Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 13.10.2016 - thierry-allard - 8 min  - vu 240 fois

RING ÉCONOMIQUE Henry Douais : "Notre rôle à jouer c’est impulser des projets"

Henry Douais, président sortant de la CCI de Nîmes, candidat à la présidence de la nouvelle CCI départementale (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Du 20 octobre au 2 novembre, les chefs d'entreprises voteront pour leurs représentants à la Chambre de Commerce et d'Industrie du département. Pour l'occasion, Objectif Gard fait monter les candidats sur le ring. Retrouvez ce jeudi l'interview complète d’Henry Douais - président sortant de la CCI de Nîmes - autour de trois thématiques : personnalité (7h), vision économique (11h) et quiz sur le Gard (15h).

Objectif Gard : Aujourd'hui, les intercommunalités et la Région ont la compétence développement économique. A quoi sert encore la chambre de commerce et d'industrie ? Quel est son rôle par rapport à l'emploi ?

Henry Douais : Nous sommes membre fondateur de l’agence de développement économique OpeNîmes et son plus gros financeur avec Nîmes Métropole. Notre pilier fort c'est la formation, nous formons 4500 personnes chaque année. Dans notre lycée reconnu par l’Education nationale, nous avons des jeunes qui sortent à BAC +3 pour la plupart avec une employabilité forte. Autre pilier, le CFA avec plus de 1000 élèves, le plus gros de Languedoc-Roussillon. La CCI sert donc à former les futurs salariés des entreprises, et on est des facilitateurs du développement économique.

Comment participez-vous à la dynamisation du territoire, quels sont les leviers du développement économique ?

Nous travaillons beaucoup sur les filières industrielles mais aussi les commerçants, on s'occupe également des entreprises en difficultés et aussi des jeunes pousses qui sortent notamment en couveuse. On finance à pratiquement 90 % le BIC Innov’up. On fabrique des outils pour le développement économique. Notre rôle à jouer le plus important c’est impulser des projets. Nous avons également pour projet d'agrandir le lycée de la CCI, on va proposer une deuxième partie sur le même site, derrière la gare. On est à 850 élèves, on va passer à 1200 - 1300 élèves. On croit beaucoup à la jeunesse, d’ailleurs on était d'accord pour vendre l'EERIE à Nîmes Métropole pour nous permettre de développer cette jeunesse et éviter de se retrouver avec une friche.

« On est inquiets de ce qu'on va trouver en termes de gestion sur Alès »

Citez-nous les grandes lignes de votre programme.

Réussir la régionalisation, c’est très important. Ça veut dire arriver à positionner le département du Gard à son vrai niveau, le deuxième de la grande région sur l'industriel et par rapport à sa situation. Par ailleurs, sur le port de l'Ardoise, seul port fluvial de l'Occitanie, la Région va nous soutenir. On a eu l'accord de la tutelle de prolonger sa gestion pendant encore trois ans, et avec deux parcs régionaux d’activité économique autour (Marcel-Boîteux et Lavoisier, ndlr) on va recevoir des grandes entreprises, dont une dans le démantèlement d'avions et de bateaux. Le port va devenir un outil hyper important, on va y investir encore 500 000 euros, et en tout on aura mis 1,2 millions sur ma mandature. Pourtant, lorsque nous sommes arrivés il était voué à l'échec alors que c'est la porte d’entrée de la nouvelle région.

Au 1er janvier, Alès et Bagnols seront au même niveau avec une délégation. Alès passe de CCI à délégation et Bagnols est le grand gagnant en passant de relais à délégation. N’est-ce pas déshabiller Francis pour habiller Henry ?

Cela va être un rééquilibrage d'un territoire de Nîmes, Alès et Bagnols. Les nouveaux élus devront s'entendre pour que le département soit plus performant. On ne déshabille personne, on sera plutôt dans une réflexion sur un nouvel aménagement du territoire. Dans cette optique, on a essayé de faire un rapprochement entre les deux chambres pour créer une commission mais on n’y est jamais arrivés car Alès n'a jamais voulu participer. Le préfet, la direction régionale de la CCI l’ont demandé mais sans réponse. On aurait pu discuter avant, on a deux CFA sur le territoire. Pour les sauver, faudra se réunir.

