BAGNOLS Gabriel Amard, porte parole de Mélenchon : "réhabiliter et conforter le service public de l’eau"
Le porte-parole sur la thématique eau, un bien commun du candidat à l’élection présidentielle pour la France insoumise Jean-Luc Mélenchon participera à une réunion publique ce soir à Bagnols.
Gabriel Amard, ancien élu de Viry-Châtillon, membre du premier cercle de Mélenchon et spécialiste des questions relatives à l’eau potable, viendra aux côtés de la candidate Geneviève Sabathé parler de la vie des territoires et des services publics locaux, notamment sur la question des régies publiques de l’eau. Il défend notamment le modèle de régie publique de l’eau et de l’assainissement face au modèle privé.
Objectif Gard : Certaines communes ont une gestion de l’eau en régie publique, d’autres l’ont confiée au privé. Qu’est-ce que ça change, s’agit-il d’un vrai enjeu ?
Gabriel Amard : C’est un vrai enjeu, il ne faut pas oublier qu’en France, il y a 24 000 services en régie, contre 11 000 contrats avec des multinationales. C’est une réalité peu connue mais on a un savoir-faire public extrêmement précieux et qui fait un travail de qualité. La France insoumise veut réhabiliter ce savoir-faire et arrêter de dire que le modèle français, c’est Véolia. Nous voulons conforter ce service public mais pas nécessairement le prendre tel qu’il est, car aujourd’hui les usagers ne sont pas nécessairement impliqués dans la gestion de l’eau qui manque de transparence. Nous proposons que les usagers siègent dans des comités de gestion et aient voix au chapitre au même titre que les élus locaux.
Quelle différence pour l’usager entre les deux modèles ?
Sur une facture en régie publique, il n’y a que les charges de personnel correspondant au service rendu, pas les salaires des directeurs financiers ou de la communication, ou les remontées financières à la holding. Par ailleurs, les entreprises privées répercutent sur la facture les impôts qu’elles payent. Tout ça représente une différence de 15 à 30 % entre les gestions publique et privée. Il y'a aussi une question de transparence, le privé induit une perte de connaissance du réseau et de compétences qui met les communes à la main d’une entreprise commerciale. Quant aux salariés, si demain on passe en régie, ils y seront accueillis en conservant leurs acquis sociaux. Les installations appartiennent à la collectivité, il faut arrêter de se faire peur.
Si on pousse ce raisonnement, l’eau potable doit-elle et peut-elle être gratuite ?
la première des gratuités qu’on défend est la suppression des parts fixes et des abonnements, qui conduisent à des sommes folles avant même la première goutte au robinet. Nous défendons un accès à l’eau et à l’assainissement de qualité, nous voulons le mettre dans la constitution de la 6e république et faire qu’au domicile principal, pas dans les locaux professionnels ou les résidences secondaires, il y ait également une loi claire interdisant les coupures d’eau. Ça ne veut pas dire une gratuité totale, mais une tarification au réel. Il pourra y avoir un volume gratuit dans la limite de l’eau vitale, fonction du nombre de personnes habitant au domicile principal, mais nous n’avons pas totalement tranché cette question. On fait des ateliers lois, le premier sur l’eau a eu lieu mercredi, le prochain sera la semaine prochaine à Lyon. On veut écrire ce qui est bon pour tous avec les gens, pas avec les lobbys.
Vous venez ce soir sur un territoire où le nucléaire est très important. La production d’énergie par l’eau, notamment avec le Rhône, est-elle une alternative crédible ?
Nous visons la sortie du nucléaire d’ici 2050 car beaucoup de centrales sont à bout de souffle, et que les milliards que couteraient le recarénage pourraient au moins pour moitié être investis pour développer les énergies renouvelables. La force motrice de l’eau est, avec d’autres, l’énergie de demain indispensable pour arriver à 100 % d’énergies renouvelables. Par ailleurs, il faut arrêter de dramatiser : les gens qui travaillent dans le nucléaire ont encore du travail pour des générations, on n’arrête pas une centrale en 5 minutes, nous aurons besoin de leurs savoir-faire et de leurs métiers.
Enfin, vous venez dans une circonscription au contexte particulier, avec notamment un FN fort. Quelles sont les conditions pour que la France insoumise l’emporte ici ?
Il faut faire élire Jean-Luc Mélenchon dernier président de la 5e république, je ne vois pas d’autre solution. Il n’y a pas de particularités sur telle ou telle circonscription, c’est une élection nationale, pas locale. Dans un contexte où la classe politique est complètement discréditée, c’est le seul qui propose une constituante qui permettra de révoquer les élus s’ils viennent à faillir. Jean-Luc Mélenchon est le seul à proposer une nouvelle règle du jeu pour balayer cette caste qui nous gouverne. Et ce qui vaut pour le pays vaut pour cette circonscription.
Ouverture au public à 19 heures, à la salle Multiculturelle de Bagnols, rue Racine.
Propos recueillis par Thierry ALLARD