Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 15.01.2016 - tony-duret - 3 min  - vu 478 fois

FAIT DU JOUR Procès Rodilhan : la preuve par l’image

Une partie des 19 accusés. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Hier, dans un palais de justice quadrillé par les policiers, gendarmes et CRS, la première journée du procès qui oppose les anticorrida aux aficionados (relire les faits ici) a permis l’audition de 14 des 19 prévenus. La plupart ont été confrontés aux images de cette journée du 8 octobre 2011.

Comme au rugby, afin d’éviter toute erreur d’arbitrage du président Jean-Pierre Bandiera, la vidéo est venue suppléer les magistrats. Pas de ralentis, de gros plans, mais des images suffisamment explicites pour mettre rapidement dans le bain l’ensemble des personnes présentes à ce procès. Une vidéo de 14 minutes, saisissante, accablante, et fournie par le Crac (comité radicalement anti-corrida), montre des manifestants frappés à coups de poings et de pieds. On y voit aussi des militants trainés vers la sortie des arènes de Rodilhan et d’autres victimes d’une lance à eau surpuissante placée à quelques centimètres de leurs visages. Images terribles et accablantes.

Un prévenu : « Un piège magnifiquement préparé »

Difficile alors pour les prévenus de nier leur implication dans les faits même s’ils ont, à les écouter, beaucoup d’excuses et autant de circonstances atténuantes. « J’étais insulté de tous les noms d’oiseaux. A force, j’ai craqué », prétexte le premier accusé, un retraité de 66 ans. Un autre retraité, ancien sapeur-pompier professionnel, dit avoir « donné un coup de pied pour retirer des personnes ». Il ajoute : « J’ai vu un chauve avec les yeux ‘exhorbitants’ (sic) me dire ‘fug you’ (sic). C’est pas un gamin de 30 ans qui va me dire ça ». Un kinésithérapeute, lui, reconnait un coup de pied, « une grossière erreur », mais assure que la manifestation des militants du CRAC était « un piège magnifiquement préparé ».

L’une des auditions les plus longues, l’une des plus attendues aussi, est celle du maire de Rodilhan, Serge Reder. D’emblée, il conteste « tout acte de violence » et indique seulement avoir « raccompagné une dame vers la sortie ». Le président rebondit : « Quand vous raccompagnez quelqu’un à la sortie de chez vous, vous ne le tirez pas par les bras ou les pieds… » Le maire de Rodilhan met enfin en avant sa qualité d’officier de police judiciaire pour justifier son intervention.

Aux abords du tribunal, les anticorrida ont affiché des photos du 8 novembre 2011. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Maître Bernard Dapsens : « Les empêcheurs de toréer en rond »

Dix de la quarantaine de victimes, présentes au tribunal, s’avancent ensemble à la barre. Le président Bandiera met en lumière la parfaite organisation des militants : les fumigènes soigneusement cachés, les banderoles préparées, le coup de sifflet donné pour le top départ de l’opération, la répartition des rôles… D’une seule voix, les dix activistes disent ne rien regretter et recommenceraient demain s’il le fallait. Aucune urgence…

En fin d’après-midi, Jean-Robert Phung sera le premier des quatre avocats de la partie civile à plaider. Il demande la requalification des faits. Autrement dit que tous les accusés soient jugés solidairement, pour les mêmes faits, sans tenir compte de leur degré d’implication. Sur la lancée de son confrère, Maître Françoise Delran soutient cette requalification et regrette sincèrement l’absence d’un prévenu qui a déclaré durant son audition : « Les esprits se sont échauffés à cause des pro-corrida qui ont commencé à devenir violents. Les anti, eux, étaient calmes. Pour couronner le tout, certains aficionados avaient pris un bon apéro avant ».

Maîtres Frédéric Ortega et Bernard Dapsens, l’avocat des parties civiles belges, termineront cette première journée de procès. Ce dernier dira joliment de ses clients qu’ils étaient, ce samedi 8 octobre 2011, « les empêcheurs de toréer en rond ». Suite et fin du procès ce vendredi avec le réquisitoire du procureur Alexandre Rossi et les plaidoiries des avocats de la défense.

Tony Duret

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