Maire du Grau-du-Roi depuis 2014, Robert Crauste a joué au rugby de 10 à 37 ans. Une véritable tradition et passion familiale chez les Crauste, dont un cousin, Michel a été capitaine du XV de France. Chez les Crauste, le ballon ovale, c'est tripal.

Il avait dix ans quand son père lui a tendu ses premiers crampons, juste avant l'école de rugby où il a été inscrit d'office. Son premier match, il l'a passé à courir dans tous les sens. Un moment inoubliable, "que j'ai totalement raté, je n'ai pas attrapé le ballon une seule fois". Après, ça s'est mieux passé. À tel point que Robert Crauste est définitivement sorti de la mêlée et du terrain à trente-sept ans.

Pourtant, il garde de ses années d'Ovalie un cruel souvenir au genou gauche, "bien usé" et presque éclaté lors d'un match dans les Pyrénées-Orientales, à 17 ans. Trois-quart centre ou trois-quart aile, un poste ou la rapidité de la course se conjugue au bon maniement du ballon. "C'est une culture, des valeurs, un socle, le rugby. On est solidaire, on est collectif. Il y a un grand respect des règles, des décisions de l'arbitre."

Un de ses cousins a été patron du XV de France. Michel Crauste, le désormais octogénaire riche de 22 sélections en tant que capitaine, a construit une belle carrière entre 1957 et 1966. Pour Robert, le rugby a influencé son choix de carrière professionnelle. Minot, il est très impressionné par le président de l'école du club de Montpellier, un anesthésiste qui possède sa propre clinique, Maurice Bonafos. "Un maître à penser. Si j'ai choisi de faire médecine, c'est aussi grâce à lui".

Une "Fac" de carabins qui compte évidemment une équipe. À l'époque, le stade Montpelliérain évolue en troisième division. Plus tard, durant une saison, il joue au Rugby Club Nîmois, en nationale B. Quarante ans après, l'homme soutient toujours ses deux clubs -en même temps-, le Rugby Club Nîmois et le Montpellier Hérault Rugby. "La rivalité entre les deux villes, c'est surtout à cause du foot. Concernant le rugby, je vous assure, c'est différent".

On décide de croire l'homme du Sud. On réveille des souvenirs, notamment celle d'une virée improvisée pour aller suivre, du jour au lendemain, la finale du mondial de Rugby à Cardiff. Il se souvient surtout des conseils de Maurice Bonafos : "Lorsqu'on était pris à parti violemment, il nous encourageait à ne pas répliquer. Il nous disait de montrer le "planchot" (le tableau de marque, NDLR), car seul le résultat final comptait."

Un précepte bien utile pour la vie publique et politique. Conseiller régional élu deux fois dans le sillage de Georges Frêche, exclu donc du Parti Socialiste et jamais réintégré, le maire de la seule station balnéaire départementale garde la bonne distance. Pour soutenir Marie Sara, rivale "marcheuse" et malheureuse de l'actuel député Gilbert Collard, il a présidé un comité de soutien.

Arrivé en 1982 au Grau-du-Roi, année d'ouverture de son cabinet médical à Port Camargue, Robert Crauste est élu conseiller municipal d'opposition dès 1989. La deuxième campagne comme tête de liste aux municipales en 2014 est la bonne. Le premier à le féliciter le jour de son élection a été Louis Gagnière, l'ancien président du RCN, qui, à son arrivée en pays crocodile, lui a offert paire de chaussures et soins dentaires. Depuis son bureau de maire, il contemple la baie d'Aigues-Mortes et les irisations changeantes de la Méditerranée. Une mer à peine plus grande que les "valeurs du rugby".

Florence Genestier

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