Publié il y a 1 an - Mise à jour le 30.05.2022 - anthony-maurin - 3 min  - vu 279 fois

NÎMES Carré d'art propose les Beaux-Arts

Le Carré d'art avec en premier plan la Maison carrée (Photo Anthony Maurin).

Le Carré d'art (Photo Archives Anthony Maurin).

L'exposition sera à découvrir dès le 1er juin prochain à 17h et le vernissage qui ira avec. Entre nous, de Jennifer Conejero et Qiao Wang, suggère bien des choses à voir à la galerie Foster jusqu'au 4 septembre prochain.

La commissaire d’exposition est Anna Kerekes, curatrice, artiste et chercheuse. Entre nous est une exposition de deux artistes, Jennifer Conejero et Qiao Wang, récemment diplômées de l’École supérieure des Beaux-Arts de Nîmes (2021) après y avoir suivi les enseignements du parcours "Écritures expérimentales" dans lequel l’écriture est envisagée depuis son frottement aux langages cinématographiques et plastiques.

Pour la galerie Foster de Carré d’art, si chaque artiste présente une œuvre cinématographique distincte, c’est bien en partant d’une interrogation commune : comment la production d’un film crée-t-elle un espace où la relation peut être convoquée ? Deux autres œuvres présentées en regard des projections viennent prolonger cette réflexion. L’exposition s’inscrit dans un ensemble de dispositifs mis en place par l’Esban pour accompagner l’émergence artistique de ses diplômés, en lien avec ses partenaires culturels, parmi lesquels le Carré d’art.

Bousculer la nature de la filiation

Deux œuvres filmiques forment le cœur de l’exposition. La tendresse et la force chez la mère non-voyante de Jennifer Conejero la défient, dans Image manquante (2021). Face à l’héroïsme de sa mère, sa démarche artistique lui permet de s’affranchir de sa propre imperfection. Dans Liebster Vater (2021), lettre adressée à son père à l’image de la Lettre au père de Kafka, le manque d’attention, la dureté du père de Qiao Wang exigent également le dépassement et le pardon.

Au cours du processus d’apprivoisement cinématographique, la mère et le père se prêtent de plus en plus au jeu. C’est ainsi qu’une brèche s’ouvre de laquelle la possibilité de nouvelles positions émerge. Les élans, parfois décalés, des parents et des enfants transforment leur relation sous nos yeux mais aussi la nature de leur filiation. Elle est amenée vers une autre dimension : Jennifer Conejero et Qiao Wang ne sont plus seulement "la fille de" ; elles s’émancipent.

Donner à voir la relation

Le processus de création aboutissant aux films est à la fois rempli d’affrontements et de renouements. Pour les deux artistes, il s’agit d’un prétexte pour aborder, devant l’œil de la caméra, des sujets enfouis. Ce dernier met à distance et convertit les acteurs en personnages. Le tournage comme mode de recherche s’étend sur une période plus ou moins longue où nul projet n’est défini, si ce n’est la mise en place d’un contexte favorable à la rencontre et la confiance en l’avènement de celle-ci. C'est au montage que la forme se précise et que les questions éthiques issues d’une longue histoire de regard se posent : comment donner à voir ? Au-delà d’une traversée commune, l’audace des deux artistes réside dans la mise en forme de l’absorption des expériences partagées.

Langage et matérialité

Ces deux œuvres cinématographiques sont complétées par une pièce littéraire et une pièce éditoriale. Jennifer Conejero présente au mur des textes extraits de son œuvre intitulée Langue maternelle (2022). Puisant dans le rapport entre la langue maternelle de sa mère (l’arabe) mêlée à sa langue d’immersion (le français), Jennifer Conejero attire l’attention sur l’intraduisible, qui se concrétise par la respiration et le silence. Empreint des affects, le langage fait résonner des voix et nous fait entendre ce qu’il y a derrière les mots.

Bien qu’ils mettent en évidence la détermination écologique de l’artiste, les sacs en plastique colorés de l’œuvre Encyclopédie (2019-2021) disposés sur un présentoir surgissent dans l’espace comme une poésie du quotidien de Qiao Wang. Récupérés lors de nombreuses déambulations en ville, nettoyés, aplatis, découpés en formats divers et reliés comme des livres avec un fil de pêche, ces éditions sans inscription se réfèrent à leur propre matérialité.

Contenant et contenu, ces deux œuvres résonnent particulièrement avec le contexte d’exposition, soit l’architecture abritant le musée d’art contemporain et la bibliothèque de la ville. Au centre de tout le parcours, la transmission favorisée par la relation avec ses proches, sa(ses) langue(s) ou son environnement se dessine comme un horizon sensible qui se construit à plusieurs.

Anthony Maurin

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