Les salins d'Aigues-Mortes ont été récompensés, hier matin, au concours national de la Marianne d'Or du développement durable. Un prix qui salue les efforts de l'entreprise historique de la petite Camargue pour son action en faveur de la biodiversité.

Alain Trampogliéri est venu remettre une Marianne d'Or aux salins d'Aigues-Mortes pour son action en faveur de la biodiversité. Si les salins d'Aigues-Mortes, siège historique parmi les six établissements de la société des salins du Midi, sont étroitement liés au patrimoine local, c'est qu'ils y ont joué un rôle majeur depuis des siècles. "On ne connait pas une famille aigues-mortaise qui n'ai pas travaillé au salin", s'est exprimé le maire Pierre Mauméjean. L'exploitation de sel à Aigues-Mortes remonterait à l'antiquité, et malgré ses changements de direction depuis qu'elle s'est constituée en société en 1856, l'activité n'aura jamais cessé. Aujourd'hui, 180 employés travaillent à la récolte des 250 000 tonnes par an de cet or blanc, dont l'utilisation alimentaire ne représente que 16 % de son activité globale. Sur les trois dernières années, pas moins de 7 millions d'euros d'investissement industriel ont été réalisés sur le site de la petite camargue. Mais au-delà de l'enjeu économique - 240 millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'ensemble des sites de production - le nouvel actionnaire majoritaire du groupe Salins, Hubert François, a entre les mains une réserve naturelle sauvage fragile. Le site aigues-mortais accueille 50 % des 45 000 flamants roses qui traversent la France lors de leurs migrations, dernier lieu de reproduction de cette espèce. Une réalité inquiétante, si l'on prend en considération les 200 espèces d'oiseaux et 278 espèces végétales recensées sur le site, mais qui témoigne de l'importance de préserver cet écrin de la biodiversité.

Un programme de sauvegarde de la biodiversité financé à 40 % par des fonds européens

Les décennies précédentes, des actions ponctuelles avaient été menées en faveur du maintien de cette biodiversité. Mais dès 2006, la direction de l'entreprise a pris conscience de l'importance de mener des investissements conséquents. Sonia Séjourné, gestionnaire des espaces naturels du site depuis 2005, est en charge de ce développement qui porte ses fruits aujourd'hui. "Mon travail est essentiellement de favoriser l'accueil de ces flamants roses par la nidification. Nous avons construit pour cela un îlot de 400 m² qui les protège des prédateurs, et 42 autres petits îlots pour les différentes espèces." Avec l'aide d'intervenants dont des ornithologues, des comptages sont fréquemment organisés. Ce programme est financé par le groupe Salins et des fonds européens dont le projet Life a permis d'obtenir 750 000 euros de subventions, soit 40 % des investissements globaux. "La conférence de Rio de 1992 a permis de débloquer ces fonds pour des causes liées à l'écologie. Nous avons mis en place le réseau Natura 2 000 qui rassemble des sites naturels, et nous investissons dans des projets destinés aux autres espèces également."

Créée il y a une trentaine d'année par Edgar Faure et Alain Trampogliéri, la Marianne d'Or est un prix d'excellence qui récompensait jusqu'à il y a peu, les municipalités de France. Mais depuis le grenelle de l'environnement en 2007, le concours de la Marianne d'Or du développement durable s'est créé en parallèle pour honorer également des entreprises. Pour avoir accueilli la seule colonie française de flamants roses reproducteurs en 2014, les salins d'Aigues-Mortes sont récompensés de cette Marianne d'Or qui devrait encourager de nouvelles initiatives en faveur de la biodiversité.

Baptiste Manzinali