NÎMES Le flamenco se partage aussi dans la mélancolie et la nostalgie
Dans le cadre du Festival Flamenco de Nîmes, Perico Santiago et Anton Fernandez se produisaient en concert acoustique au Lycée d'Alzon.
Lieu inhabituel, peut-être un peu trop "propret" pour accueillir les ardeurs andalouses, c'est à l'Institut d'Alzon qu'avait lieu le concert sans fioriture de Perico Santiago et d'Anton Fernandez. Une heure de spectacle dans une salle quasi pleine et devant plus de 200 spectateurs conquis par l'exercice.
Gitan marseillais, Perico Santiago a une voix suave et rocailleuse. Accompagné par Anton Fernandez, complice et ami, les "inséparables" chantent et grattent si bien que le public savoure avant même que le spectacle ne commence. Le duo entre en scène, fait sourire la salle et s'installe.
Le tour de chant commence. La guitare et sa pureté s'ajoute aux doux clapotis des mains du chanteur et à sa voix éraillée. La profondeur du chant et des mots choisis ondule à travers la pièce. Le public reste calme, bien loin des vagues vocales et des humeurs "feriesques" que l'on trouve en fin de soirée dans les bodegas méridionales.
L'instrument s'accorde à la voix et les chansons sont souvent tirées de derrière les fagots au dernier moment. Evidemment et n'en déplaise aux boudeurs, oui, les fameux "aaaaaiiiiiii" sont bien là mais l'émotion qu'ils dégagent est tout aussi présente et plaisante. De temps à autre, quelques voix s'élèvent parmi les spectateurs en guise de remerciement et de célébration. On retrouve dans ces moments la reconnaissance et l'insouciance des amateurs de flamenco. Le coeur tremble, on le laisse parler à haute voix et à hautes mains.
Sur scène, la mélancolie du duo revendique un autre temps. Le passé n'est pas loin mais il ne reviendra pas. Inaccessible, guitare et voix tentent de le rattraper dans une course folle et de manière fugace mais... Ici, c'est le pied qui marque le temps et qui construit une partition linéaire avec ses hauts en couleur et ses bas en noirceur.
Au final, c'est une ode à la vie que le public est venu voir. Une ultime salve vibrante d'applaudissements et un rappel ardent. 3 autres personnes, danseurs et chanteurs, montent sur scène pour un dernier titre tout en rondeur, en énergie et en différence, c'est aussi ça le flamenco, l'inattendu et le partage, olé!