ALÈS Des citoyens mobilisés contre le "délit de solidarité" avec les migrants
Ce mercredi, une petite centaine de personnes se sont réunies devant le tribunal d'Alès en soutien à Cédric Herrou, accusé d'aide à l'entrée, à la circulation et au séjour d'étrangers en situation irrégulière. L'agriculteur des Alpes-Maritimes qui a hébergé 58 Erythréens avant de les installer dans un centre de vacances SNCF désaffecté, comparaissait au même moment devant le tribunal de Nice.
Mobilisés à l'appel du collectif de St-Jean-du-Gard Cévennes sans frontières, Cimade, RESF, Cercle de silence, Solidarité migrants Alès, Ligue des droits de l'homme, France Palestine, les associations refusent que des "citoyens soient condamnés pour avoir fait preuve d'humanité", assène Dany Bénézet, présidente du groupe local de la Cimade Alès.
Au-delà, ils fustigent une incohérence du discours politique. Jusqu'en décembre 2012, l’article 622-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile prévoyait cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour «toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France». Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls annonce alors la suppression du "délit de solidarité". En réalité, l'aide au séjour est exemptée de poursuites, mais pas l'aide à l'entrée ni à la circulation. Une brèche dans laquelle s'est engouffrée le procureur de Nice. Il reproche à Cédric Herrou d'avoir accompagné les migrants dans leur passage à la frontière franco-italienne et d'avoir occupé un espace privé sans autorisation. "Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs personnes ont été arrêtées ces derniers mois. Elles sont poursuivies sous d'autres chefs d'inculpation", fustige un membre du collectif Cévennes sans frontières.
Le procureur a requis 8 mois d'emprisonnement avec sursis et mise à l'épreuve, usage du permis de conduire limité et confiscation de véhicule. Délibéré le 10 février.