LÉGISLATIVES 3e circo : Lachaud (UDI) et Dherbecourt (LR) ciblent En Marche
Le violent orage qui s’est abattu hier après-midi sur Bagnols s’est arrêté quelques minutes avant le début de la réunion publique de la candidate LR-UDI aux législatives sur la troisième circonscription Muriel Dherbecourt.
Pas de quoi mettre en retard le président de l’UDI du Gard et président de Nîmes Métropole Yvan Lachaud, venu spécialement pour soutenir la candidate investie par la droite et le centre dans le Gard rhodanien.
« En Marche c’est un PS qui repart »
Et si Yvan Lachaud a fait une infidélité à Nîmes en ce premier jour de feria, c’est que l’heure est grave : « on n’est pas là pour rigoler, si on n’est pas unis, ça nous mènera à la catastrophe », a lancé le centriste, après avoir rappelé qu’il était venu « pour réaffirmer qu’il n y’ a qu’une seule candidate investie par LR et l’UDI, c’est Muriel Dherbecourt. » Un message clairement destiné à la centriste dissidente ex-UDI Patricia Garnero, véritable épine dans le pied de la candidate investie.
Mais le véritable ennemi est ailleurs, et il vient lui aussi picorer l’électorat habituel de la droite et du centre, puisqu’il s’agit du parti du président Macron. « Je veux vous alerter sur le danger représenté par la majorité absolue, si elle devait nous conduire à une dissolution du PS et un éclatement de la droite, on aurait un parti unique et des extrêmes, affirmera Yvan Lachaud, solennel. On a besoin de partis modérés, même du PS. » C’est dire. Le PS justement : « ici comme ailleurs, le candidat En Marche est un PS, lancera Yvan Lachaud, oubliant les deuxième et sixième circonscription au passage. Si c’est ça le changement… En Marche c’est un PS qui repart. »
Plus tard dans son discours, la candidate Muriel Dherbecourt s’en prendra elle aussi à En Marche « qui s’empresse de faire exploser la gauche et de mettre des coups de canifs à la droite » et qui présente des « candidats de com’, moulés dans un stéréotype avec des phrases toutes faites. Ce sont des candidats qui comptent beaucoup sur l’image de leur leader, un peu comme le FN. » L’affaire Ferrand est aussi évoquée par la candidate, qui rappelle qu’avec François Fillon « nous sommes rentrés dans la lessiveuse des affaires, mais d’autres sont en prélavage ! » La salle rit et applaudit. Quant au programme d’En Marche, « leur tract, on dirait la lettre du père Noël, ils ne parlent nullement du financement », affirme la candidate, qui défend elle « un programme clair et sans ambiguïté. » Elle en citera « la suppression de 300 000 fonctionnaires sur 5 ans et la revalorisation des retraites avec un recul de l’âge progressivement à 65 ans. »
« Je ne suis pas du tout une apparatchik de Nîmes »
Muriel Dherbecourt souhaitera marquer « (son) attachement aux traditions et aux chasseurs » en rappelant qu’elle est aussi investie par Chasse Pêche Nature et Traditions, ce qui, avouons-le, nous avait échappé. Dans la même veine, son suppléant, le maire de Roquemaure (LR) André Heughe, a été choisi car « Roquemaure est le berceau du Côtes du Rhône, qui est très important sur cette circonscription. » Quelques phrases plus loin, la Castillonnaise insistera sur son indépendance, en réponse aux attaques venues notamment de Bagnols : « je ne suis pas du tout une apparatchik de Nîmes, je ne suis pas villeneuvoise, je suis très travailleuse, je vais au fond des dossiers et je suis une femme, ce qui est la cerise sur le gâteau. »
Muriel Dherbecourt évoquera ensuite différents sujets comme s’il s’agissait de cocher des cases : l’industrie, les PME, avec une simplification du code du travail ou une baisse « massive » des charges, la viticulture (« je défendrai le vin comme élément de notre patrimoine, pour qu’il ne soit plus considéré uniquement comme une boisson alcoolisée, qu’il ne soit pas forcément soumis aux mêmes lois sanitaires »), le nucléaire en se disant pour l’implantation d’ASTRID à Marcoule et pour le soutien de la filière du démantèlement, « un savoir-faire qu’on pourra exporter. »
Et la candidate croit en ses chances : « rien n’est joué », lancera-t-elle, après qu’Yvan Lachaud a clairement posé les enjeux, en estimant que « l’élection va se jouer au premier tour, et il n’y aura pas de triangulaire. » Pour Muriel Dherbecourt, qui lâcherait son mandat de première adjointe à Castillon et de conseillère départementale en cas d’élection, l’hypothèse de voir la droite et le centre majoritaires au soir du 18 juin n’est pas de la science-fiction. « Et sinon, je serais dans l’opposition, mais une opposition constructive, comme au Département », précise-t-elle. Une position vis-à-vis du gouvernement déjà entendue chez… les socialistes.
Thierry ALLARD