Sur les murs, les animaux et insectes magnifiés par l’écologue et illustrateurs Philippe Martin, et à côté les sculptures vivantes de son meilleur ami et invité Frédéric Jaulmes.

Des photos ? Non !

Les deux hommes, originaires de l’Hérault, proposent chacun leur vision de la nature : majestueuse dans les aquarelles et les images numériques de Philippe Martin, qui lui valent une renommée mondiale, et sensible et poétique dans les sculptures de Frédéric Jaulmes, qui abritent un véritable écosystème.

Commençons par les images numériques de Philippe Martin. Des photos ? Non ! Passionné de nature, illustrateur d’abord de la nature de son Midi bien-aimé pour lequel il signe un guide aux éditions Delachaux, Philippe Martin réfute le qualificatif de photographe. Certes, tout part non pas d’une, mais de plusieurs centaines de photos, mais l’image finale est composée de fragments de chacune d’entre elles. « Chaque image est composée de plusieurs centaines de photos floues, et c’est comme si je les scannais millimètre par millimètre », explique-t-il. Après plusieurs dizaines d’heures de travail par image, ça donne des portraits bluffants de précision, où chaque détail du sujet et du décor est impeccablement net.

Le tout « sans artifice de lumière et avec un objectif standard », insiste Philippe Martin, qui tient plus que tout à restituer les couleurs naturelles : « il ne faut surtout pas toucher à ce que l’univers nous donne. » De quoi redécouvrir autant la faune locale que de l’autre bout du monde, l’exposition proposant des oeuvres capturées dans le monde entier. Auteur de plus d’une quinzaine de livres vendus dans le monde entier, Philippe Martin expose à Villeneuve pour la première fois ses planches méditerranéennes, et la série sous-marine, qui fera l’objet d’un nouveau livre en septembre.

Une sculpture pour écosystème

Son ami Frédéric Jaulmes se présente quant à lui comme photographe professionnel. Artiste et passionné de la nature lui aussi, il déroule à Villeneuve son obsession pour les sphères. Après en avoir confectionné une en glace, il s’est lancé dans les sphères de terre et de liège, qu’il suspend à des installations de verre qui sortent d’images numériques représentant des décors imaginaires. Les sphères, véritables planètes miniatures, sont irriguées par un système ingénieux. Sans que Frédéric Jaulmes n’intervienne, elles se recouvrent de mousse, et des petites plantes poussent. « J’ai voulu voir ce qui allait se passer, je ne sème rien », précise-t-il.

Il en va de même pour sa série des « écrasés », où des sphères de terre recouvertes de vert écrasent des blocs de béton. « L’idée est de confronter la sphère au cube, la sphère de vie au cube de béton », décrypte l’artiste. Un système tout aussi ingénieux irrigue les sphères par l’intérieur, leur permettant de verdir et de développer « un véritable écosystème », dixit Frédéric Jaulmes. Et par la même occasion de délivrer un message : la nature reprend toujours ses droits.

« Hyper Nature », de Philippe Martin, et « Boules de vie » de Frédéric Jaulmes, sont à voir jusqu’au 24 juin à l’Abbaye St-André, dans l’enceinte du fort St-André de Villeneuve. Expositions comprises dans le prix d’entrée aux jardins l’Abbaye. Contact : 04 90 25 55 95.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com