Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 09.12.2016 - baptiste-manzinali - 4 min  - vu 393 fois

VENDREDI CULTURE Coup d'envoi du Noga : interview des fondateurs Alexandre et Julien

Alexandre Simonet et Julien Fabre, créateurs du NOGA. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Le festival nîmois dédié au jeu vidéo revient pour sa quatrième année consécutive au Carré d'Art du 9 au 17 décembre, en collaboration avec le CHU, la Smac Paloma et l'école Créajeux. Totalement gratuit et unique en son genre, il propose un focus sur le corps augmenté et sur les possibilités offertes par le jeu vidéo en matière de sciences médicales avec deux invités d'honneur : Kayane et Marcus, deux figures du gaming. Interview des organisateurs.

Pour consulter le programme complet du Nîmes Open Game Art 2016, cliquez ici.

Comment s'annonce cette quatrième édition ?

Alexandre : De mieux en mieux, on maitrise d'avantage notre sujet et notre organisation, cela va de paire. On essaye aussi d’approfondir les propositions notamment grâce au lien avec le CHU. L'écho que l'on donne via les réseaux sociaux et les personnes influentes, c'est aussi un autre aspect du projet.

Pourquoi ce thème du corps augmenté ?

Alexandre : Le NOGA est inspiré par le Labo Carré, un laboratoire des usages numériques en bibliothèque qui fonctionne comme un capteur de ce qui se passe en matière d'innovation dans la culture. C'est grâce à cet espace là qu'on se rend compte que localement, il y a des acteurs qui innovent dans le jeu vidéo et l'utilisent dans un axe thérapeutique. On s'est rapproché de professeurs et docteurs et des différents services du CHU qui utilisent le jeu vidéo.

Qu'est-ce qu'on appelle "jeu vidéo" dans le médical ?

Alexandre : Pour eux, cela a une signification bien particulière, ils appellent ça le serious game. Pour que le patient s'implique d'avantage dans la thérapie et augmente son parcours de soin, il ne faut pas que le jeu soit trop ennuyeux mais belle et bien jouable, et en phase avec les jeux traditionnels. Ce qui se passe, c'est qu'à l'avenir, on va passer du serious game à un jeu ayant des vertus thérapeutiques tout en gardant les codes du jeu traditionnel.

Julien : Il y a aussi beaucoup de jeux dits classiques qui sont déjà utilisés par l'univers médical, je pense notamment aux kinés ou aux podologues qui utilisent des licences du moment pour permettre à leur patient de mieux se rééduquer. C'est ce qu'on appelle la gamification de la rééducation. Lors de la Game Jam, le Docteur Dupeyron expliquait que lorsqu'un patient souffrait de maladie lombaire, il pensait qu'il ne devait pas bouger, alors que c'est tout le contraire. Grâce à des jeux plus traditionnels que l'on trouve sur Nintendo ou Wii Sport, on peut jouer, s'amuser, faire du golf, du bowling, travailler son dos depuis chez soi.

Affiche du NOGA 2016.

Mais là on touche à un public différent de celui qui joue sur des consoles de salon par exemple.

Alexandre : Ça tient du modèle que l'on a mis en place. La Game Jam a pour fonction de réunir des univers professionnels différents, la santé, le jeu, le numérique, avec des médiateurs, et on leur demande de fabriquer des prototypes de jeux vidéos en moins de 48h en découvrant une thématique au dernier moment. Ce qui a émergé de tout ça, on le verra d'ici le 17 décembre lors de la clôture du NOGA, ce sont des prototypes qui peuvent être utilisés en l'état actuel dans le domaine de la cécité ou du handicap visuel. Il y a des pistes à creuser, puis le fait que l'on soit dans une ambiance conviviale et rock'n'roll en lien avec les cultures geek. L'enjeu c'est donc de rassembler cette culture académique qui en impose un peu, des docteurs, des enseignants, et des élèves en cours de formation qui ont une culture du numérique déjà intégrée.

Julien : Et puis il y a cette idée de challenge quand on aime le jeu vidéo, les étudiants sont dans le cadre d'une formation valorisante de qualité à Créajeux, et leur donner la possibilité de créer un jeu avec une réelle utilité, ça leur donne une motivation hors norme. Et puis changer un peu l'image du secteur médical en apparence très fermé en intégrant la culture du jeu vidéo. Et en plus de la Game Jam, il faut faire attention à l'équilibre : s'associer sous le prisme de la thématique du handicap et la e-santé, et conserver une part plus ludique et grand public.

Il y a eu un travail énorme sur la communication en amont du festival, sur les réseaux sociaux notamment.

Julien : Oui c'est tout à fait le cas. On a eu la chance d'avoir une équipe très investie. Comme pour beaucoup de festivals, il faut une phase de crédibilisation, que les gens nous fassent confiance et je crois que tout le monde l'a compris. Notamment le community manager de la ville de Nîmes qui a fait un gros travail, puis en rencontrant les personnes influentes dans différents salons et conventions. Aujourd'hui on est connu partout.

Quelle place il tient dans le panel des festivals et salons dédiés au jeu vidéo en France ?

Alexandre : À mon sens, on est le seul festival de jeu vidéo à être porté et financé par une collectivité locale.

Julien : La plupart du temps, ce sont des salons où l'on célèbre la culture geek, et en même temps il y a un volet très commercial derrière, ici tout est gratuit, on ne vend rien. Le NOGA se veut ludique, critique, culturel et à portée éducative parce qu'on est une bibliothèque. On est les seuls dans ce cadre là, avec une ossature aussi large et réunissant 9 000 spectateurs.

Comment fait-on pour convaincre des personnalités comme Kayané ou Marcus de s'investir dans ce festival ?

Julien : Il faut rendre à César ce qui appartient à César, la première fois que Marcus est venu c'est grâce à Eric Bonnet, le directeur de Créajeux, qui nous a fait bénéficié en tant que partenaire de son réseau. On lui avait demandé de trouver un partenaire pour poser notre crédibilité. Marcus est venu la deuxième année, le festival a eu un boom à ce moment là et on a pu ensuite prendre le relais pour intéresser d'autres personnalités, on a eu Julien Tellouck l'année dernière. Et cette année Marcus et Kayané, je les ai rencontré au Mangame Show à Montpellier, ils ont simplement été séduit. Au Toulouse Game Show j'ai aussi rencontré Joueurdugrenier, très suivi sur les réseaux sociaux, et il se pourrait qu'il soit le parrain de la prochaine édition.

Propos recueillis par Baptiste Manzinali

Baptiste Manzinali

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