HOMME DE L’OMBRE Alès : Nicolas Ferrière, la jeunesse prometteuse
Nicolas Ferrière, 28 ans, a déjà l’âme d’un homme de l’ombre. Attaché parlementaire du député socialiste Fabrice Verdier et conseiller municipal à Saint-Hilaire-de-Brethmas, il œuvre quotidiennement dans les coulisses de la politique locale.
Lunettes vissées sur le nez, smartphone greffé à la main, tenue impeccable : Nicolas Ferrière a la parfaite allure d’un collaborateur politique connecté et efficace. Encore inconnu il y a quatre ans dans le paysage alésien, le jeune homme est en train de se faire, sans en avoir l’air, un nom et une réputation.
Né à Alès en 1988, Nicolas Ferrière a grandi à Caveirac puis à Nimes. Bon élève, le Gardois quitte son département natal pour suivre la voie royale, Sciences Po, à Grenoble. « Au départ, j’étais plutôt destiné à la recherche. Je me voyais bien continuer en doctorat mais j’ai échoué aux oraux d’entrée de l’école normale supérieure », raconte-t-il. Un échec qui le pousse à se lancer dans la vie active, d’abord à Paris, en tant que rédacteur d’entreprise.
Les métiers liés à la politique le chatouillent alors de plus en plus. « Je n’étais ni militant, ni intégré aux réseaux. J’étais un observateur extérieur avec des convictions fortes, plutôt d’extrême gauche », confie-t-il. Avec le temps, ses idées se modèrent mais restent à gauche.
Au hasard d’une rencontre, il candidate en 2013 pour accompagner Fabrice Verdier. Lors du premier entretien, les traits de sa personnalité n’échappent pas au parlementaire : « Il m’a fait une très bonne impression. On sentait la rigueur, le sérieux, la motivation et la préparation de l’entrevue. Il a appris très vite. Je n’ai pas du tout été déçu ».
Un caractère bien trempé
Des qualités que même ses détracteurs reconnaissent. Béatrice Bernard-Chamson, adjointe à la mairie de Saint-Hilaire-de-Brethmas, où Nicolas Ferrière est élu depuis 2014, décrit quelqu’un de passionné, extraverti, aux fortes capacités d’analyse. Mais elle lui prête aussi plusieurs défauts : « Il est assez sanguin et impulsif. Un jour, en pleine réunion, il m’a menacé de me sortir de la majorité à coups de pieds dans les fesses. Il ne s’est jamais excusé ».
Cette impulsivité, ses proches la pratiquent régulièrement. « Par souci de bien faire, il peut être parfois dans l’extrême, mais depuis que je le connais il y a de l’évolution », constate Arnaud Bord, permanent à la fédération PS du Gard et ami de l’attaché parlementaire. Fabrice Verdier renchérit : « Nous avons déjà eu deux ou trois discussions orageuses. C’est quelqu’un de coléreux et d’impatient ».
Double influence
Malgré tout, le député a trouvé son homme de confiance. « Nicolas prolonge l’image que l’on a de moi. Il devient quelques fois mon suppléant, mon porte-parole et joue son rôle de conseiller ». Son influence est déjà bien réelle : « Il m’a parfois amené à changer d’avis sur certaines personnes et sur mes modes de communication ». Récemment, l’élu de l’Assemblée nationale a lancé un appel à projets pour les associations. Nicolas n’est pas étranger à cette initiative. « Sans lui, je ne l’aurais peut-être pas fait », reconnaît Fabrice Verdier.
A Saint-Hilaire, son influence auprès du maire Jean-Michel Perret semble moindre mais loin d’être inexistante. Sur la mise en place du référendum au sujet du golf, « j’ai été plus que moteur et pendant longtemps le seul à le défendre », se targue-t-il. Pour Arnaud Bord, intégré à la vie associative du village, « Nicolas apporte une vision plus politique à une commune de 5 000 habitants, un vent de fraîcheur et une fougue liés à sa jeunesse »
Si le conseiller municipal de 28 ans défend aujourd’hui ses idées avec autant de ferveur, qu’en sera-t-il dans 20 ans ? « Il fera un grand directeur de cabinet. Je pense qu’il est plus ambitieux professionnellement qu’électivement », estime Fabrice Verdier. Nicolas confirme, même s’il semble naviguer à vue : « Mon avenir est flou. J’aimerai peut-être monter une entreprise. Je suis ouvert aux opportunités mais je ne tiens pas particulièrement à être exposé médiatiquement ». Béatrice Bernard-Chamson, quant à elle, reste mitigée : « Sa fonction actuelle est un tremplin, mais pour aller plus haut, il devra mettre de l’eau dans son vin ».
Éloïse Levesque et Élodie Boschet
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