NÎMES Surpopulation, locaux vétustes... Les surveillants pénitentiaires appellent au secours
Malgré des manifestations à répétition cette année, rien ne semble avoir bougé à la Maison d'arrêt de Nîmes. Un constat fumant qui a incité les surveillants pénitentiaires, motivés par leurs représentants syndicaux FO et UFAP-UNSA, à retourner au charbon, ce mercredi 19 décembre, à l'aube. Dès 6h30, ils étaient une trentaine à exprimer leur colère face aux forces de l'ordre venues en nombre et les sapeurs-pompiers qui, eux, comme d'habitude se sont concentrés sur l’extinction d'un feu alimenté de pneus.
Derrière la fumée noire se cache la prison de Nîmes dans laquelle sont enfermés près de 400 détenus pour moins de 200 places. "40 cellules (sur environ 160) sont triplées avec des matelas au sol" précise Patrick Urli, secrétaire local SNP-FO. Un phénomène de surpopulation qui complique la tâche des surveillants pénitentiaires victimes d'agressions physiques et verbales. "La tension est palpable. Et puis nous avons de plus en plus de règlements de compte entre détenus. Ces conditions de travail sont intolérables. Notre métier se réduit à faire du gardiennage. Nous avons totalement abandonné l'aspect social de notre métier, ce qui nous permettait de travailler sur la réinsertion des détenus. Maintenant, nous ouvrons des portes et tentons de sécuriser les lieux autant que possible puisque les effectifs sont aussi en souffrance (100 surveillants en roulement pour 400 détenus)" se désole Sébastien Frère, secrétaire local UFAP-UNSA Justice.
En marge de ce problème de surpopulation, les surveillants pénitentiaires dressent un état des lieux peu flatteur de l'établissement : "On nous avait promis des travaux, rien n'a été fait. Les cellules ne sont toujours pas équipées de douche et le projet d'agrandir le parloir qui devait prendre forme fin 2012, début 2013, a été reporté à une date ultérieure. On se sent abandonné" confient les deux représentants syndicaux.
"Au parloir, l'intimité, il faut l'oublier"
Alors que les surveillants pénitentiaires manifestaient ce mercredi matin, Anaïs, 19 ans, s'inquiétait de savoir si ce mouvement l'empêcherait de voir son petit ami (en attente de jugement dans une affaire de tentative d'homicide) avec qui elle avait rendez-vous au parloir. "Je ne peux le voir qu'une demi-heure, alors je ne voudrais pas le rater." En attendant de pouvoir s'introduire dans la Maison d'arrêt, Anaïs raconte son expérience au parloir : "L'intimité il faut l'oublier quand vous rentrez dans cette grande pièce où généralement beaucoup de détenus reçoivent des visites en même temps. C'est bruyant, parfois, j'ai même du mal à entendre ce que mon copain me dit. Mais au moins je le vois." Elle le voit oui, parce que pour le jeune couple très pudique, il n'est pas question d'afficher leur amour au vu et au su de toutes les personnes présentes dans cette pièce. "Ça fait six mois que je viens le plus possible parce que c'est important pour moi mais aussi pour lui, il sait qu'il n'est pas seul, que je suis là et ce malgré les conditions particulières de nos rencontres."
Stéphanie MARIN
stephanie.marin@objectifgard.com
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