Publié il y a 2 h - Mise à jour le 25.09.2025 - Tony Duret - 3 min  - vu 849 fois

FAIT DU SOIR Il aurait voulu « saigner » le maire de Saint-Laurent-d’Aigouze

Thierry Féline, maire de Saint-Laurent-d'Aigouze depuis 2020.

Thierry Féline, maire de Saint-Laurent-d'Aigouze depuis 2020.

« C’est une histoire de fou ». Cette phrase prononcée par maître Laurence Bourgeon est certainement la meilleure façon de résumer cette étonnante affaire. 

Ce matin, un homme de 65 ans était jugé devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour des menaces de mort à l’encontre d’un élu, en l’occurrence le maire de Saint-Laurent-d’Aigouze, Thierry Féline. Le 6 février dernier, le prévenu, Olivier*, se promène en voiture avec sa compagne dans les rues de Saint-Laurent-d’Aigouze. Vers 13h30, la voiture s’arrête à hauteur d’une onglerie. Deux femmes discutent devant l’enseigne et sont interpellées par le passager, Olivier. Selon les deux femmes, l’homme, énervé et confus, cherchait le maire, aurait parlé « d’arabes », de recrutement à la mairie, avant de lancer : « On va le saigner », en référence au maire. Inquiètes, elles alertent l’édile, Thierry Féline, qu’elles croisent quelques instants plus tard. L’affaire est prise au sérieux, la police municipale mène son enquête et identifie la voiture. Voilà comment Olivier se retrouve devant le tribunal correctionnel de Nîmes sept mois après les faits. 

« Le moindre mot dit à une sympathique fille, c’est tout juste si on l’a pas violée »

À la barre, ce Graulen en costume clair, qui présente bien, semble encore se demander ce qu’il fait là. Il nie catégoriquement la version des deux femmes : « En aucun cas, j’ai dit on va le saigner. Moi, je suis à Port Camargue et le maire de Saint-Laurent d’Aigouze, c’est la dernière de mes préoccupations. Je ne le connais pas. » Face à lui, le juge Édouard Le Jan est tout de même intrigué : pourquoi ces femmes iraient-elles inventer une telle histoire ? Surtout que personne ne se connait, donc pas d'éventuel contentieux possible… L’architecte à la retraite se lance dans une grande explication socio-économique : « J’ai constaté que l’onglerie n’avait pas l’air de marcher. J’ai lancé une discussion sur l’économie du secteur. J’ai demandé sur un ton, peut-être hautain, si le commerce fonctionnait. C’était peut-être indiscret et ça a été très mal vu. J’en ai l’expérience au Grau-du-Roi. Dès qu’on parle différemment, ça vire en cacahuètes. Le moindre mot dit à une sympathique fille, c’est tout juste si on l’a pas violée. »

« Pas de réponse » 

Depuis le début de la matinée, le maire de Saint-Laurent-d’Aigouze attendait patiemment son tour dans la salle d’audience. Il espérait comprendre toute cette histoire, comprendre qui lui en voulait et pourquoi. Il s’approche de la barre : « Je n’ai pas été agressé, il n’y a pas non plus de dossier en mairie à l’encontre de ce monsieur. Quand on m’a alerté de ses dires, j’ai été surpris. Mais il faut rester vigilant. Et aujourd’hui, j’ai toujours pas de réponse… » Ayant perdu une précieuse matinée qu’il ne consacrera pas à ses administrés et certainement aussi pour marquer le coup, le maire, venu sans avocat, se porte partie civile et demande 1 000 euros de dommages et intérêts. La procureure prend le relais : « Moi aussi j’aurais aimé une réponse aujourd’hui. On a des témoignages concordants et précis », rappelle-t-elle avant de requérir quatre mois de prison avec sursis contre Olivier et une interdiction de paraître à Saint-Laurent-d’Aigouze. 

« J’ai la réponse »

Pour la défense d’Olivier, c’est maître Laurence Bourgeon qui tente d’apporter la fameuse réponse aux questions du maire et du ministère public. « La réponse est simple : c’est faux ! Ce dossier, quand on le regarde, ça ne colle pas. C’est une histoire de fou. (…) Et puis, il y a trop d’interférences dans les témoignages. Ça ne colle pas avec le profil de mon client qui est architecte, qui a un certain âge et qui n’a pas de casier. Et il voudrait saigner quelqu’un qu’il ne connait pas ? Je suis convaincue que ces propos n’ont pas été tenus. C’est pour ça que je vous demande la relaxe », conclut-elle. Après la suspension d’audience, le juge Le Jan a mis l’affaire en délibéré au 7 octobre prochain.

*Rappelons que toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été établie.

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