RING POLITIQUE Franck Proust : « On ne réussira pas sans l’Europe»
Franck Proust monte sur le ring d'Objectif Gard. Ce mercredi, le député européen et premier adjoint (LR) de Nîmes, répond aux questions de la rédaction autour de trois thèmes : personnalités et politique (7h), Europe (11h) puis, un quiz sur Nîmes (15h).
Objectifgard : 2017 marque les 60 ans du traité de Rome. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Franck Proust : Il y a 60 ans, ces accords ont pu permettre la paix. Aujourd’hui, la guerre est aux portes de l’Europe, il n’y a plus de conflit à l’intérieur. Avec l’euro, nous avons également une stabilité financière. Alors oui, l’Europe est beaucoup critiquée. Elle a beaucoup de défauts. Mais on ne réussira pas sans l’Europe. Servons-nous de cet anniversaire pour réfléchir et créer une nouvelle Europe.
Comment expliquez-vous la défiance des Européens vis-à-vis de cette institution ?
On récolte ce que la droite et la gauche ont semé : le scepticisme européen. À force de parler de l’Europe qu’à travers la notion de crise, de lui faire porter la responsabilité sur tout ce qui ne marchait pas, on a fini par en avoir une idée négative. Que dit-on quand l’Europe finance Paloma ? Les Cadereaux de Nîmes ?
Le problème, c’est que l’Europe nous coûte plus d’argent qu’elle ne nous en rapporte…
Il ne faut pas raisonner franco-francais ! L’Europe finance des équipements structurants qui permettent aux entreprises françaises de travailler, notamment en Pologne. Il y a aussi la PAC (Politique Agricole Commune) qui aide massivement nos agriculteurs. Vous savez, il n’existe pas d’impôt européen. C’est une contribution de 22 millards que la France verse chaque année (sur les 145 millards du budget 2015 de l’Union), soit 80 centimes par jour et par habitant.
Parlons de l’euro. Certains candidats comme Marine Le Pen (FN) et Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise) envisagent d'en sortir. Qu’en pensez-vous ?
Je vous le disais : l’euro a permis une stabilité financière. Nous avons pu contenir les prix des matières premières. Nous sommes dans un pays, dans une économie ouverte. Il nous faut une monnaie stable et de la visibilité. Moi qui suis dans le domaine de l’assurance, on est sûr aujourd’hui quand on investit dans l’euro.
En revenant au franc et en rétablissant les barrières douanières, Marine Le Pen pense que les entreprises arrêteront de délocaliser leur production dans les pays d’Europe de l’est où la main-d'œuvre est moins chère...
Pensez-vous vraiment qu'elles reviendront ? On est dans la caricature et le populisme ! Nous devons aller chercher la croissance à l’extérieur de nos frontières. Regardez, Donald Trump ! Il a fait sortir les États-Unis du traité Partenariat Trans-Pacifique (TPP) et, immédiatement, la Chine a pris leur place ! Autre exemple : après que les États-Unis a prononcé l’interdiction de l’entrée des Iraniens sur le territoire, l'Iran a imposé des sanctions aux 15 entreprises américaines de son territoire… Le monde a changé. Selon vous, le marché français peut-il se suffire à lui-même ? À qui Airbus vend-il ses avions ?
Oui, mais il y a quand même de la concurrence déloyale...
Le problème, c’est que nous acceptons sur notre territoire des produits qui ont moins de contraintes que celles que nous imposons à nos producteurs. Nous devons mettre en place des clauses de marché. Nous devons revoir notre taxe européenne de distorsion de concurrence. Les États-Unis ont mis, eux, une taxe à 400% ! Vous savez, la commission européenne applique ce que veulent les chefs d’états. Enfin, n'oublions pas que le problème de la France, c’est aussi un problème franco-français, de compétitivité, de coût du travail, de formation à l'export…
Parmi les autres défis que doit relever l’Europe : l’immigration. Quelles sont vos propositions ?
Nous devons avoir des frontières plus sûres, en multipliant les fonds sur Frontex et en mettant en place de vrais garde-frontières. Nous devons avoir une vraie politique européenne de l'immigration, en définissant des quotas. C’est ce que Francois Fillon souhaite au niveau national. Il faut également avoir une politique volontariste de retour à la frontière : aujourd’hui, seuls 10% des personnes qui se sont vues refuser le droit d’asile sont renvoyées à la frontière. Enfin, nous devons contrôler les fonds débloqués pour les pays dont proviennent les migrants, afin de voir s’ils sont utilisés à bon escient.
Aujourd'hui, le Royaume-Uni déclenche l’article 50 du traité de Lisbonne pour sortir de l’Union européenne. Quelles sont les conséquences pour notre territoire ?
Un divorce, ce n’est jamais agréable. Les Britanniques vont quitter l’Europe, remettre en place leurs barrières douanières. Le coût de la vie sera un peu plus cher pour eux. D’ailleurs, les entreprises de la City cherchent à quitter l’Angleterre. La France a un coup à jouer pour accueillir leurs sièges. En fin de compte, les Britanniques ont plus à perdre que nous.
La rédaction.