Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.01.2022 - anthony-maurin - 4 min  - vu 821 fois

NÎMES NegPos invite et dévoile le Mali comme on ne l'a jamais vu

L'exposition Soloma Niâgâ, oeuvre d'Amadou Keita, formateur de Fatoumata Diabaté, est décédé l'année dernière... (Photo Anthony Maurin).

Patrice Loubon, fondateur de NegPos (Photo Anthony Maurin).

C'est une rareté mais l'image que renvoie un pays peut changer, évoluer, simplement par le regard que peuvent avoir les artistes qui y résident. Negpos organise une grande exposition qui réunit 17 artistes maliens. N'hésitez pas, foncez !

Patrice Loubon a fondé NegPos, le centre d'art photographique de Nîmes. Aujourd'hui, il nous fait visiter son dernier bébé, une exposition multisites (cinq) qui réunit pas moins de 17 photographes dont 10 femmes, tous Maliens ou Franco-Maliens.

NegPos se situe dans le bateau... Au Nemausus I et abrite une partie de l'exposition Resist(e) III Mali (Photo Anthony Maurin).

En réalité, l'exposition est explosée. Resist(e) III Mali, regroupe les travaux de Amsatou Diallo, Amadou Keita, Moïse Togo, Fatoma Coulibaly et le collectif des Femmes fortes qui comporte Fanta Diarra, Salimata Sogodogo, Oumou Diarra, Fatoumata Traoré et Oumou Traoré. L'autre partie de Resist(e) III Mali abrite les œuvres de Bintou Camara, Seydou Camara, Fatoumata Diabaté, Arnaud Rolland, Kani Sissoko et John Kalapo. Démocrature et Inch'Allah sont les propositions faites par Aboubacar Traoré, Traces présente le travail d'Abdou Diallo et Studio de la rue celui de Fatoumata Diabaté.

Amsatou Diallo (Photo Anthony Maurin).

"Tout a démarré avec une rencontre, comme souvent. J'ai rencontré Fatouama Diabaté à Arles et je l'ai invitée à Nîmes. Cette relation s'est consolidée jusqu'à ce que l'on soit invité à Bamako. Je ne connaissais du Mali que ce que l'on entend à la radio, explique Patrice Loubon. Mais aller sur place, être en contact avec les Maliens, ça change la donne et leur travail est excellent. En tout cas il méritait une mise en lumière et nous avons organisé cette exposition qui s'est faite à Paris, à Arles et maintenant à Nîmes."

Amsatou Diallo (Photo Anthony Maurin).

Difficile de trouver quelques rapprochements entre Bamako et Nîmes mais en y cherchant bien au-delà des hommes, il y a le crocodile. S'il n'y en a qu'un seul sur les armes de la cité des Antonin, il y en a trois sur celles de Bamako ! Plus sérieusement, la photo malienne est méconnue, il était temps de la révéler aux yeux de tous. "Depuis une quinzaine d'années les femmes font de la photo. Il y a un vrai vivier. Cette photo est tournée vers l'extérieur. Ma vision du Mali a été changée par ces jeunes."

Le collectif Femmes fortes (Photo Anthony Maurin).

Parmi celles et ceux qui s'exposent, un vidéaste est aussi dans le lot. Actuellement, les relations diplomatiques entre France et Mali sont on ne peut plus tendues et il est difficile d'avoir des visas pour faire venir les artistes en France afin qu'ils présentent leurs œuvres au grand public. Dommage. "Heureusement que ceux qui résident en France ont pu venir. Pour les autres, nous espérons encore avoir un représentant par groupe." Si le monde change, le Mali change aussi. Pour cette exposition, les 17 artistes ont des regards complémentaires et donnent à voir des choses parfois insondables.

Le collectif Femmes fortes (Photo Anthony Maurin).

"On parle du corps de la femme, de la religion, des genres sexuels ou d'autres choses qui peuvent choquer au Mali. Je trouve cependant que les femmes sont très libres. Je sais comment elles vivent avec leur religion qui est un islam qui est altéré au fil du temps et qui laisse la place à ce genre d'expression. Il y a toujours des tabous, nous les mettons en avant." Comme aime le rappeler Patrice Loubon qui site aisément Édouard Glissant à cet effet : "Agis dans ton lieu, pense avec le monde" est l'essence même de NegPos.

Le collectif Femmes fortes (Photo Anthony Maurin).

Ces expositions présentées à Nîmes sont signifiantes pour les Nîmois comme pour les Maliens. "On aime faire vivre la ville et son histoire, on aime aussi créer des histoire et une mémoire qui servira plus tard. Nous ne sommes pas refermés sur nous-mêmes, l'étranger oxygène nos vies. Nîmes est maintenant une ville du monde. Il est important d'avoir une appartenance mais il est aussi important que Nîmes se rattache au reste du monde en faisant circuler toutes ces énergies. On travaille tous azimuts pour faire de la pédagogie, des expositions didactiques et c'est parfois frustrant de na pas pouvoir faire tout ce que l'on aimerait faire..."

Fatoma Coulibaly allias Bakoo (Photo Anthony Maurin).

Vous, les futurs visiteurs de l'une de ces cinq expositions, vous y trouverez à coup sûr de la poésie, de l'humour, de la dérision, de la tension... Un regard nouveau sur certains sujets et une bouffée d'air frais. Si vous ne connaissez aucun de ces artistes, pas de problème, des cartels explicatifs très complets vous permettront d'avoir avec vous toutes les clés de compréhension. N'hésitez pas même s'il est toujours préférable de demander quelques explications quand vous serez sur place.

"L'esthétique de la photo malienne a changé. Aujourd'hui plus internationale, il faut imaginer tout cela comme de l'art contemporain africain très enraciné dans l'humanité. C'est ce que je retiens de tout cela, l'être humain est au centre de ces œuvres. Allez vous nourrir de cette fraîcheur humaine, de la jeunesse malienne. C'est frais, dynamique, coloré, vivant et fort. Débuter l'année par ce genre de sortie est une excellente chose !", conclut Patrice Loubon.

Toujours Amadou Keita (Photo Anthony Maurin).

Resist(e) III Mali, Démocrature, Inch'Allah, Traces et Studio de la rue sont à voir jusqu'au 31 janvier à voir à la galerie NegPos Fotoloft au 1 cours Nemausus, à la FDE ESPE située au 62 rue Vincent Faïta, à l'IFME 2117 chemin Bachas, au CAUE au 29 rue Charlemagne et au Marketspace de NegPos situé au 34 de la promenade Newton toujours à Nîmes. 

Encore Amadou Keita (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio