MARDI ÉCO Industrie : Gambi-M, jeune entreprise bagnolaise innovante
BIM. Derrière cet acronyme se cache le building information modeling, à savoir la modélisation 3D d’un bâtiment.
C’est sur ce marché que se lance la jeune entreprise innovante Gambi-M, basée à Bagnols.
Des maquettes numériques enrichies
« À partir de techniques laser ou autre, on va placer des scanners l’intérieur d’une installation pour créer une maquette virtuelle enrichie », explique Franck Martin, ingénieur arts et métiers de formation, président de Gambi-M. Et si cette maquette est enrichie, c’est qu’elle comportera un certain nombre d’informations : « s’il y a un tuyau, on va être capable de connaître le diamètre, le fluide qu’il contient et son poids, des informations très importantes pour préparer des scénarios de démantèlement, surtout dans des installations contraintes, comme dans le nucléaire », poursuit son associé et directeur général de l’entreprise Christian Père, lui aussi ingénieur arts et métiers. Leur entreprise travaille déjà sur la maquette numérique BIM de l’atelier de vitrification de Marcoule.
Les deux hommes savent de quoi ils parlent : copains de promo, ils comptent des entreprises comme Airbus ou Areva sur leurs CV. Lorsqu’il y a un peu plus d’un an, Franck Martin quitte Areva dans le cadre du plan de départs volontaires du géant du nucléaire, il prend contact avec son ami, installé en Bourgogne. Christian Père, par ailleurs enseignant-chercheur spécialisé dans le numérique, finira par s’installer à Laudun.
Des expériences combinées qui leur permettent d’œuvrer sur un deuxième corps de métier, l’assistance à maîtrise d’ouvrage sur les sites industriels contraints. Ainsi, Gambi-M travaille actuellement avec l’entreprise SAT sur le désavantage de la centrale thermique EDF de Martigues-Ponteau.
R&D et actionnaire prestigieux
Mais ce qui fait le plus vibrer les deux associés, c’est la recherche et le développement. « C’est un axe fort », affirme Franck Martin. Ainsi, la jeune entreprise participe à un concours de soutien à la création d’entreprises innovantes de la Banque Publique d’Investissement avec un projet nommé OSCAR. « OSCAR, pour opérateur scanner autonome robotisé, décrypte Christian Père. L’objectif est de créer un robot volant, un drone équipé avec une intelligence artificielle qui va pouvoir de manière autonome numériser une installation. » Un projet pour lequel « il reste encore des verrous scientifiques et techniques », précise le directeur-général de Gambi-M.
« Il y a des verrous à lever, mais ils ont les capacités de le faire », estime pour sa part le directeur général du bureau d’études EGI, filiale du groupe international Ponticelli Christophe de Amorim. C’est que Ponticelli, industriel qui emploie 5 500 personnes à travers le monde, croit en cette nouvelle pépite bagnolaise. Ainsi, l’entreprise a acté jeudi à Bagnols son entrée au capital de Gambi-M à hauteur de 30 %. « C’est un énorme coup de pouce, ils croient au projet et cherchent des synergies », se félicite Franck Martin.
« L’entreprise bénéficiera aussi de l’aura d’un grand groupe industriel, aux débouchés plus larges que le nucléaire », poursuit Christophe de Amorim. Pour le directeur général du groupe Ponticelli, François Lefebvre, les projets de Gambi-M sont une opportunité : « nous avons 80 clients en maintenance en France sur 80 sites distincts, et on pourrait bien avoir besoin d’une expertise à distance, les outils de simulation numérique nous intéressent. » Ils intéressent également le président de l’agglo du Gard Rhodanien Jean-Christian Rey, venu saluer « un exemple très important pour notre territoire. »
Car, si pour l’heure Gambi-M ne compte que 3 salariés, elle passera à 5 « d’ici l’été, avec l’arrivée d’un docteur-ingénieur pour étoffer notre recherche et développement, et on recherche un développeur-programmeur, on sera probablement 7 d’ici la fin de l’année », précise Christian Père. Pour 2017, l’entreprise, qui vient de trouver ses locaux sur la zone de Berret, compte déjà 300 000 euros de chiffre d’affaires de commandes déjà rentrées, un début plus qu’encourageant.
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Pourquoi Gambi-M ? C’est vrai que ce nom est surprenant, sauf si vous êtes joueur d’échecs : « ça vient du gambit du roi, une ouverture stratégique aux échecs, explique Christian Père. Le M est pour management, et pour le BIM. » « C’est une ouverture peu orthodoxe mais qui a une efficacité redoutable », commente Jean-Christian Rey.
Thierry ALLARD
