MERCREDI CULTURE Voyage au Taillandier Land à l’abbaye St-André de Villeneuve
Des couleurs vives, des textes, des bonshommes, des tableaux, grands, petits, longs, larges, des valises, des meubles, des boîtes et même un carton de 26 mètres de long : tout ça, et bien plus encore, constitue l’univers fantasque d’Yvon Taillandier et l’exposition qui lui est consacrée en ce moment à l’abbaye Saint-André de Villeneuve.
Une exposition, mais plus sûrement une plongée dans l’univers et même dans la tête de cet artiste unique, à la fois peintre, critique d’art et écrivain, qui continue à 91 ans à dessiner dans son atelier avignonnais.
« Il est l’inventeur de la figuration libre, même si souvent on entend dire par des critiques que c’est Combas », estime son épouse Françoise Taillandier. Inventeur, Taillandier l’est assurément : il a ainsi créé son monde, le Taillandier Land, dont il est l’empereur, roi, président, peuplé de créatures inventées de toutes pièces, comme les capitipèdes, composées d’une paire de jambes et d’une tête. Des oeuvres bavardes souvent, à la limite du cubisme parfois, aux couleurs sorties du tube toujours, affranchies de toute contrainte de support.
Capable de peindre sur des enveloppes, des boîtes de camembert, des valises ou même des rouleaux de papiers toilette, Yvon Taillandier foisonne. « Il n’y a pas de catalogue raisonné, et il n’y en aura jamais, car il a trop donné d’oeuvres, mais il a peint environ 3 000 toiles », estime son épouse. C’est donc un infime échantillon, mais très représentatif, que l’architecte d’intérieur Olivier Ortega, ami de la famille Taillandier, a scénographié.
Et avec une telle variété de supports et de formats, autant dire que le défi était ardu. Il est relevé avec brio, des premiers croquis et dessins aux oeuvres les plus récentes, des objets et petits formats aux gigantesques toiles exposées sous les voûtes en extérieur, sans oublier cette superbe restitution de l’atelier de l’artiste cachée derrière une palissade, c’est un véritable voyage.
« Aucune exposition n’a cherché à voir le travail de mon mari de cette manière, c’est l’artiste, mais aussi l’homme », observe très justement Françoise Taillandier. Au delà des oeuvres, de la thématique de l’évolution, présente partout, des voitures, avions, hélicoptères, TGV ou encore le tunnel sous la Manche (oui), de l’apparente spontanéité fruit de la culture artistique et de l’imprégnation de son époque, de ses inspirateurs et de ses contemporains, on ressort de cette exposition avec l’agréable sensation d’avoir fait connaissance avec Yvon Taillandier.
Autant vous prévenir, ça prend un peu de temps, mais ça vaut le coup.
L’Atelier de curiosités débridé d’Yvon Taillandier, dernière exposition de la saison à l’abbaye Saint-André de Villeneuve, à voir jusqu’au 1er novembre. Tarif, comprenant la visite des jardins, 7 euros, réduit 6 euros, famille (deux adultes et un enfant de 8 à 17 ans) 17 euros (23 euros pour deux enfants et plus), Avignon PASSion 6 euros et personnes en situation de handicap 5 euros. Contact 04 90 25 55 95.
Thierry ALLARD