NÎMES EN FERIA Simon Casas met à nu son autre moi
C'est une excellente tradition, l'association des Avocats du Diable organise en collaboration avec la Mairie de Nîmes le brindis, sorte de discours énoncé par une personnalité en faveur de la ville.
Quel sera le prochain coup? Quand le brindis a été créé par les Avocats du Diable, la présence, un jour ou l'autre, de Simon Casas s'imposait. C'est désormais chose faite, le directeur des arènes de Nîmes a évoqué ses rapports avec sa ville. Des liens d'amour indéfectibles mais parfois douloureux.
Dans la relative intimité du hall de Carré d'Art face au forum, espace de paroles publiques, que borde la Maison Carrée, le propos du plus Espagnol des Nîmois était attendu. 4 ans jour pour jour, heure pour heure et minute pour minute après la grâce accordée au 4ème toro que combattait Jose Tomas lors de son solo nîmois, Simon Casas devait mettre à mort une partie de lui.
Mais plus qu'une mise en abyme, il aura mis en perspective ses sentiments, sa vie et ses maux en utilisant les mots qu'il a longtemps désiré. Il parlera de son enfance, de ces problèmes en Français qui sont devenus une force, des ces déboires d'espérances qui demeurent à l'ordre du jour malgré sa carrière flamboyante mais emplie de longévité, de son goût particulier et avoué du travail et des belles choses...
Le public restreint verra sans doute dans ses propos l'écho du pas qui fait avancer la jambe du torero qui se dévoile aux cornes meurtrières. Le mysticisme des abords de la chapelle et la noirceur qui y règne. L'aubade faite par le maestro à celle du premier rang qui lui jette une rose. Une inversion des rôles qui met à nu celui qui s'est bâti au long de sa vie une carapace verbale et morale.
Bernard Domb, coincé dans l'ombre de Simon Casas, est sorti de son terrier pour faire face à ses démons. Mais le diable n'est jamais bien méchant... De la compassion et des sourires sur les lèvres des spectateurs. La faena littéraire dessinée par le matador de toros qui n'avait plus d'encre une fois son doctorat reçu, restera non pas gravée sur le sable des arènes mais dans l'atmosphère du Musée d'Art Contemporain.
Si Simon Casas avoue passer plus de temps à Madrid qu'à Nîmes, il espère finir ces jours ici parmi les gens qui l'aiment ou qui le conspuent. Son dernier pari? Peut-être les arènes de Las Ventas. Encore. Un rêve jusqu'ici inassouvi, un peu comme la relation déstructurée qu'il entretient avec Nîmes. Mais les rêves sont faits pour prendre pour nous pousser vers le réel. Il achèvera son discours diffusé en direct sur TV Sud (ce qui impose certainement une rediffusion!) par une interprétation toute personnelle de "Ne me quitte pas" de Jacques Brel.