LUNDI SANTÉ Le nombre de médecins généralistes en chute libre aussi dans le Gard
La tendance n’épargne pas notre département : il y a de moins en moins de médecins généralistes, ces docteurs du quotidien.
D’après le baromètre de la démographie médicale publié il y a quelques semaines par le Conseil National de l’Ordre des Médecins, la situation est préoccupante.
Des disparités entre bassins de vie
672 médecins généralistes exerçaient au 1er janvier 2016 dans le Gard, soit 9 médecins pour 100 000 habitants. Un chiffre en baisse de 15,5 % par rapport à celui de 2007.
Une baisse importante, mais pas unique dans le sud : ainsi, l’Hérault voit son nombre de médecins généralistes plonger de 9,6 %, et de l’autre côté du Rhône, ce chiffre chute de 19,3 % dans les Bouches-du-Rhône et de 20,4 % dans le Vaucluse.
Et dans le Gard, des disparités se font jour entre les différents bassins de vie. Si aucune zone du département n’est classée en « densité forte » par le conseil national de l’ordre, les bassins de Nîmes, Uzès ou encore Bagnols sont correctement pourvus. Pourtant, sur ces zones aussi le nombre de médecins généralistes chute : - 14,5 % à Nîmes, - 13 % à Bagnols, - 6,9 % à Uzès. D’autres tirent leur épingle du jeu : ainsi, le bassin de vie d’Aigues-Mortes a progressé de 20 % et compte désormais 12 médecins généralistes, et celui de Quissac voit une augmentation de son nombre de généralistes de 37,5 % (11 médecins).
Les Cévennes souffrent, les petites villes aussi
En revanche, d’autres bassins de vie n’ont qu’une densité faible de généralistes. A commencer par celui d’Alès, où on dénombre 96 généralistes, soit 8 pour 10 000 habitants, en baisse de 21,3 %. Globalement, les Cévennes souffrent d’un manque de docteurs du quotidien. Ainsi, les bassins de vie de la Grand’Combe et de Saint-Ambroix n’ont que 1,7 et 3,2 médecins pour 10 000 habitants et accusent des chutes vertigineuses de leur nombre de généralistes : - 75 % pour la Grand’Combe et - 50 % pour Saint-Ambroix.
En dehors des Cévennes, le bassin de vie de Pont-Saint-Esprit souffre aussi, avec 11 médecins, soir 6 pour 10 000 habitants, un chiffre en chute de 31,3 %. Plus au sud, le bassin de Beaucaire est lui aussi préoccupant, avec 26 généralistes, soit 6,2 pour 10 000 habitants, en chute de 36,6 % tout comme celui de Saint-Gilles : 7 généralistes soit 5,1 pour 10 000 habitants, en baisse de 41,7 %.
Pour ces derniers cas, ces chiffres peuvent paraître surprenants, les bassins de vie concernées étant tous articulés autour de villes de plus de 10 000 habitants, surtout au regard de la situation des bassins bien plus ruraux du Vigan ou de Saint-Hippolyte-du-Fort, qui comptent respectivement 8,8 et 11,1 généralistes pour 10 000 habitants.
Le médecin gardois a 52 ans en moyenne
Et s’il y a de moins en moins de médecins, c’est que leur population vieillit. Globalement, toutes spécialités confondues, près d’un tiers des médecins en exercice ont 60 ans ou plus (28,5 %), une valeur légèrement au dessus de la moyenne régionale, qui est de 26,4 %, et l’âge moyen du médecin gardois est de 52 ans.
Face à ce constat, le Conseil National de l’Ordre des Médecins a lancé une grande consultation qui a débouché sur un livre blanc publié en janvier dernier. Dans ce livre, trois priorités sont identifiées : « la simplification de l’organisation territoriale des soins avec la mise en place d’une gouvernance partagée entre acteurs et usagers, l’allégement et le décloisonnement de l’exercice professionnel des médecins et l’ouverture et la professionnalisation de la formation des médecins. »
D’une manière générale, le Conseil National de l’Ordre des Médecins demande « un dialogue constructif avec l’ensemble des parties prenantes », en vue de déboucher sur une réforme. Une réforme qui semble aujourd’hui de plus en plus urgente, sous peine de transformer des territoires complets en déserts médicaux.
Thierry ALLARD