FAIT DU JOUR Une feria des Vendanges pas comme les autres?
En ville depuis mardi, les camions s'activent, les tentes s'élèvent et les voix habituellement fluettes deviennent plus criardes. Pourquoi? La feria des Vendanges démarre ce soir et promet une fête populaire aussi bien dans les arènes que dans les rues.
Cette feria des Vendanges cru 2017 ne sera peut-être pas comme les autres. Toujours le souci sécuritaire en ligne de mire, toujours le problème commercial du centre-ville de Nîmes, toujours le tracas du stationnement et toujours les ennuis financiers après une rentrée bien chargée. Ces Vendanges seront peut-être une charnière dans la manière de vivre la feria et de faire la fête.
La corrida est-elle en danger? Elle ne va peut-être pas très bien mais elle résiste, à la manière d'un toro brave qui va au combat sous le fer du picador. Venant aux arènes malgré les inconvénients, les insultes et les outrages permanents, les aficionados français tiennent bon quand les espagnols flanchent un tantinet.
Mais ici, c'est Nîmes! Déjà, dans les arènes, si les Nîmois venaient à suivre l'exemple de leurs voisins arlésiens, la ville ne verrait plus que deux corridas organisées le samedi soir et le dimanche soir avec rien d'autre autour. Faute. Nîmes n'est pas Arles, tient à ses toros et à faire rayonner leur belle économie jusqu'aux portes de boutiques et des bodegas de la ville. Dès ce soir, ce sont une novillada, une corrida d'alternative, un mano a mano, une corrida mixte et une corrida formelle qui seront au programme de l'aficion.
Le vent de jeunesse et d'insouciance qui soufflera sur les arènes ce soir rafraîchira les plus échaudés. Samedi? En matinée l'alternative d'un minot arlésien, Andy Younes, qui a triomphé à de multiples reprises à Nîmes. Et l'après-midi, un mano a mano inédit dans les arènes entre le Français Sébastien Castella et le génial Enrique Ponce. Enfin, la journée dominicale verra un autre Arlésien, Juan Bautista, s'illustrer au côté du jeune prodige Gines Marin et du centaure Pablo Hermoso de Mendoza. En guise de clôture, trois maestros à la tauromachie colorée et au cerveau bien formé enflammeront les étagères par leur sens du devoir.
La feria ne serait rien sans son coeur, les arènes mais elle n'existerait pas sans son âme, les bodegas. Etat d'urgence oblige, la sécurité y sera une nouvelle fois renforcée et ce n'est pas la présence affirmée et annoncée des animalistes venus de divers mouvements (dont les anti corrida) qui fera changer les choses... On parle ici de terrorisme et de peur quotidienne. Les hôtels particuliers seront bondés, les rues seront bien garnies et les boulevards fluidifiés vivront au rythme des rondes exécutées par les forces de l'ordre.
Les commerçants attendent impatiemment les premières heures de la fête pour prendre la température de la saison hivernale à venir. Si les festaïres répondent "présent" au rendez-vous, les commerçants souffleront un peu et prendront de l'avance pour une période qui s'annonce d'ores et déjà compliquée. De plus, inscription à l'UNESCO oblige, les Nîmois n'ont plus le droit à l'erreur. Nous entamons la dernière ligne droite avant la réponse qui sera donnée en juillet 2018... Autant dire que cette feria est la feria de tous les dangers mais surtout de toutes les envies.
Oui, le terrorisme existe partout sur le territoire national. Oui, les toros meurent dans l'arène sous les acclamations du public. Oui, la consommation d'alcool est parfois abusive. Oui, les contrôles routiers sont conséquents... Mais oui, les Gardois feront la fête, ensemble et toujours autour de passions communes et de rêveries mutuelles. C'est ça la feria de Nîmes, qu'on se le dise.