Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 29.10.2020 - marie-meunier - 4 min  - vu 1950 fois

UZÈS Le groupe d'opposition "Uzès s'engage" met en doute "la bonne gestion" de l'eau et l'assainissement

Jérôme Maurin, Delphine Dejean, Éric Defretin et Christophe Cavard ont organisé un point presse pour parler des rapports sur l'eau et l'assainissement de 2019, présentés en conseil municipal le mercredi 21 octobre. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Mercredi 21 octobre, le conseil municipal d'Uzès s'est réuni avec 25 délibérations à l'ordre du jour. Parmi les points évoqués, plusieurs rapports de l'année 2019, dont celui portant sur l'eau et l'assainissement (*). En fin de séance, l'opposant Christophe Cavard avait reproché aux rapporteurs de ne pas avoir présenté plus en profondeur ces "dossiers importants". Avec plusieurs membres d'opposition issus de sa liste, ils ont convié la presse pour mettre "en doute la bonne gestion" de l'eau et l'assainissement. 

"25 points, 25 minutes de conseil. On commence à battre des records. Avec quatre rapports énormes. On ne dit pas qu'il faut nous les lire mais il y a certain nombre de choses intéressantes à l'intérieur. [...] On a compris que ce n'était plus au conseil que la démocratie se faisait. Du coup, on la fera à l'extérieur. On relate les questions que l'on se pose et que le public pourrait se poser", introduit Christophe Cavard.

Avec à ses côtés, Jérôme Maurin, Delphine Dejean, élus d'opposition et Éric Defretin, qui était également sur la liste "Uzès s'engage", il énonce plusieurs interrogations sur les rapports de l'eau et de l'assainissement. "Ces rapports n'ont pas toujours existé et on les a mis en place pour inciter les collectivités à améliorer l'état de leur réseau de production et de distribution d'eau", rappelle Éric Defretin, en sa qualité d'ancien employé au service eau et assainissement de Paris.

Un "flou artistique" dans les rapports

Premièrement, les opposants reprochent l'envoi trop tardif de ces rapports de 200 pages, cinq jours avant le conseil. "Ces rapports n'ont en plus jamais été présentés en commission. Et en commission participent les services techniques de la mairie et ils peuvent répondre aux problèmes techniques. Comme ça, on arrive en conseil municipal avec des réponses et qui font qu'à la fin, on fait un choix politique", poursuit Christophe Cavard.

Ce qu'il déplore également, c'est le "flou artistique" qui règne dans ces rapports. Sur les 17 éléments obligatoires qui doivent figurer dans le rapport sur l'eau, seuls 7-8 y sont plus ou moins bien renseignés, affirme-t-il.

Il y a un chiffre qui a retenu l'attention des opposants, c'est 77%. Il correspond au rendement, c'est-à-dire au volume d'eau consommé par rapport à celui qui est prélevé dans la nappe phréatique. Un pourcentage pas vraiment mauvais, s'approchant des 79% de moyenne nationale. Apparaît aussi dans le rapport, la consommation d'eau des bâtiments communaux, qui s'élève à 145 000 m3 d'eau par an pour 118 compteurs répertoriés.

Ces 145 000 m3 d'eau seraient faux selon les opposants : "On s'aperçoit que le niveau de consommation des 118 compteurs qui appartiennent à la ville, d'une année sur l'autre, ils ont des fluctuations énormes et pourquoi ? Parce que ces chiffres varient pour qu'à la fin, le calcul fasse bien 77%. On accuse ou du moins, on soupçonne fortement, une consommation fictive." Et Christophe Cavard de rajouter une couche : "L'intérêt de ça, c'est que si vous affichez un réseau avec un niveau de rendement trop faible, on va vous dire : il faut investir dans une rénovation de réseau." Selon les calculs d'Éric Defretin, ce serait 1 million d'euros perdus à 3,88 € le litre d'eau perdu par an, avec ce rendement à 77%.

L'équilibre du pollueur-payeur appliqué à Haribo ?

Ce dernier continue : "Une loi permet aux particuliers qui constatent d'importantes fuites d'eau chez eux d'être remboursés par la mairie sur une partie des volumes perdus". À Uzès, cela représenterait 16 134 m3, en 2019. "Un volume élevé donc soit beaucoup de particuliers ont des fuites après compteur, soit il y a des gens qui ne payent pas l'eau", lance Christophe Cavard.

Les opposants s'interrogent aussi sur la présence de compteurs en plomb sur la commune, sur la question des risques d'inondation ou de rupture d'ouvrage, sur l'ancienne décharge à proximité d'un point de captage... Éric Defretin pointe aussi qu'on ne connaît pas l'âge du parc de compteurs et des canalisations de la ville d'Uzès.

Ultime point soulevé par les opposants. Il s'agit d'un vieux serpent de mer, l'assainissement lié à la présence de l'usine Haribo. "La Ville d'Uzès possède une seule station d'épuration. Dedans y a tous les particuliers, les professionnels et un industriel, c'est Haribo. Ce dernier s'est équipé il y a quelques années d'une station de pré-traitement qui diminue ses rejets avant de les envoyer sur la station pour diminuer sa charge polluante entrante. Sur ces rapports ne figurent nulle part le pourcentage de cette charge entrante", expose Jérôme Maurin. Et donc "plus l'eau traitée est polluée, plus ça a un coût. Si vous avez au milieu des pollueurs plus gros que d'autres, la logique voudrait une répartition équitable avec un prorata", complète Christophe Cavard.

Contacté par Objectif Gard ce mercredi soir, Jean-Luc Chapon, le maire d'Uzès, n'a pas souhaité réagir aux questionnements soulevés par Christophe Cavard et les membres de l'équipe "Uzès s'engage". Il a toutefois son opinion : "M. Cavard a été vexé que je lui fasse la remarque qu'il n'a pas travaillé les dossiers. Il attendra l'année prochaine, en conseil municipal, où on aura les nouveaux rapports sur l'eau et l'assainissement. J'espère que là, il aura lu les dossiers et qu'il posera des questions. S'il a des soupçons, il n'avait qu'à en faire part en conseil municipal. C'est sa tactique, il ne dit rien, il convoque la presse. Donc moi je ne réponds pas à M. Cavard par voie de presse interposée. Il n'a qu'à travailler ses dossiers, on s'expliquera."

Marie Meunier

(*) Veolia est en charge de la production (du pompage) de l'eau et la Saur de la relève des compteurs d'eau.

Marie Meunier

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