NÎMES Paul Soleillet, l'étrangeté du monde à la porte du Gard
Nîmes a eu son explorateur en la personne presque oubliée de Paul Soleillet. Une grande partie de l'Afrique inexplorée a été découverte sous ses yeux.
Le 19ème siècle a été celui des découvertes européennes de continents peu connus... Le premier d'entre eux, le plus secret et le plus chaud, l'Afrique, sera même le continent de tous les rêves inassouvis. Entre royaumes mythologiques et trajets incertains, on fantasme l'Afrique plus qu'on ne la connaît.
Excusez du peu mais Jean Joseph Marie Michel Paul Souleillet est né à Nîmes. Certes cela remonte à l'an de grâce 1842 mais le bonhomme a sillonné le nord de l'Afrique en quête de découvertes. Il n'est pas resté dans les annales mais a contribué à de nombreuses et futures collaborations entre les peuples.
Mais revenons en arrière... Son amour pour l'Afrique, Soleillet le tient peut-être des livres qu'il avait l'habitude de dévorer. Les lignes de René Caillié et de Mungo Park l'intriguent, le fascinent et lui font miroiter des horizons lointains, infinis et souvent méconnus voire inconnus.
Le grand départ ne tarde pas à venir pour le natif de Nîmes. Après le décès d'un proche, le garçon s'en va pour le Maghreb (Tunisie et Algérie) qu'il sillonne quelques temps. Il apprend l'arabe, les rudiments du coran et se collent au plus près des us et coutumes de la région. Les populations qu'il visite échangent avec lui de nombreuses choses et semblent l'apprécier.
En Tunisie pendant une longue période durant laquelle le choléra fera des ravages, il refuse de rentrer au pays et s'intègre parfaitement au mouvement sanitaire qu'il fonde. Ambulances et soins, les idées du Nîmois sont reconnues par le peuple et permettent peut-être de sauver de nombreuses vies. Il ne rentrera en France qu'une fois la guerre de 1870 déclarée... Quelques batailles plus tard, le simple soldat explorateur retourne sur le continent africain.
Il poursuit sa traversée du Maghreb mais descend plus au sud, allant au-delà du Sahara qu'il traverse sans tente ni sac de couchage, simplement vêtu comme un bédouin et dormant à la belle étiole. Il est le premier européen à réaliser l'exploit et ouvre de nouvelles voies commerciales qui serviront bien longtemps!
D'Obock (Djibouti) au Sénégal en passant par Aden (où il meurt d'insolation en 1886) et Kaffa, le Nîmois va et vient de long en large et soutient la naissance d'un chemin de fer transsaharien qui pourrait drainer tout le commerce de la région et permettre une certaine croissance économique du territoire. Même le jeune mais grand Arthur Rimbaud comprend la vision du petit nîmois anonyme. Il s'associe à lui et prépare une expédition un peu spéciale, une livraison de fusils à Choa en 1886. Hélas, Soleillet meurt...