MERCREDI MINOTS Le hand spinner, "pour être à la mode, il en faut un"
Chaque semaine ou presque, Objectif Gard se déplace dans une école gardoise pour écouter les enfants parler d’actualité. Cette fois-ci, on parle du phénomène hand spinner avec des élèves de CM1 et CM2 de l’école Jules-Ferry de Bagnols.
Voilà un mois environ qu’il a déferlé, et il est devenu très difficile de passer à côté cet espèce de triangle ovoïde à faire pivoter entre les doigts. Dernière mode chez les enfants et les adolescents, le hand spinner s’est aussi invité à l’école du quartier des Escanaux. L’occasion d’essayer de comprendre le phénomène.
« C’est classe quand ça tourne »
« On aime bien être à la mode, alors il en faut un. Tout le monde en a un », lance Gabrielle, 11 ans, en CM2. « Moi j’ai la collection, j’en a sept », ajoute avec fierté Aïssatou, 11 ans et demi, en CM2 elle aussi. Mais qu’est-ce qui plaît autant aux enfants dans ce petit objet qui n’a, de prime abord, rien d’extraordinaire ? « Le premier jour où j’en ai vu un, c’était comme si j’étais amoureuse », répond Aïssatou, intarissable sur le sujet. On creuse la question : « ce qui m’a plu, c’est la beauté ! » poursuit Aïssatou, « c’est classe quand ça tourne », abonde Perrine, 11 ans, en CM2. Gabrielle adore quant à elle « le faire tourner sur le menton, le coude, le pied, la tête, le talon » mais aussi, tout de même, « entre les doigts. » « C’est pour plus de concentration et moins de stress », argumente Meïssa, 10 ans, en CM1, comme pour convaincre que le dernier objet à la mode dans les cours de récré possède des vertus cachés.
Seulement voilà, l’Education nationale ne semble pas convaincue : le hand spinner est interdit à l’école Jules-Ferry depuis la fin mai. Perrine tente une explication : « il y a un élève qui s’est pété une dent avec à l’école. » Car oui, d’après Aïssatou, le hand spinner serait « très dangereux », ce qui ne gâcherait rien de son charme auprès des enfants. En vrai, Marina, l’animatrice, affirme que l’objet a été interdit car les enfants avaient tendance à jouer avec en classe, ce qui — et c’est surprenant — ne les aiderait pas à se concentrer sur le cours.
Une interdiction qui sonne comme un véritable coup d’arrêt pour le hand spinner : « c’est presque plus à la mode (nous sommes alors le 2 juin, ndlr), je crois que je vais les vendre », souffle Aïssatou. « Tu me les vends combien ? », s’engouffre Gabrielle. Sa camarade renoncera à son projet, refusant de vendre ses objets à prix cassé après avoir pourtant décrété qu’ils étaient presque passés de mode, expérimentant de ce fait la loi de l’offre et de la demande. De quoi inspirer cette réflexion à la petite Meïssa : « on créé une mode, et si une personne n’est pas à la mode, ça va peut-être devenir une mode. » La « hype » du hand spinner, aussi brève que caricaturale, aura au moins eu la vertu de faire réfléchir les enfants tant sur l’économie de marché que sur le phénomène de mode…
Thierry ALLARD