NÎMES La feria vue d'un banc...
Il est 0h30 ce vendredi soir et il se joue sur l'avenue Feuchères un défilé humain. Il y a ceux qui montent, qui rejoignent la fête, et les autres, qui descendent et rentrent chez eux. Et il y a nous, sur un banc, statiques, qui les observons.
"Je viens de croiser Jésus !", assure un fêtard qui descend vers la gare de Nîmes. Derrière lui, son collègue est formel :"C'est vrai !". Leurs copines, bras dessus, bras dessous, un brin amusées, lancent mystérieusement :"Ne faites pas d'enfant !". Nous sommes à peine assis sur ce banc de l'avenue Feuchères que cette première grosse nuit de fête prend une tournure étrange. Un sentiment confirmé quelques secondes plus tard. A notre hauteur, un jeune à casquette s'emporte contre ses amis :
- Tu me gonfles depuis le début de la soirée, lance-t-il à une jeune femme de son âge en faisant de grands gestes.
Un troisième larron intervient pour empêcher que le premier frappe la deuxième. Une coup de sang que ne voit pas un trentenaire complètement émerveillé par le petit canal de l'avenue Feuchères dont les couleurs changent toutes seules. La prouesse semble tellement incroyable, le phénomène si moderne, qu'il immortalise l'instant en faisant un selfie agenouillé au bord de l'eau.
C'est vrai qu'on voit de drôles de choses quand on prend le temps d'observer la nature humaine. On aperçoit par exemple deux jeunes filles, à peine majeures, cherchant à s'enfoncer dans la maigre végétation de l'avenue pour satisfaire une envie pressante. Là même où deux copains avaient tenté, un peu plus tôt, de cacher une bouteille de Coca certainement améliorée de savants dosages qui les faisaient tituber.
Et il y a nous, légitimement moqués par des passants qui ricanent lorsqu'ils découvrent que nous prenons en photo un banc vide. C'est bizarre une ville la nuit.
Tony Duret & Élodie Boschet