Ce qui me gène beaucoup c'est qu'on va voter le budget 2017 le 20 octobre, et qu’Alès ne veut pas nous donner des informations sur le budget 2017. On sait qu’ils ont vendu leur siège et le Parc des Expositions, ils sont en difficultés. Nous on est dans une santé financière exceptionnelle, une santé de fer, mais aujourd’hui on est inquiets de ce qu'on va trouver en termes de gestion sur Alès.

Concrètement, que va changer cette délégation pour les entreprises du secteur bagnolais ? Est-ce que ça aura un impact sur l’emploi ?

Bagnols est le territoire qui propose le plus d'emploi avec 12% de chômage, c’est un bassin dynamique. Il y a 17% à de chômage à Alès, et 22% à Saint-Ambroix. C'est assez sinistré, il va falloir apporter plus de soin sur le bassin d’Alès qu’ailleurs. L’emploi va se développer sur Bagnols avec les entreprises qui vont venir s’implanter, il y a du foncier de disponible, le rail, la route et le fluvial.

« Je me battrai pour le CFA d’Alès »

Vous êtes le sortant : qu’est-ce qu’une réélection va apporter de plus à la CCI ? Vos détracteurs risquent de vous dire que rien ne vous empêchait d’appliquer depuis 2012 ce que vous préconisez aujourd’hui…

J'ai fait beaucoup de choses depuis 2012. Mon plan stratégique a été honoré à pratiquement 100 %, et on ne peut pas tout faire en même temps. Par ailleurs, je précise que je ne suis pas le seul sortant. Qu'est ce qu'il a fait le sortant à Alès ? Dans quel état on va retrouver la CCI d’Alès ? On est très inquiets. Nous on a 10 millions d’euros de fonds de roulement et pourtant on a donné 6,2 millions d’euros à l'Etat, avec une baisse des dotations de 50 %. On avait 5 millions d’euros de crédits, on a tout remboursé. Ici, trente personnes sont parties, mais avec un projet professionnel et un chèque à la clé. Quand les Toulousains vont voir qu'un apprenti coûte trois fois plus cher à Alès qu'à Nîmes, il faudra se défendre. On compte renforcer le pole alésien sur la filière mécanique. Je me battrai pour le CFA d’Alès, il ne faut pas qu’il disparaisse.

La rumeur dit que vous chercheriez à vendre le siège de la CCI rue de la République. Qu’en est-il ?

On ne touchera pas au 12 rue de la République, jamais. Personne ne m'a fait un courrier pour la vente du 12 Rue de la République. De Gaulle y est venu décorer de la Légion d'Honneur le premier président de l'après-guerre, c'est de ce lieu qu’on a décidé de restaurer le Pont du Gard, où on a crée l'aéroport de Nîmes. C'est au centre de Nîmes, l'économie a besoin de montrer sa force. 120 personnes viennent y travailler tous les jours, 4 à 6000 personnes viennent tous les mois. Ce serait une erreur monumentale pour le centre ville.

A propos de centre-ville, parlons commerce local. Les centres-villes souffrent que ce soit à Nîmes, Alès ou Bagnols. Qu’avez-vous mis en place sur ce point ces 4 dernières années ? Et que comptez-vous faire si vous êtes réélu ?

On va poursuivre le soutien des associations des commerçants. On a mis en place beaucoup de petites choses : le Fedebon, préférence commerce, des solutions pour sécuriser les commerces. La CCI n’avait jamais financé des commerçants, nous on l'a fait, en versant 400 000 euros sur des appels à projet sur de l'animation à Beaucaire, Uzès, Le Vigan, Nîmes, Vauvert, et on va continuer. Autre point : on a empêché l'installation de deux villages de marques à Fournès et Gallargues. Aujourd'hui, y a cette volonté de certains, nous on continuera de s'opposer. On et allés à Paris, au Conseil d’Etat, et on a sauvé les commerçants de ces secteurs. Et je suis allé à Toulouse visiter un village de marques, c'est nul et dépassé, notamment avec Internet. Ca ne fournit même pas les emplois, c'est une opération immobilière. On est contre car on défend les commerçants.

Vous avez décrié les Halles d’Alès qui seraient selon vous « catastrophiques ». Quelles sont vos marges de manœuvre pour les améliorer ?

