'Europe. Dans le même temps, les Nîmois terminent une nouvelle fois à la place de dauphin, derrière l'Olympique de Marseille. Devenu un adepte des descentes-remontées durant une dizaine d'années, le club tombe en 3e division au mitan des années 90 avant de remonter à la fin de la décennie. Ce qui n'empêchera pas les Crocos de disputer une nouvelle finale de Coupe de France en 1996... Contre l'AJA. Après plusieurs tentatives infructueuses, ce n'est qu'à la fin des années 2000, que le NO retrouve le giron professionnel et s'installe en Ligue 2.
Paroles de supporters
Christian Maurin. 64 ans. Retraité de la SNCF. "J'ai toujours suivi Nîmes Olympique. En 2013 j'ai pris un abonnement que j'ai renouvelé trois ans. Autrefois, NO était une grande équipe. À l'époque elle jouait au stade Jean-Bouin. Je garde un souvenir précis de certains joueurs comme Marcel Boiron, décédé depuis, qui après sa carrière était devenu chauffeur de taxi. Il a été un des premiers Nîmois à aller jouer à l'étranger, en Autriche. Je me souviens aussi de René Girard, Michel Mézy et des gardiens Luigi Landi et Stéphane Dakoski. Ce vendredi je ne serai pas au stade, où je ne vais plus, mais je les soutiendrai devant la télé !"
Jean-Alain Guiba. 55 ans. Responsable de déchetterie. "Je suis le NO depuis l'âge de 12 ans. Mon voisin, M. Hugo, était à l'époque le kiné de l'équipe et il m'emmenait à Jean-Bouin. Je me souviens d'un Nîmes-OM dans les années 70. Enfin je crois, mais je ne suis pas sûr : je ne me souviens pas bien des dates ! Je me rappelle bien par contre qu'il y avait tellement de monde dans la tribune adossée à celle de notre gardien Landi qu'elle s'est effondrée ! J'étais à l'école avec son fils, Vincent, et le jeudi on allait jouer au foot chez lui... Une autre fois, pour un Nîmes-Saint-Étienne, le stade était plein comme un œuf. Les spectateurs s'étaient sagement assis en tailleur autour de la pelouse. Tout s'était passé sans anicroche. Maintenant ce ne serait plus possible... Je me souviens aussi de l'épopée des Vergnes, Kabyle, Kalab, Mézy, Adams. Le pauvre est dans le coma depuis 30 ans après une opération chirurgicale manquée... Un autre souvenir croustillant c'est le jour où on s'était qualifié contre Montpellier en Coupe de France 2-0 et que tout le public nîmois a chambré Louis Nicolin en lui chantant de retourner à Montpellier à cheval ! Pour le match de ce soir j'ai déjà mon billet que j'ai pris sur Internet. Cette année, après un bon parcours, on est dans les trois premiers. C'est très bien et j'espère qu'on va gagner. Mais si on monte en Ligue 1, est-ce qu'on aura le budget pour pouvoir y rester ? Il faudra aménager le stade pour la sécurité et refaire la pelouse, etc."
Dominique Riera. 29 ans. Poissonnier. "J'appartiens au club de supporters des Gladiators. On est dans la tribune pesage avec des sièges en laine de verre qui nous grattent le cul ! Mais on s'en fout, on est toujours debout en train de chanter. Ce soir on va tous venir habillé en rouge et on allumera les portables à la 80e minute du match pour marquer le coup pour les 80 ans du NO. Je suis supporter du NO depuis que je suis né. Quand on est de Nîmes, c'est inscrit dans les gènes. Je me rappelle des matches de Coupe de France contre Saint-Étienne, Sochaux ou Auxerre -notre bête noire !-. Mais aussi de déplacements et des derbies contre Montpellier. Ce soir, tous au stade !"
Raymond Guillaud. Ancien journaliste-pigiste au Midi Libre. "Cela fait 17 ans que je n'ai pas mis un pied au stade mais avant j'y étais tous les jours à l'entraînement pour faire des reportages. J'ai des souvenirs en pagaille. Je faisais les déplacements en train avec l'équipe à l'époque de Kader Firoud. Je me souviens de l'équipe : Dakoski, Fornetti, Golinski, Campo, Barlaguet, Skiba, Akesbi, Rahis, Salaber, Bandera... Beaucoup, sont aujourd'hui décédés. Pour la montée en Ligue 1 ce serait bien mais je crains que l'on n'ait pas le tissu économique nécessaire pour survivre...''
Propos recueillis par Philippe Gavillet de Peney et Anthony Maurin
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