Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 16.02.2018 - thierry-allard - 5 min  - vu 589 fois

VILLENEUVE Réservoir, gestion de l’eau : le débat éclabousse le conseil municipal

C’est un groupe compact, muni de banderoles, pancartes et autres tracts, qui attendait les élus à l’entrée de la mairie de Villeneuve jeudi soir, à l’occasion du conseil municipal.
Le Collectif de l'eau du Grand Avignon a manifesté devant la mairie de Villeneuve avant le conseil municipal de jeudi soir (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le Collectif de l’eau du Grand Avignon, habitué des débats des conseils communautaires, s’est cette fois invité au conseil municipal dont il a copieusement rempli la salle.

« L’état du réservoir ne s’est pas révélé en une nuit ! »

Sur les tracts, une photo tirée d’un article d’Objectif Gard sur les travaux du champ captant de Labadier, qui alimente les communes de Villeneuve et des Angles. Sur la photo, le réservoir actuel, vétuste, qui doit être démoli et remplacé, le tout aux frais du Grand Avignon, qui sortira en tout 5 millions d’euros pour la restructuration complète du champ captant. Pour le Collectif, le responsable n’est autre que l’exploitant, la Saur, qui aurait laissé le réservoir se dégrader.

C’est aussi le sens d’une question orale posée par la conseillère d’opposition Brigitte Philibert (Parti socialiste). L’élue n’y va pas par quatre chemins, et affirme que « des décennies de gestion privée ont abouti à cette situation délabrée sur le point de menacer la sécurité de l’approvisionnement des usagers et peut-être la sécurité tout court. L’état du réservoir ne s’est pas révélé en une nuit ! » Et Brigitte Philibert de poser la question du contrôle exercé par la municipalité sur la Saur, puis de conclure en lançant : « qui va payer l’addition, les usagers à travers la société des eaux ou les usagers à travers des travaux commandés par la collectivité ? »

Le premier adjoint Xavier Belleville, habituel préposé aux réponses aux questions orales de l’opposition, a une nouvelle fois endossé ce rôle. « Obsédés de la Régie vous tordez la réalité jusqu’à lui faire dire une histoire officielle. Mais la vérité ne se fabrique pas, elle s’appuie simplement sur des faits », a-t-il d’abord lancé, avant d’affirmer que les premiers désordres ont fait leur apparition il y a belle lurette, « probablement au début des années 1990 », et que de toute façon, « ces désordres ont toujours relevé de l’investissement et non de l’entretien, hors du champ d’intervention du délégataire. » D’ailleurs, il n’y aurait pas d’affaire, d’après Xavier Belleville. En effet, « dans tous les cas, le réservoir existant devait être abandonné. Sa conception date du début des années 1980 et il n’est manifestement plus adapté aux besoins de la collectivité et il s'agit tout simplement d'un vieillissement normal de l’ouvrage. » Circulez, y’a rien à voir.

La gestion de l’eau fait de nouveau débat

Eau toujours, avec la question, toujours sensible, de la délégation de la gestion de la distribution de l’eau et de l’assainissement des eaux usées. Dans une deuxième question, Brigitte Philibert a rappelé que Villeneuve faisait partie des huit communes incluses dans un contrat unique passé avec le Grand Avignon sur ces points, avant d’affirmer que « aucun débat, ni même information justifiant cette démarche, n’ont été menés en conseil municipal sur cette question, aussi nous souhaitons savoir si le président du Grand Avignon a consulté le maire de Villeneuve avant cette décision prise en conseil communautaire. » Sachant que les deux mandats sont assurés par Jean-Marc Roubaud lui-même, le public largement composé de membres du Collectif de l’eau a pouffé. Brigitte Philibert conclura son intervention en demandant « quand et où la majorité a-t-elle consulté les Villeneuvois ou alors quand compte-t-elle les consulter ? »

« Comme vous le savez, le principe même d'un transfert de compétence est bien un transfert de compétence. Notre organisation territoriale souffre bien assez de l’empilement des strates administratives pour ne pas doubler ou tripler dans des instances non compétentes chacune des décisions prises par la collectivité compétente », lui a sèchement rétorqué le premier adjoint, sans toutefois s’aventurer sur le fond de la question. Et Xavier Belleville de poursuivre en affirmant que « ce qui intéresse les élus de la majorité villeneuvoise, c’est la continuité du service public de l’eau, c'est la sécurité sanitaire de l’eau, c'est le meilleur prix pour le meilleur service. Tout le reste relève vraiment du combat militant. » Un combat qui n’est visiblement pas près de se tarir.

Et aussi :

Logements sociaux, la suite : toujours en retard sur les objectifs légaux concernant son taux de logements sociaux, la commune de Villeneuve doit signer une nouvelle convention d’arrêté de carence avec l’Etablissement public foncier (EPF) du Languedoc-Roussillon pour l’exercice du droit de préemption confié par la loi au préfet. Un préfet qui a donc décidé de déléguer ce droit de préemption, qui concerne des surfaces délimitées de la communes, à l’EPF du Languedoc-Roussillon. L’occasion pour l’opposition de revenir sur le sujet. Pour le Communiste Dominique Declosmenil, « tout ça souligne une carence en logements sociaux politiquement voulue. » De quoi passablement agacer le maire Jean-Marc Roubaud : « parfois, j’ai l’impression que certains ne veulent rien comprendre à rien, c’est absolument extraordinaire ! On a une opposition qui quand on fait des propositions de création de logements sociaux, qui ne peuvent se faire que dans le cadre des deux ZAC (zones d’aménagement concerté, ndlr) est vent debout. Les bras m’en tombent. » Et le maire de poursuivre en rappelant que « depuis que le préfet a repris le droit de préemption (en 2014, ndlr), il n’a pas fait mieux que le maire de Villeneuve en matière de logements sociaux. On est en pleine démagogie. » « Je ne me suis jamais opposé aux projets, mais à la façon dont vous les concevez », lancera le Communiste, avant de préconiser de « construire en hauteur, même si la bourgeoisie s’offusque qu’on fasse des immeubles » et d’estimer que la mairie avait organisé « la ségrégation sociale. » « On est encore en plein mélange des genres, rétorquera Jean-Marc Roubaud. Notre commune est préservée au titre des Monuments historiques, et la hauteur des constructions est limitée. » Le maire conclura le débat en appelant à « un peu de réalisme au lieu des solutions à l’emporte-pièce qui n’en sont pas. » La délibération sera votée à l’unanimité.

Démocratie et questions orales : s’il est un sport ardemment pratiqué par l’opposition villeneuvoise, c’est bien celui des questions orales. Une pratique dont Dominique Declosmenil fait figure de spécialiste, et dont il avait été privé lors de la dernière séance car ses questions n’émanaient pas du président du groupe d’opposition Rassemblement citoyen, qu’il a quitté depuis. Une attitude jugée « discriminatoire » par le Communiste dans une question orale ce jeudi soir au cours de laquelle il a abondamment cité des textes légaux allant dans son sens. Le fait qu’il ait pu le dire lors d’une question orale semble démontrer son bon droit, pas démenti par Xavier Belleville. « Nous avons toujours pris la peine de répondre à toutes les questions qui relèvent de l’intérêt communal et nous continuerons à le faire bien évidemment, lui a répondu le premier-adjoint. Toutefois, je tiens à vous informer que dorénavant, nous n’accepterons plus aucune question qui ne concerne directement les compétences de la commune. Notre instance n'a pas à être le porte-voix de vos réflexions sur la mondialisation et les affres du capitalisme. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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