FAIT DU JOUR Vignobles : vers un Grand Cru des Costières de Nîmes
L'AOC Costières de Nîmes opère une hiérarchisation de ses vins afin d'aboutir, à terme, à l'avènement d'un Grand Cru.
Les vendanges 2016 sont bouclées et annoncent des volumes réduits par rapport à 2015. En cause, une climatologie néfaste qui concerne l'ensemble des vignobles français. Pour exemple, environ 47 millions d'hectolitres étaient commercialisés par an il y a peu, contre seulement 40 millions aujourd'hui. "Je vous laisse imaginer le déficit que cela engendre sur les balances commerciales" lance Bernard Angelvas, président de l'AOC Costières de Nîmes.
Des paramètres qui n'empêchent pas l'appellation de se projeter vers le futur. À l'instar des concurrents du terroir français qui peuvent se targuer d'afficher de grands vins, l'AOC Costières de Nîmes entame une refonte dans la classification de ses vins. Une hiérarchisation longue, "certains s'y sont pris dès 1936. Mieux vaut tard que jamais", mais qui pourrait faire prendre du galon aux vignobles gardois. "Nous allons cibler les meilleurs terroirs qui ont permis de construire des vins à plus grande notoriété."
"Il a fallu trouver un point d'entente"
Calqué sur l'organigramme des voisins en Côte du Rhône, cette hiérarchisation pyramidale se divisera en trois strates avec un premier niveau simplement étiqueté AOC Costières de Nîmes, un second reprenant les dénominations géographiques. Deux ont été retenues : Saint-Roman pour la zone nord, Franquevaux pour la zone sud, deux noms qui ont longuement été débattus afin de n'oublier personne. "Il a fallu trouver un point d'entente entre les vignerons" ajoute Bernard Angelras.
Si quelques vignerons se sont montrés peu emballés par l'idée, force est de constater qu'elle pourrait faire entrer l'appellation dans une nouvelle ère, plus qualitative, jusqu'à ce qu'un Grand Cru se détache et n'atteigne donc la troisième strate de la hiérarchisation. Un Graal pour lequel il faudra s'armer de patience, car rien n'est acté avant la validation par l'INAO (Institut National de l'Origine et de la Qualité) où le dossier a été déposé en juin dans l'attente d'être recevable. "Les vignerons n'avaient peut-être pas imaginé d'avoir une strate de hiérarchisation des vins Costières. Cela engendre une part de réflexion parmi les vignerons, et une certaine remise en question." Car, qui dit qualité, dit normes de production plus restrictives.
Lancé depuis trois ans, le processus peut s'avérer long et fastidieux. Mais il engendre dans son sillon une dynamique de partage et d'échange entre les vignerons de l'AOC forcément positive pour la marque Costières de Nîmes. "On déguste avec son voisin, on partage. On entre dans la cours des grands, c'est comme cela qu'on y arrivera" estime le président de l'appellation gardoise.
En attendant, les vendanges 2016 annoncent un millésime au taux d'acidité élevé, signe de fraicheur pour les vins rosés, et de bonne tenue pour les rouges.
Baptiste Manzinali