BAGNOLS Skyrov, une première mondiale signée par la PME gardoise D&S
Fallait y penser : c’est souvent ce qu’on se dit quand on découvre une innovation où le bon sens le dispute à l’inventivité.
C’est le cas de Skyrov, le dernier né de la PME Bagnolaise D&S qui « travaille autant dans l’ingénierie que dans les métiers opérationnels sur le terrain que dans l’industrie nucléaire et de la maîtrise des risques », présente son PDG Julien Feja, lors de la journée de démonstration de l’engin, jeudi à Laudun-l’Ardoise.
Un problème réel, une solution à inventer
Et comme souvent, l’innovation naît d’un besoin, et d’un problème resté sans solution. « On a eu un appel d’offres d’EDF pour 11 000 points de mesure », explique le responsable du pôle assainissement, démantèlement, mesure et caractérisation de la PME Bagnolaise Jean-Marc Chabbert. Et par point de mesure, on entend la mesure de la radioactivité sur des sites souvent difficiles d’accès. En l’espèce, l’appel d’offres comportait des points à plus de douze mètres de hauteur. « Ça impliquait un coût d’échafaudages énorme et des risques de chute du personnel et du matériel, et donc un problème de sûreté nucléaire, car nous devions intervenir aux abords d’une cuve nucléaire », ajoute Jean-Marc Chabbert.
Impossible de répondre à l’appel d’offres dans ces conditions. Alors les équipes de D&S ont commencé à se creuser la tête à la recherche d’une solution. Un drone ? « Il nous fallait une envergure de plus d’1,60 mètre, et les pales risquaient de perturber la ventilation nucléaire », explique Jean-Marc Chabbert. Hors de question en intérieur, dans un milieu confiné. Exit le drone. La solution va venir d’un objet bien connu : le ballon. « Un ballon gonflé à l’hélium, qui porte les équipements, présente Jean-Marc Chabbert. Il fait moins de 50 kilos et ne peut pas tomber. » Ça n’a peut-être l’air de rien vu de l’extérieur, mais il s’agit rien de moins que d’une première mondiale.
Des coûts et des délais divisés par deux
Des petites hélices permettent de diriger l’engin « équilibré au gramme près, et fabriqué grâce à une imprimante 3D, avec des contraintes de tenue et de poids très fortes », note le responsable de D&S, dont les équipes ont planché six mois sur Skyrov. Et si l’engin est perfectionné, « il est manipulable par un enfant de 4 ans, on n’a pas besoin de former les gens pendant des mois », note Jean-Marc Chabbert. Pas le moindre des avantages de Skyrov, qui permet de diviser les coûts et les délais par deux, et la dosimétrie (l’exposition aux radiations) de 90 %. Idem pour le personnel : là où une prise de mesures classique mobilise 15 personnes, avec Skyrov seules trois sont nécessaires.
Autant dire que les 100 000 euros investis pour la conception de l’engin devraient être rapidement rentabilisés. L’entreprise bagnolaise a d’ailleurs pris contact avec le CEA Marcoule, EDF et des entreprises américaines, qui se montreraient intéressés par Skyrov.
Thierry ALLARD