Je ne les trouve pas terribles. Je pense qu'il faut prendre exemple sur Nîmes pour les aider à avoir un centre-ville attractif. Sans les Halles à Nîmes avec les travaux du le tram'bus, on aurait souffert. Et là, je dis chapeau au maire de Nîmes qui a investi pour les halles de Nîmes, qui est un poumon économique du centre-ville. J'ai vu que le maire d'Alès voulait développer le centre-ville, quand on sera élus, on sera auprès de Max Roustan. Les commerçants des Halles on les aime, il faut leur donner un outil digne de leur énergie.

« Aidez, filez un coup de main au lieu de critiquer ! »

Où en êtes-vous sur le projet du Parc de Jeu Vidéo ? Où comptez-vous trouver 180 millions d’euros ? Et vu qu’on est dans le domaine du jeu vidéo, n’est-ce pas un gadget ?

Les jeux vidéo, c'est devenu une association avec derrière notamment une école qui a 250 élèves. On a structuré, on a joué notre rôle en lançant l’idée, on a payé une étude de 100 000 euros, maintenant c'est à d’autres de prendre le relais. Les investisseurs privés sont prêts à venir à partir du moment où les collectivités écrivent une lettre d’intention. La Région, le Département et l’Agglo de Nîmes doivent aussi jouer leur partition. L'association l'a demandé. Pour l’heure, quelques élus, notamment le député Christian Assaf à Montpellier soutiennent ce projet. Ce ne sont pas des choses que l'on obtient du jour au lendemain. Quant à savoir si c’est un gadget, le président de la CCI de Toulouse n'a pas rigolé, il est intéressé. Ce projet, il faut le laisser grandir.

Vous y croyez toujours ?

Bien sûr. On a eu le sentiment qu'il fallait une association de filière pour porter le projet. Un projet comme celui là, dans le monde entier, ca n'existe pas. Il faut que tous on se batte pour l’installer ici. Au fond, mes vrais ennemis sont ceux ce qui ne croient pas au projet de développement économique du territoire. A ceux-là, je leur dis d’aider, de filer un coup de main au lieu de critiquer !

Comment se porte Formeum, le centre de formation professionnelle continue de la CCI de Nîmes ?

Formeum, quand on l'a trouvé en 2012, il était dans un état catastrophique, on a failli le fermer. On a fait un audit interne et on s'est rendu compte qu'il y avait des formations qui perdaient beaucoup d'argent, alors on a mutualisé les formations avec Montpellier. En 2014 on a commencé à la redresser, et en 2017 il sera à l'équilibre. A Alès ça ne leur coûte rien, car ils font zéro formation continue. S'il n'y a plus de formation continue, c'est la catastrophe, mais la gestion doit être saine. On va vers l'équilibre.

Vous allez élargir l’offre de Formeum ?

On met en place une école du digital, la promotion a démarré en septembre 2016. On va lancer des nouvelles formations autour du codage, et on veut aussi piloter la création de 5 Fablabs, des lieux de ressources et d'innovation pour les chefs d'entreprises qui n'ont pas d'outils à proximité. Pour que les entreprises puissent mettre des projets en commun.

Revenons sur le port de l’Ardoise : quel avenir pour ce port qui est stratégique pour le département ? Et quid de votre rôle sur le projet l’Ardoise Eco Fret ?

Quand on est arrivés, le port allait disparaître, car VNF ne voulait pas renouveler la convention. Le port avait une activité de 30 000 tonnes, aujourd’hui c’est 300 000 tonnes, on l’a équilibré et on va faire du bénéfice. On a fait pas mal de salons dans le nord de l'Europe et ont est allé chercher des nouveaux clients. On va faire encore 500 000 euros de travaux sur la grue qui était dangereuse. On investit car le fluvial, on est persuadés que c’est l’avenir. Concernant le projet L’Ardoise Eco Fret, il ne va pas prendre toute la friche d’Arcelor-Mittal, le premier acheteur est Ecoland. C’est un beau projet, on est à fond là dedans, c’est des emplois et du recyclage, c’est ce qu’on cherche.

Le 9 juin dernier nous vous proposions le Ring Economique de Francis Cabanat. Relire ici la partie "vision économique" de son interview.

Propos recueillis par Abdel Samari, Tony Duret et Thierry Allard

Thierry Allard

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